Chapitre 11
J’aurais aimé que cet instant dure pour l’éternité.
En arrivant, je réalisa qu'il était 19 h 05, et moi qui espérais ne pas être en retard. J'avais beau regarder dans toutes les directions, en essayant bien sûr d'être le plus discret possible, je ne la voyais nulle part.
En attendant son arrivée, j'observai tout autour de moi ; les montagnes russes étaient horriblement hautes, rien qu'à l'idée de me retrouver dans un de ces wagons me rendait malade. Heureusement que la merveilleuse odeur des barbes à papa et des churros me faisait penser à autre chose, elles commençaient même à m'ouvrir l'appétit. Plus loin se trouvaient les autos-boxe, les manèges pour enfants ainsi que les pinces à peluches, auxquelles je n'ai jamais réussi à gagner quoi que ce soit. La lumière des stands et des manèges ainsi que les différentes musiques me mettaient des étoiles plein les yeux. Mais tout cela n'est rien à côté de la femme qui sera à mes côtés ce soir.
Au bout d'un certain temps, je commençai à croire qu'elle m'avait posé un lapin. Je sentis mon pou s'accélérer de plus en plus à chaque seconde qui s’écoulait. J’avais envie de croire que ce n’était qu’un simple retard ou bien un malentendu sur l'horaire. Mais au fond de moi, je savais que cette possibilité était mince, presque improbable. Un sentiment de désarroi s'installait lentement, laissant place à une vague de déception qui menaçait de submerger mes pensées. La pression qu’il s’était installé était bien trop écrasante. Tout se bousculait dans ma tête, il était sûrement temps pour moi de rentrer.
-Salut le nouveau ! tu ne m’as pas vu arriver ?
Elle m’appelait toujours par ce surnom, sans savoir que je rêvais d’entendre mon prénom sortir de ses magnifiques lèvres…
Toutes les sensations que j’avais pu éprouver s'étaient soudainement inversées, l'appréhension avait laissé place à l'espoir, la déception à la joie et la peur par l’amour. Ce tourbillon émotionnel m'avait pris au dépourvu, transformant chaque instant d'attente en une épreuve difficile à supporter, mais cela en valait la peine. Julia était incroyable. Elle portait un débardeur rouge simple, avec un jean slim noir et une veste en simili-cuir assortie à son pantalon. Mais par-dessous tout, elle avait décidé de détacher ses cheveux, ce qui laissait apparaître de longs et bouclés cheveux roux. Ce qui était surprenant, car je ne l'avais jamais vu coiffé de cette manière Ses lèvres étaient de la même couleur que son haut. Son maquillage sobre et délicat, mettait en valeur ses traits avec subtilité. Le crayon finement tracé ainsi que le mascara noir qu'elle avait utilisé faisait ressortir ces magnifiques yeux bleus. Dans cette simplicité maîtrisée, elle émanait une aura de séduction naturelle, captivant tous ceux qui croisaient son regard. Laissant place à une femme que je mourrais d’envie d’apprendre à connaitre.
-Bonsoir Julia. Tu es ravissante.
J'espérais au fond de moi paraître poli sans donner l'impression d'être insistant ou importun. Son sourire chaleureux en réponse et ses remerciements suggérait que mon comportement avait été bien reçu, dissipant ainsi l’intégralité de mes inquiétudes. Ce simple geste, accompagné de son sourire enchanteur, illuminait instantanément mon visage d'un bonheur sincère. Je n’eut pas le temps de la contempler davantage qu’elle me demanda ce que je voulais faire. N'ayant pas d'idées précises et désirant éviter d'imposer mes préférences, je suggérai timidement une balade dans les autos-tamponneuses ; ce qu'elle accepta avec joie. On se rentrait l'un dans l'autre sans faire attention autour de nous tel des enfants. C'était un moment plus qu'incroyable. À plusieurs reprises, nous avons échangé des regards pleins de complicité. Ces quelques tours d'auto-tamponneuses m'avaient fait oublier tout ce qui pouvait me rendre malheureux, je savais que ce n'était pas le manège étant la cause de ce changement, mais bel et bien la présence de Julia. Quand nous en avions eu assez, nous sommes allés vers les fameuses machines à pinces, en ayant l'espoir de pouvoir attraper l'une de ces étranges petites créatures, dont beaucoup de filles sont friandes. Je n'avais jamais vu le film dans lequel apparaissait ce petit monstre, mais il est vrai qu'il possède une image attachante,et de ce que Julia m'avait raconté, cette petite bête ne demandait qu'à appartenir à une famille, en reniant ses instincts destructeurs dont le savant fou l'avait doté. Drôle de scénario, je trouve, enfin les goûts et les couleurs… Julia étant une grande nostalgique des dessins animés de son enfance, désirait plus que tout ce mignon petit personnage, étant son personnage préféré de tout univers confondu des films Disney.
