Chapitre 21

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Tu lui ressemblais tellement…

-Olivier ! C’est moi Emy.

Emy ? Elle a tellement changé, elle s’est transformé en une ravissante jeune femme. Son sourire éclatant me ramène des années en arrière, à l'époque où nous étions inséparables. Pourtant, quelque chose dans son regard semble différent, plus mature, peut-être même un peu triste. Je la dévisage un instant, cherchant à percer le mystère qui se cache derrière ses yeux brillants.

-Tu ne me reconnais pas ?

-Si bien sûr que si. Tu as juste tellement…

-Grandi, dit-elle en me rapprochant de moi pour me prendre dans ses bras.

Cela faisait des années que je n’avais pas vu ma soeur et encore plus que nous nous étions pas entrelacés. Cela me fit une sensation étrange que je n’arrivais pas à expliquer. J’étais heureux de la voir, mais pourquoi ? Pourquoi était-elle ici ? Et aussi comment à-t-elle réussi à trouver où est-ce que j’habitais ?

-Tu veux rentrer ?

-Pourquoi je serai ici sinon ?

Elle a parfaitement raison, cette situation me rendait tellement perplexe, je n’arrivais même plus à réfléchir correctement. Les souvenirs de notre enfances refont surface, mêlés à une certaine appréhension concernant sa présence soudaine. Que pouvait-elle bien vouloir après toutes ces années ? Je me sentais partagé entre la curiosité et la méfiance. Après tout, il s'était passé tellement de choses depuis que nous avions perdu contact. Mais malgré mes doutes, une part de moi était intriguée par cette visite impromptue. Sans vraiment savoir pourquoi, j'ai ouvert la porte.

-Emy, ça fait tellement longtemps depuis que… balbutiai-je, surpris.

-D’ailleurs je me demandais comment tu as fais pour trouver mon adresse ? Ca y est tu es devenu une gourou en informatique ?

-Non Olivier, dit-elle tout en se mettant à rire, tu partage tout le temps ta géolocalisation sur snap. Tu ne sais pas à quel point c’est dangereux ?

-Si mais y’a que les amis qui peuvent la voir, d’ailleurs je ne t’ai même pas ajouté…

-Et si mon vieux, tu as accepté la demande d’amis de l_paris152, sans te demander qui cela pouvait-être.

-Si justement, j’étais curieux de savoir qui c’était.

-Eh bien maintenant tu le sais.

Elle esquissa un sourire timide, presque hésitant.

-Oui, Olivier, je sais que c'est soudain, mais j'avais vraiment besoin de te parler.

Je l'invita à entrer et lui indiqua où poser ses affaire, mélangeant dans ma tête les souvenirs joyeux de notre enfance avec le flot d'émotions plus complexes qui émergeaient à cet instant précis. Que pouvait-elle bien avoir à me dire après toutes ces années de silence ? Nous nous étions installé dans la cuisine et par réflexe lui servit par réflexe un”bébé vert”, un mélange de lait et de sirop menthe qu’elle adorait lorsque nous étions petite, j’avais pour habitude de lui en préparer tous les soirs après l’école quand nous étions seul à la maison et apparemment ça ne m’a jamais quitté. Cela lui plaisait toujours autant. Elle accepta le verre avec un léger sourire de gratitude, et je pus voir dans ses yeux une lueur de nostalgie mêlée à une certaine tristesse.

-Merci, Olivier. C'est gentil de te souvenir, dit-elle doucement, ses doigts effleurant délicatement le rebord du verre.

Un silence inconfortable s'installa entre nous alors que je cherchais désespérément quelque chose à dire pour briser la glace. Finalement, ce fut Emy qui prit la parole, ses mots empreints d'une émotion contenue.

-Papa et maman ne vont pas bien en ce moment…

-Emy tu peux me parler de notre mère autant que tu veux mais pas de ton père, pas ici et surtout pas devant moi.

-Tu peux pas le renier, c’est ton père.

-Plus depuis que j’ai passé la porte de la maison ! Tu ne ressemble juste pas physiquement à maman, tu parles comme elle, toi aussi tu n’arrive pas à voir le mal qu’il m’a fait ! Je ne suis pas parti pour rien ou sur un coup de tête. J’ai travaillé et maintenant je travaille pour une boutique de mode très réputée, je suis devenu styliste. Mais surtout, je suis parti pour me protéger, pour trouver un endroit où je me sentais en sécurité, où je pouvais enfin être moi-même sans craindre le jugement ou la critique.

-Tu travail dans une boutique ? Maman sera tellement fière de toi.

