Chapitre 10

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Julia :

Mais qu'est-ce qui m'a pris de lui dire que j'étais disponible aussi vite… Il faudrait vraiment que j'apprenne à réfléchir avant de l’ouvrir. Maintenant, il doit sûrement penser que je suis facile, que je n'ai pas de vie à côté du travail, ou que sais-je encore. En même temps, j'attendais qu'il se lance enfin depuis tellement longtemps que je n'ai pas hésité une seule seconde. Ma bouche a parlé toute seule. Et puis, comment vais-je m'habiller pour une fête foraine ? Je me maquille ? Comment je me coiffe ? Dois-je m'épiler ? Tellement de choses à faire en si peu de temps… Tant pis, certaines choses attendront. Mais avant toute chose, j'ai besoin de me détendre.

Après un long bain bouillonnant, j'étais enfin prête pour me préparer. C'est vrai que j’aurais pu me dépêcher un minimum, j’aurais pu passer plus de temps à me maquiller, ou même tout simplement m'épiler. Après, pourquoi devrais-je me faire ? Il ne va rien se passer, si ? Pourquoi je me prends autant la tête, bon, au pire, je le fais, on verra très bien ce qu'il se passe ensuite. Ma pauvre Julia… Tu te prends tellement la tête, pensais-je tout en me regardant dans le miroir ovale de ma salle d’eau. Pour ma tenue, je n'avais pas plus réfléchi que ça. J'ai mis une jolie petite veste en similicuir, un débardeur rouge et un jean noir. Pas besoin d'en faire des tonnes, il suffit de rester naturelle, c’est ce que mon grand-père me disait et ce, tous les jours. Lorsque j'étais encore au lycée, je voulais absolument ce rouge à lèvres que toutes les filles avaient, il m'avait simplement répondu :

“Ma fille, tu n'as pas besoin de ça. Tes copines n'ont pas d'aussi jolis cheveux que les tiens pour mettre en valeur leurs minois. Alors que toi, tu es resplendissante et tu le seras toujours. Et n’oublie jamais ce que je vais te dire, tu resteras à jamais ma plus grande fierté.”

A chaque fois que je me remémore ces quelques paroles, j'ai les larmes qui ne manquent pas de couler. J'ai toujours eu honte d'avoir acheté ce rouge à lèvres dans son dos. En plus, il ne se mariait pas avec la couleur de mes cheveux, il devait sans doute s’en douter et ne voulait pas me décevoir. Mais au fond, je crois qu'il l'a toujours su, que j'ai fini par l'acheter. C'était comme un père pour moi et il savait tout en ce qui me concernait, c'était mon papa à moi… Voilà… J'ai fini par laisser s'échapper une petite larme. Ce n'est pas une honte de pleurer, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas. J'ai toujours voulu montrer une image de moi forte, dont rien ne pourrait blesser… Fichue fierté… Bon, je vais finir par être en retard, je réajuste mon maquillage et je file.

Après avoir enlevé le surplus de mascara qui avait légèrement coulé, je mis mes chaussures et passais devant la porte d'entrée. Je m'étais fait un ravissant chignon, mais me regardant dans le rétro intérieur de ma voiture, je décidais de me les détacher. Papi a toujours voulu que je sois fière de ce que mère nature m’a offert et surtout de celle que je suis.

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