Chapitre 28

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J’étais prêt à oublier.

J’étais peut-être un peu froid avec Julia. J’avais peur qu’elle me dise que c’était une bonne idée et que je ne veuille plus le faire. Pourquoi fallait-il que je me comporte encore comme un enfant… J’ai 26 ans merde ! Je n’étais pas l’homme dont elle avait parlé aujourd’hui, je ne le saurais jamais. Elle était parfaite et moi… J’étais le plus gros des boulets. En rentrant chez moi, je vis le lit qu’on avait mis toute la nuit à défaire. J’aimerais tellement qu’elle soit avec moi. Mais je devais d’abord régler une affaire avant de pouvoir la revoir. Sinon je n’arriverais jamais à avancer dans ma vie. Pour une fois que tout se passait bien avec une femme et qu’en plus je l’aimais, je n’avais pas le droit de tout gâcher. Je savais bien que j’allais pleurer en voyant les prix des trains, sans oublier qu’il fallait compter le double pour l'aller-retour ainsi qu’un taxi ou encore un bus pour pouvoir me rendre à ma destination finale. Je réservais mes billets ainsi qu’un trajet sur cette nouvelle application de covoiturage. Et demain à moi Niederschaeffolsheim. Pour l’instant j’avais une entière de sommeil à rattraper, je fermais les yeux en repensant à ma douce et m’endormis le sourire aux lèvres.

La nuit n'avait pas été assez longue pour me permettre de me reposer, et lorsque le réveil a sonné, j'étais bien plus fatigué que la veille. Le stress engendré par l'appréhension de revoir mon père n'était pas anodin dans cette situation. Je m'asseyais sur mon lit et respirais un grand coup.

-C’est aujourd’hui que ma vie va changer ! Je vais surmonter cette étape et tout se passera bien.

J’avais ce besoin de le dire à haute voix, comme pour me convaincre davantage de sa réalité et renforcer ma détermination. J'étais tout de même excité pour une chose, prendre le train. Cela fait des années que je ne l’avais pas fait, je trouvais que cela avait un certain charme. Fin prêt, je fermais la clé et enfourchai ma moto. Cette dernière virée avec cette dernière me donnait le courage qui me manquait pour aller au bout de ma décision. Alors que j'attendais sur le quai, l'anticipation montait en moi. Le bruit régulier des rails résonnait dans l'air et les voies off des annonces SNCF n’avaient pas changé depuis. Le simple fait de monter à bord du TGV éveillait en moi un sentiment de liberté et d'aventure. Je me sentais comme un explorateur sur le point de partir vers de nouveaux horizons. La promesse de découvertes et d'expériences inattendues dans cette traversée en train m'emplissait d'excitation et de curiosité. Me voilà parti pour plus de deux heures de trajet. Je regardais à travers la fenêtre le paysage qui défilait sous mes yeux. Les champs verdoyants, les petits villages pittoresques et les vastes étendues de nature m'accompagnaient dans ce voyage. Chaque instant apportait une nouvelle scène à contempler, m'emmenant loin de mes pensées et me permettant de m'imprégner pleinement du moment présent.

Je m’étais sagement endormi, bercé par le doux balancement du train et le murmure des passagers. Réveillé par l’arrêt du train, je clignais des yeux, reprenant lentement conscience de mon environnement. Je fus surpris de constater que nous étions déjà arrivés à Strasbourg, étonné par la rapidité du voyage. J’étais heureux d’avoir pu gagner deux heures de sommeil, me sentant ainsi plus reposé et prêt à affronter ma journée. Je sortis du TGV et m’étais dirigé vers l'entrée de la gare, là où mon chauffeur m'attendait pour poursuivre le chemin menant à ma destination.

Je jetai un dernier coup d'œil à mon téléphone, vérifiant au passage la photo de profil d’Adriel.

-Olivier ?

Je me retournais, surpris, mais sachant parfaitement de qui cela pouvait-il être.

-Oui ?

-C’est moi, Adriel. T’es prêt pour la route ?

Sa voix était empreinte d'une énergie contagieuse, reflétant son enthousiasme pour notre covoiturage à venir.

-Salut, répondis-je, avec un sourire. Absolument, je suis prêt!

Il s’avança vers moi et me fit une accolade amicale, c’était le genre de personne qui n’avait aucun mal à se faire de nouveaux amis ou à entamer la conversation.

Il me montra la direction jusqu’à sa voiture et me fit signe de m’installer. Nous discutions de tout et de rien, passant par les goûts musicaux à la femme de nos rêves. Je fus légèrement étonné qu’il dérive sur un tel sujet de conversation, mais je n’avais aucun mal à dire que cette femme-là existait pour moi, c’était Julia. Il me répondit donc :

-Tu as beaucoup de chance, fais tout pour la garder. Ça peut aller très vite…

J’observais une pointe de mélancolie sur son visage qui était tourné vers la route.

-Tu as perdue la femme que tu aimais ?

-C’était il y a bien longtemps, je n’étais pas l’homme qu’il lui fallait.

Un moment de gêne s’installa entre nous jusqu’à la fin du trajet, nous laissant apprécier les tubes de la radio. je n'en croyais pas mes oreilles : "Ulysse" de Ridan était en train de passer. C'était plus qu'un simple hasard, c'était comme si le destin lui-même nous envoyait un message… Je tout juste le temps d’écouter le refrain qu’Adriel s’arrêta sur la bas-côté et me dit :

-Voilà, ça te va si je te dépose ici ? Ça m'éviterait de faire un détour, tu n’as que cinq minutes de marche pour là où tu veux aller.

-Super, merci. Passe une bonne journée !

-Merci toi aussi et oublie pas. Si tu l’aime vraiment, fait tout pour la garder auprès de toi, ne laisse pas passer cette chance, car l'amour véritable est rare et précieux.

Il démarra et je le vis partir au loin. Cet homme n’était peut-être pas celui que j’avais imaginé, il devait avoir un passé assez chargé qu’il cachait bien derrière son grand sourire.

Je savais exactement où j'étais. Ce chemin, je que j’empruntais chaque matin pour me rendre à l'école. Chaque arbre, chaque bâtiment, chaque tournant était gravé dans ma mémoire. Je ressentais cette familiarité qui me rassurait, comme si ce trajet faisait partie intégrante de mon être. Mais ce matin-là, alors que je marchais le long de cette voie familière, une sensation étrange s'est emparée de moi. Il manquait quelque chose, mais je n’arrivais pas à dire quoi. Je continuais de marcher, prenant mon temps, car au fond de moi je redoutais l’instant où je serais face à mon père. J’essayais de penser à autre chose, mais quelque chose n’allait pas. J'atteignais le bout de la rue, mais à ma grande surprise, je réalisai qu'il n'y avait plus rien. La maison avait été totalement détruite, il ne restait plus rien.

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