-Et papa ne le sera pas, tu ne t’en ai même pas rendu compte, mais tu as piégé l’hypocrite que tu es.

Emy poussa un soupir, une lueur de tristesse dans ses yeux.

-Tu as raison sur ce point. Papa n'apprécierait probablement pas cette merveilleuse nouvelle.

Je me sentis mal à l'aise, réalisant que j'avais touché une corde sensible.

-Je suis désolé, Emy. Je ne voulais pas te faire de peine.

Elle secoua la tête.

-Ce n'est pas de ta faute, Olivier. C'est juste que... Les choses ont été compliquées depuis que tu es parti.

Je m'approchai d'elle, posant une main sur son épaule pour lui montrer mon soutien.

-Je suis là maintenant, Emy. Et je suis fier de toi, je l’ai toujours été.

Un faible sourire se dessina sur son visage.

-Merci, Olivier. C'est vraiment réconfortant de t'entendre dire ça.

Nous discutâmes longtemps, aussi longtemps qu’il fallait pour qu’un frère et une sœur rattrapent le temps perdu. La soirée passa rapidement dans une atmosphère à la fois nostalgique et chaleureuse. Emy et moi avons évoqué des souvenirs d'enfance, partageant des rires et même quelques larmes. C'était comme si nous retrouvions cette complicité que nous avions autrefois. Malgré nos différences et les épreuves que nous avions traversées, une certaine affection fraternelle continuait de nous lier. Finalement, alors que la nuit avançait, Emy se leva pour partir. Je l'accompagnai jusqu'à la porte, où nous échangèrent un dernier regard empreint de tendresse.

-Merci, Olivier, dit-elle doucement, ses yeux brillant d'une lueur reconnaissante. C'était vraiment ce dont j'avais besoin.

-De rien, Emy, répondis-je sincèrement. N'oublie pas que je suis là pour toi, peu importe ce qui se passe.

-Tu passera nous voir ?

-Non Emy, je suis désolée. Mais ma porte t’est grande ouverte.

Elle hocha la tête, puis me serra dans ses bras. C'était un geste simple mais chargé de sens, comme si nous nous promettions mutuellement que rien ne pourrait briser le lien qui nous unissait désormais. Elle me tendit un sac sans rien dire, je le pose sur le pas de ma porte afin de la prendre une dernière fois dans mes bras et quand le moment fut fini elle se tourna, prenant ainsi sa route. Je me retrouvai seul dans mon appartement, le cœur rempli d'un mélange d'émotions. Bien que notre rencontre ait été inattendue, elle avait apporté une sorte de paix intérieure, comme si retrouver ma sœur avait comblé un vide que je n'avais même pas réalisé être là. Je me suis installé dans mon fauteuil, laissant mes pensées vagabonder, reconnaissant pour cette soirée mémorable et les liens familiaux renforcés. Et tandis que je m'endormais lentement, je savais que cette nouvelle connexion avec Emy était le début d'un nouveau chapitre dans nos vies, un chapitre rempli d'espoir et de réconciliation. Mais soudain je me suis souvenu de ce mystérieux sac, en temps normal j’étais beaucoup trop curieux pour ne pas ouvrir un sac dès qu’on me l’offre, mais j’avais autre chose à penser avant de faire quoique ce soit. J’ouvris le sac que j’avais laissé près de la porte d’entrée et ce qui s’y trouvait à l'intérieur me fit instantanément pleurer, c’était Suzie, la fameuse Suzie, dans la robe que je lui avais confectionnée il y a presque 20 ans. Je ne pouvais plus tenir, les émotions étaient bien trop puissante pour que je puisse les garder pour moi et de simples larmes se transformaient en torrent de sanglots incontrôlables. Mes genoux fléchirent sous le poids de l'émotion et je m'effondrai sur le sol, serrant Suzie contre moi comme si ma vie en dépendait. Les larmes continuèrent de couler, libérant des années de chagrin et de nostalgie accumulées. C'était comme si chaque point de couture de la robe portait le poids de nos souvenirs communs, et en la tenant dans mes mains, je retrouvais un morceau de moi-même que j'avais cru perdu à jamais. Essuyant mes larmes, je pris une profonde inspiration, déterminée à honorer la mémoire de nos souvenirs passés et à chérir chaque instant précieux que la vie m'offrait. Car même si Emy et moi avions pris des chemins différents, nous serions toujours frère et sœur et ce, quoiqu’il arrive. Emy m’avait fait la plus belle preuve d’amour fraternel en gardant cette robe durant toutes ces années.

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