Chapitre 23
Julia :
Je m’inquiétais de savoir qui cela pouvait bien être, je regardai donc par le judas de ma porte et à ma grande surprise, aperçu Olivier. Je m’empressa d’ouvrir la porte me demandant bien ce qu’il pouvait se passer pour qu’il vienne sonner à ma porte à trois heures du matin.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? ai-je demandé, cherchant des réponses à travers son regard.
Il n'a pas répondu à ma question, mais m'a simplement offert un bref baiser, laissant planer le mystère sur sa visite impromptue. Je me suis retrouvé là, sous le halo de la lumière de la porte, figé dans l'incertitude de cette rencontre nocturne. Le baiser furtif qu'Olivier m'avait donné avait laissé sur mes lèvres un frisson d'étonnement mêlé de désir et de confusion. Son regard semblait trahir une multitude d'émotions qu'il ne pouvait pas exprimer verbalement.
-Olivier, que se passe-t-il ? ai-je insisté, ma voix marquée par l'urgence et l'incompréhension.
-Je t’aime, voilà tout. a-t-il murmuré, sa voix à peine audible dans le calme de la nuit. Je ne peux plus passer une seule seconde loin de toi, tu es celle avec qui tout va bien. Julia, tu as fait de moi une personne meilleure.
Cette déclaration a amplifié mon trouble. Pourquoi maintenant ? Pourquoi à cette heure-ci ? Des questions tournoyaient dans ma tête, mais je n'osais pas les formuler à voix haute, de peur de rompre le charme fragile qui enveloppait ce moment.
Viens avec moi, a-t-il ajouté, sa main cherchant la mienne avec une tendresse palpable.
J'ai hésité un instant, luttant contre mes propres doutes et appréhensions. Mais quelque chose dans le regard d'Olivier m'a convaincu de lui faire confiance, au moins pour l'instant. Alors, sans un mot de plus, j'ai attrapé sa main et je me suis laissé entraîner dans l'inconnu, avec pour seule certitude le lien qui nous unissait, mystérieux et inébranlable. Je n’étais même pas en tenue pour sortir, j’étais en jogging rose Puma avec un débardeur blanc, voir même légèrement transparent. Je ne voulais pas le faire attendre et enfila donc précipitamment la première veste que j’avais sous la main, pris mes clés et ferma la porte à double tour. En voyant qu’Olivier n’avait qu’un seul casque je compris que venir me chercher n’étais pas au programme.
-Prends mon casque.
-Et toi ?
-Prends le, je ne supporterai pas qu’il t’arrive quoique ce soit.
J’enfilais ce casque sans y réfléchir plus longtemps. Je voulais vraiment savoir où est ce qu’on allait, mais quelque chose en moi ne voulait pas que je lui demande, comme si il fallait que j’ai entièrement confiance en lui. Je m’inquiètais énormément pour Olivier qui se retrouvait sans protection, une vision de ma mère me revins à l’esprit. Je serais d’autant plus fort Olivier par la peur qu’il lui arrive quoique ce soit. J’étais d’autant plus attentive à ce qui se passait sur la route. Ce traumatisme causé par la mort de ma mère ne me quittait que très rarement, me donnant la sensation de ne jamais être en sécurité. Chaque jour, je luttait contre les souvenirs douloureux et les peurs qui les accompagnaient, mais parfois, ils me submergeaient, m'empêchant de trouver la paix intérieure. J’avais fait la maligne en demandant à Olivier si je pouvais un jour conduire sa moto, je savais très bien que je ne passerais jamais le permis moto, déjà que je n’ai même pas celui pour la voiture. C'était juste une façon pour moi de me sentir un peu plus libre, un peu plus audacieuse, même si je savais que mes peurs irrationnelles m'empêcheraient probablement de franchir le pas. Peut-être qu'un jour, avec son soutien, j'aurais le courage de surmonter mes peurs et d'affronter mes démons intérieurs. En attendant, je me contentais de savourer l'instant présent, reconnaissante d'avoir quelqu'un comme Olivier à mes côtés. Chaque virage qu’il empruntait me poussait à le serrer encore plus fort. Puis il comprit que je n’étais pas bien et ralentissait. Finalement le trajet était assez court et nous nous sommes retrouvés devant un grand immeuble.
-C’est chez toi ? demandais-je ne comprenant pas vraiment pourquoi.
-Oui, je sais qu’il est tard, si tu veux rentrer je comprendrais, mais j’ai une petite surprise pour toi et je m’étais dis que si tu le souhaites, tu pourrais passer la nuit avec moi. Même si je comprendrais parfaitement si tu ne le veux pas. Excuse moi pour tout ça…
-J’étais encore debout.
-Quoi ?
-J’étais encore debout que je t’ai entendu sonné, tu ne m’as pas dérangé. Bon c’est sûr que si j’étais en train de dormir, je n’aurais jamais réagis comme ça, j’aurais pété une pile. dis-je en rigolant. Mais je serais ravie de passer cette nuit avec toi.
