Chapitre 5
Je savais que le bonheur n’était qu’un court instant entre deux moments de tristesse, mais je l’avais compris bien trop tard.
Après cette première journée, je saluai Julia et partais de l'atelier pour rentrer chez moi. Je marchais les mains dans les poches en repensant à tout ce qui s'était passé ces derniers jours. On m'avait embauché comme par magie dans l'entreprise qui me faisait tant rêver. J'avais une collègue qui m'avait laissé une superbe première impression. Je faisais un boulot qui me plaisait et on me laissait un peu plus de liberté pour la réalisation de mes créations. Après, il fallait suivre le thème à la lettre, mais cela offrait tellement de possibilités que s'en est presque impossible de ne pas réussir à trouver une idée en lien avec cet univers.
Je repassais à nouveau devant ce magnifique parc. Je pris la décision de m’installer sur un banc, puis ferma les yeux afin d’écouter le chant des oiseaux ainsi que la douce mélodie des feuilles caressées par la brise légère. Les paupières closes, j’absorbais chaque note, m'imprégnant de la sérénité qui émanait de cet endroit. C’était un tableau sonore où la nature composait une berceuse, m’offrant une évasion précieuse dans ce coin de paradis urbain. J’ouvris doucement les yeux et vis un enfant tranquillement en train de jouer au loin, son rire cristallin se mêlant à l’atmosphère paisible du parc me mit du baume au cœur. Ses gestes innocents semblaient créer une bulle de bonheur, dégageant une énergie contagieuse. Soudain je me sentis transporté dans un autre univers, celui où j’étais moi-même encore un simple bambin, je me sentais retomber en enfance et me surpris à rire involontairement, comme je le faisais autrefois dans le jardin. Ce souvenir me fit passer dans un état de nostalgie profond. C’était un instant simple, mais chargé d’une beauté authentique qui rappelait la joie pure des moments passés. Parfois il suffit d’un rire pour réveiller la part joyeuse enfouie en nous. Malheureusement il suffit aussi à nous plonger dans la mélancolie. Il était temps pour moi de quitter cet endroit afin de rentrer chez moi. Je me leva et continua la route, les mains dans les poches et les souvenirs pleins la tête. Laissant alors mon esprit vagabonder dans les décombres de ma mémoire, faisant défiler tel les pages d’un livre toutes sortes d'événements faisant partie de mon ancienne vie.
J'étais enfin arrivé chez moi dans mon petit appartement, où je vis seul. Après tout, c’était le cas depuis que j'avais quitté la maison pour poursuivre mes études. En quelque sorte, c'était de ma faute si je n'avais personne près de moi, mon choix, en tout cas c’était ce que ma famille pensait. Y repenser ne faisait qu'intensifier mon chagrin. J'essayais de me changer les idées, mais impossible. Je savais que j’avais encore beaucoup à régler avec moi-même avant de pouvoir enfin être en paix avec la personne que je suis. Lorsque que j’avais fini tout ce que j'avais à faire, je suis allé me coucher afin de me reposer, mais rien n'y faisait. Cette idée hantait mon esprit jusqu'à tard la nuit. Je savais très bien que ma famille m'en voulait pour les décisions que j’avais prises…
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