Chapitre 20

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Julia :

Et si Olivier se rendait compte de qui j’étais vraiment, une paumé, rien de plus… Et si il ne voulait plus de moi après ça ? Mon père ne voulait pas de moi et ma mère… Ma mère est morte par ma faute. Et si il apprenait tout ça ? Si il apprenait réellement pourquoi j’ai été élevé par mes grands-parents ?

Tout commença lorsque j’étais encore une toute petite fille, je faisais de la danse classique tous les mercredis, avec le tutu, les ballerines et tout ce qui allait avec. C’était mon rêve d’être un jour danseuse étoile. En général c’était mon papi qui venait me récupérer après chaque entrainement, mais cette fois ci, pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, c’était ma mère qui est venu me chercher.Il m'arrive parfois de revivre cette scène avec une clarté étonnante. Et je suis condamné à me souvenir de ce jour pour l’éternité…

Je sortais du complexe sportif et me retrouva nez à nez avec ma mère.

-Alors tu es contente de voir ta maman ma choupinette ? dit-elle en me donnant la main.

L’enfant difficile qui était en moi ne lui avait rien répondu, j’étais en colère contre elle de n’être jamais là, j’étais en colère contre moi même de l’aimer autant. Je n’avais aucunement envie d’aller chez elle, à cette époque-là, ma maison était déjà celle de mes grands-parents.

Nous étions sur le point de traverser lorsque le feu passa au rouge. Je m’arrêta net alors que ma mère voulait continuer la route.

-Allez viens ma chérie.

-Non !

-Je te dis de venir alors tu viens !

Me voyant décidé à ne pas bouger elle décida de commencer à traverser tout en disant :

-Tu vois c’est exactement pour ça que ton père…

Mais elle n'eut le temps de terminer ce qu’elle disait qu’une voiture lui passa dessus. Je n’ai pas bougé, je n’ai pas pleuré, je ne savais pas quoi faire, je n’étais qu’une enfant, mais le plus malheureux dans l’histoire c’est que je n’avais pas besoin d’entendre la fin sa phrase, je savais parfaitement ce qu’elle allait dire.

Même vingt ans après, je n'arrive plus à danser comme je le faisais étant enfant.

Je regardai une dernière fois mon téléphone, espérant avoir des nouvelles d’Olivier, mais certainement pas à cette heure-ci. J’essayais tant bien que mal de fermer les yeux mais rien à faire. Je ne pouvais m’empêcher de voir ma mère se faire écraser encore et encore tandis que moi je restais figé. Tout ce qui arrivait à m’aider ne serait-ce qu’un minimum c’était créer, que ce soit par le piano, la mode ou encore l’écriture. Je savais bien que je ne dormirais plus, du moins plus cette nuit. Je sortis mon ordinateur portable et me mit à continuer ma nouvelle qui s'intitulait “Trafic d’espoir”. J’aimais écrire des histoires tristes contrairement à ce qu’on pourrait penser en me voyant. Pour moi il y avait mille fois plus d'intérêt à écrire et à lire un roman qui se finit mal, c’était plus réaliste. Je préfère largement décrire la mort de mes protagonistes plutôt que d’écrire une fin à la “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. Je n’étais peut-être pas normale mais c’était ma façon de penser.

Je commençais à peine à taper les premiers mots sur mon clavier que j’entendis la sonnette retentir. Je posai mon ordinateur sur mon lit et me levai tout en me demandant qui cela pouvait bien être à une heure aussi tardive.

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