Nous montions les marches des escaliers et je vis pour la première fois l’endroit où vivait Olivier. J’aimais beaucoup, certe c’était encore plus petit que chez moi, mais je me serais très bien vu vivre ici. Tout à gauche il y avait la chambre, au centre un canapé et un fauteuil qui je suppose, faisait guise de salon et une toute petite cuisine, dont la vaisselle n’avait pas été faite. Ce qui me fait me poser la question suivante, y avait-il quelqu’un avec lui aujourd’hui ? Il y avait plusieurs verres sale et je ne pense pas qu’il soit du style à procrastiner. Il fallait que je lui pose la question.
-Est-ce qu'il y avait quelqu’un avec toi aujourd’hui ?
-Comment le sais tu ?
-Tu as beaucoup trop de vaisselle sale pour une seule personne et puis tu débarques chez moi à trois heures du matin. Maintenant que je suis venue, tu veux bien me dire ce qu’il se passe ?
-Je n’ai pas réellement envie d’en parler, pas maintenant… dit-il avec le regard d’un homme blessé.
-Ecoute Olivier, je t’ai suivie en plein milieu de la nuit, certain diront que je suis totalement folle. Mais j’ai eu une confiance aveugle en toi, maintenant c’est à toi de me rendre l’appareil. Dit moi ce qu’il ne va pas.
-C’est ma sœur, elle est venue me rendre visite.
-Mais c’est extraordinaire.
-Non Julia ! Elle m’a rappelé à quel point la maison me manquait, à tout le temps que j’ai perdu et surtout à mon père. Tu aurais dû la voir, elle ressemble tellement à ma mère, mais à ses yeux, j’avais l’impression que mon père me regardait.
-Et il y a quoi de mal là dedans ?
-Julia, il est tard pour discuter de tout ce qui s’est passé. Je n’ai plus vraiment envie de penser au passé.
-Je comprends, lui dis-je avant de lui laisser un baiser sur sa joue. Tu reverras ta soeur ?
-Je ne sais pas… J’aimerais vraiment, mais je n'en ai pas le courage.
-Laisse toi la nuit pour réfléchir, enfin elle sera beaucoup trop courte. Laisse-toi le temps qu’il te faut, pour l’instant c’est trop tôt pour que tu puisses prendre une décision.
-Tu as raison, merci d’être là. dis-je en l’embrassant aussi tendrement que nos autres baisers.
A la fin de nos embrassades, Olivier décida de me montrer ce qu’il m’avait préparé. Mon cœur battait d'excitation alors qu'il sortait le cadeau de son sac. Même avant d'en voir le contenu, je pouvais sentir mon sourire s'élargir, anticipant avec impatience ce qu'il avait choisi pour moi. En premier, il me tendit le livre que je désirais tant, et je le pris avec émerveillement, sentant déjà l'excitation monter en moi à l'idée de plonger dans ses pages. Puis, il sortit l’album des Enfoirés, mes yeux s'illuminèrent de joie en reconnaissant la pochette familière. C'était le cadeau parfait, un geste attentionné qui reflétait à quel point Olivier me connaissait bien.
-Tu t’es souvenus de tout ça ? Tu sais il ne fallait vraiment pas.
-Il reste encore quelque chose, regarde.
Je vis la merveilleuse peluche renard qu’Olivier me tendit, je la trouvais incroyablement mignonne, mais je me demandais le lien avec tout le reste. Je ne lui avais jamais parlé de renard ou autre, alors que tout le reste était en lien avec des choses que je lui avais dis aimer. Je le remercia avec un baiser, sentant une vague de bonheur m'envahir alors que je contemplais les présents qu'il avait soigneusement choisis pour moi. Ces petits gestes d'affection me rappelaient à quel point j'étais chanceuse de l'avoir dans ma vie.
-Je ne savais pas si le renard te plairait, il m’a juste fait penser à toi.
-Il me plait énormément. Et comment ça, tu trouves que je ressemble à un renard ? dis-je en plaisantant.
-Non pas du tout, c’est juste que tu es rousse et ça peut paraître idiot mais ça m’a fait penser à toi tout comme les champs de blé… et… Oublie c’est pas important.
-Comme les champs de blé rappelle au renard, les cheveux dorés du Petit Prince.
Nous nous sommes regardé un instant avant que nos lèvres touchent celles de l’autre. Dans un élan d'excitation nous nous dirigeâmes vers le lit. La tension ne faisait qu’augmenter. Nos cœurs battaient à l'unisson alors que nous nous laissions emporter par nos désirs. Nos mains se cherchaient avec urgence, explorant chaque parcelle de peau nue avec une passion dévorante. Nos souffles se mêlaient dans une danse enivrante, chaque caresse, chaque contact, faisait naître des en moi des frissons. Je n’avais jamais connu tout cela avant Olivier, il était le seul avec qui le mot désir rimait avec plaisir. C’était le seul homme avec qui j’arrivais à me lâcher, je n’avais pas besoin de réfléchir ou autre, je me consacrais simplement au moment savourant chaque instant passé avec lui comme si c'était le dernier. Dans ses bras, je me sentais en sécurité, aimée et désirée, sans aucune inhibition ni peur du lendemain. Lorsque que nous avions fini, il resta un moment, où nous partagions quelques caresses, beaucoup de douceur et de nombreux murmures finissant par “Je t’aime”, avant de nous endormir dans les bras l’un de l’autre.
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