Chapitre 14
Julia : Le lendemain de la fête foraine.
Eh bien, ma pauvre Julia, la nuit était courte. Depuis quand ça ne t'est pas arrivé de ne pas réussir à dormir pour un garçon. Au moins depuis le lycée… Tu as des poches immenses sous tes petits yeux bleus. Il fallait absolument que j’arrange ça, je ne pouvais pas revoir Olivier dans cet état. Au moins j’avais tout le temps dont j’avais besoin devant moi, c’est ça tomber amoureuse d’un homme qu’on ne connaît à peine, se coucher tard, se lever tôt… Attends ! Je l’ai dit ! Je suis amoureuse d’Olivier ? C’était logique, mais je n’ai jamais réussi à assumer ce genre de sentiments en si peu de temps. Il fallait bien se l’avouer, il était craquant. J’ai toujours eu un faible pour les hommes aux cheveux bruns.
Il fallait absolument que je me prépare et que j’arrange ce désastre qu’est mon visage. J’espère qu’un coup de correcteur ferra l’affaire… Je ne voulais pas trop traîner, essayer de partir en avance pour une fois. Peut-être qu’Olivier le remarquera.
Comme à mon habitude, avant de sortir de chez moi, je me regarda dans le miroir de l’entrée.
-Ça devrait le faire, t’as géré ma vieille !
Puis quitta mon appartement. J’étais suffisamment en avance pour rendre visite à mes grands-parents. Je crois que je suis bien la seule qui se rend au cimetière tous les matins, mais j’en ai besoin. Je n’ai jamais accepté leurs morts. Je l’ai vécu comme un abandon, alors que ce ne sont pas leurs fautes… Je le sais très bien, mais j’en souffre terriblement. Ils me manquent.
Je n’étais plus très loin du cimetière, j’avais beaucoup de chance qu’il soit si près de chez moi. Ils m’ont toujours suivi, peu importe où j’allais. Lorsque j’ai commencé mes études pour devenir styliste, ils ont vendu leurs maisons pour qu’on puisse louer un appartement ici. Ils savaient à quel point ça me tenait à cœur de les avoir près de moi. En arrivant à la tombe de mes grands-parents je m’installa et commença à leur parler.
-Bonjour… Chaque jour sans vous est un supplice, vous me manquez à chaque instant et il ne se passe pas une journée sans que je pense à vous. Mais j’ai rencontré un garçon, il t’aurait plu papi. Il s’appelle Olivier, on travaille ensemble. J’aurais aimé que vous puissiez le rencontrer car je crois que c’est bien le premier homme que j’ai aimé de manière aussi intense. Le pire c’est que je n’arrive pas à savoir si il ressent la même chose que moi… Si seulement vous étiez encore là pour m’aider et me donner vos précieux conseils.
Je nettoyais rapidement les tombes, retirais les fleurs desséché avant de leur dire au revoir.
-A demain, je vous aime.
Si je me dépêchais, je pourrais encore arriver avant Olivier, de toute manière je ne suis qu’à six petites minutes de marche. Il me fallait une musique me permettant de me faire penser à autre chose que mes grands parents, quelque chose s'entrainant, un peu comme du ACDC ou bien du Eminem. J’ai toujours énormément de mal à retenir mes larmes après mon passage. Et je n’aimerai pas que mes collègues ou bien encore la patronne voit dans quel état je suis. C’est aussi pour ça que je traîne un maximum avant de me rendre à mon poste, retardant au maximum le moment où je devrais affronter le regard des autres.
Je rentrais dans la boutique puis soudain j’entendis :
-Bonjour, je me présente. Lia, la nouvelle secrétaire de Mme Alice. Que puis-je faire pour vous ?
-Euh… Je travaille ici.
-Oh super, vous devez être Julia. C’est étrange, la patronne m’avait prévenu que vous viendriez in extremis. Ravie de voir que ce n’est pas le cas. Enfin bref, je suis chargée de vous dire que Mme Alice ne sera pas présente durant ces prochains jours, mais elle m'a demandé de vous préciser que cela n'est pas une raison pour être en retard.
-D’accord merci.
-Bonne journée !
-Merci à vous aussi.
Je me rendis à mon atelier et fut heureuse de voir qu’Olivier n’y était pas encore. Je trouvais vraiment l’attitude de cette secrétaire étrange… À peine avais-je terminé le fil de mes pensées que j'entendis des bruits de pas, sans aucun doute ceux d'Olivier. Je vis la porte s’ouvrir, dont l'entrebâillement laissait apercevoir le visage angélique de l’homme dont je suis follement amoureuse. Son sourire chaleureux et ses doux yeux me donnaient aussitôt un sentiment de réconfort et d'apaisement. Mon cœur s'emballa à sa vue, comme s'il voulait s'échapper de ma poitrine pour voler vers lui. Un frisson parcouru tout mon corps en un rien de temps, tandis que je me perdais dans son regard. Il me paraissait assez gêné, je me demandais ce qu’il avait derrière la tête. Peut-être qu’il regrettait cette soirée avec moi. Je voulais le saluer mais il ne me laissa pas le temps d’entreprendre quoi que ce soit.
-Tu sais j’ai vraiment passé une excellente soirée en ta compagnie. Tu étais magnifique, tu l’es encore plus aujourd’hui.
Qu’est-ce que je suis censé répondre à ça, est ce qu’il essayait de me dire ce qu’il ressentait pour moi ? Trop de questions se bousculèrent dans mon esprit, il n’y avait pas de bonne réponse qui existait. Mais on m’avait toujours dit que les actes avaient bien plus de valeurs que les paroles. C’était peut-être le moment. Il fallait que j’essaye, au pire il se passe quoi ? Il me rejette… Ce sera dur, mais ça en vaut la peine, je suis forte, je m’en remettrai. Est ce que je m’en remettrai vraiment ? Arrête de te poser des questions futiles, fait ce que t’as toujours fait, agit et réfléchit après ! Je m'avança doucement vers lui tout en le regardant dans ses beaux yeux émeraude. Chaque pas était chargé d’une intensité palpable, mais il fallait que j’aille jusqu’au bout, pour éviter tout remord. Je sentis soudain les bras musclés d’Olivier m’attirer vers lui et me serrer avec une tendresse que je ne pensais pas possible. Son étreinte était réconfortante, apaisante, comme si tout le tumulte de mes émotions se dissipait dans ses bras. Je m'abandonnai à ce moment de douceur, sachant que c'était là où je devais être, même si cela signifiait affronter l'incertitude et les risques. Je ferma les yeux et sentis les lèvres d’Olivier se rapprocher dangereusement des miennes jusqu'à ce que le moment que j’attendais tant se produisit. Se baiser tendre et passionné créa en moi toute sorte de sensation que je ne saurais expliquer. Le temps semblait suspendu, chaque instant gravé dans ma mémoire comme un éclat d'éternité.
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