-Tu penses qu'on va réussir à l'attraper ?
-Vu l'argent que j'ai mis dans cette machine, j'espère bien ! dis-je en rigolant. Mais ne t'inquiète pas, tu rentreras avec cette boule de poil bleu, je te le promets.
À la fin de ma phrase, Julia me laissa un doux baiser sur la joue, ce qui m'encouragea à continuer et à enfin gagner ce doudou débile ! Actuellement elle me coûtait plus cher que si je la lui avais achetée directement, mais c'était le geste qui comptait. Après vingt-six euros supplémentaires, je réussis enfin à remporter cet idiot d'animal en peluche ou ce je ne sais pas vraiment quoi, mais j'ai attrapé cette foutue bestiole ! Son geste soudain de l'enlacer dans ses bras me prit par surprise, mais la chaleur de son étreinte et le bonheur éclatant dans ses yeux, me remplirent d'une douce chaleur. C'était un instant de connexion spontanée, où les mots n'étaient pas nécessaires pour exprimer la complicité et la joie partagée. Puis Julia proposa une autre activité que je n'osais refuser. Malgré mes appréhensions, je me laissai guider par son enthousiasme contagieux vers les montagnes russes. Rien que le simple contact avec sa main me donnait le courage nécessaire pour suivre son invitation. Mais les cris et les rires de Julia lors de l’attraction me faisaient dire que j’avais fait le bon choix. Et puis ce n’était pas si terrible que ça, s’en était même plaisant. En sortant du wagon j’avais l'estomac dans les talons, mais j'essayais de ne rien laisser paraître, ce qui, j'espère fonctionna.
-Je pense qu'il est temps de rentrer chez nous. On commence tôt demain, et on sait très bien qu'il ne faut jamais arriver en retard, sauf si l'on veut voir notre carrière dans la mode détruite par Mme. Alice.
Je ne savais pas que la patronne avait comme habitude de salir la réputation de ses employés au moindre faux pas. Parfois, je me demandais si Julia n'en faisait pas trop, vis-à-vis d’elle ; Mme. Alice est toujours si gentille avec moi.
-Je comprends parfaitement. Est-ce que tu voudrais que je te raccompagne chez toi ? Les rues ne sont pas sûres le soir.
Julia avait l'air de réfléchir avant de dire :
-J'avoue que j'ai un peu peur de rentrer seule après cette heure.
Je fus soulagé que Julia accepte ma compagnie et je me sentis reconnaissant que cette soirée se soit déroulée si agréablement. Sur le chemin nous avions parlé de tout un tas de sujets divers et variés, Julia possède vraiment une belle âme. Arrivée devant sa porte, elle me fit la bise et me salua simplement. Pour être tout à fait honnête, je ressentis une grande déception que nous ne nous soyons pas embrassés, mais je gardais espoir. Car au fond de moi, au cours de cette soirée, j'ai réalisé que mes sentiments pour elle étaient bien réels.
J’ai repris la route, tout en me remémorant toute la soirée dans les moindres détails, ce qui me facilita l'accès aux bras de Morphée lorsque que je m’étais enfin glissé dans mon lit.
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