Chapitre 30

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Julia :

Les derniers événements étaient la cause de mon insomnie. Je ne comprends pas ce que j’ai bien pu faire à la vie pour qu’elle dégénère autant. Je devais être un être abominable dans mon ancienne vie, ce n’est pas possible autrement. Et dire que je pensais que Mike était derrière moi. Je l’avais même oublié, je ne pensais qu’à Olivier. C’était lui l’homme dont j’avais besoin et pas d’un abruti tel que lui. J’aimerais beaucoup lui écrire, lui raconter ce qu’il s’est passé, que j’ai peur de rester seule ici. Si seulement je pouvais être dans ses bras et me sentir en sécurité.

Après des heures d'agonie, je me suis enfin endormie, mais mon sommeil était hanté par des cauchemars. Pourtant, au petit matin, une lueur d'espoir a percé à travers les rideaux, je savais que je n’étais plus seule. Et une idée a germé dans mon esprit tourmenté : je devrais écrire une lettre à Olivier, lui expliquant tout dans les moindres détails. Je ne supportais plus le fait qu’il ne sache pas qui j’étais réellement.

Sans plus attendre, j'ai saisi un stylo et un papier, et j'ai commencé à écrire :

Olivier, je t’écris cette lettre car parfois il est bien plus simple de poser les mots sur le papier que de les dire. Je n’ai pas toujours vécu avec mes grands-parents, mon père étant décédé avant ma naissance, c’est chez ma mère que j’ai passé une bonne partie de mon enfance. Je m’en suis toujours voulu de ne pas avoir assez profité avec ma mère des bons moments, avant sa mort, je pleurais tous les soirs pour avoir la chance de me rendre chez mon papi et ma mamie. La plupart du temps cela fonctionnait, mais lorsqu’elle était sous substance la situation basculait. Ça allait aux insultes, aux coups.

Suite à cela je suis allé vivre comme tu le sais chez mes grands-parents. Ma mère venait de temps en temps me chercher, mais je refusais toujours de capituler, ne voulant plus revivre ce qu’elle m’avait fait subir.

C’est triste à dire, et je suis certainement un monstre de penser ça, mais après sa mort, je me portais tout aussi bien, voire mieux. Je n’étais qu’une enfant et aujourd’hui je regrette d’avoir pensé de cette manière. Mes grands-parents, eux, ne m’en voulaient pas, ils étaient même compréhensifs, leur fille n’était pas faite pour être mère. Je les avais surpris à le dire lorsque j’étais encore très jeune, sans vraiment comprendre ce que cela voulait dire.

Des années après, mon grand-père décéda, et ma grand-mère me racontait tout en ayant les larmes aux yeux à quel point elle avait la chance d’avoir connu mon papi. C’était son seul et unique amour. Elle voulait que je connaisse aussi un jour ce que c’était et je pensais l’avoir découvert lorsque j’ai rencontré Mike, il était serveur dans un café et m’avait consolé lorsqu’il m’avait vu pleurer devant mon thé vert. Au début tout allait bien, je pensais l’aimer et être aimé, mais peu de temps après le décès de ma grand-mère il changea drastiquement. Il ne me regardait plus, ne me complimentait plus et par-dessus tout, allait voir ailleurs. Il a brisé mon cœur et ce, plus d’une fois, mais je le laissais toujours revenir sans rien dire, en pensant que ce serait différent. Sache que grâce à toi, j’ai réussi à lui faire face. Sache que c’est toi qui m’a fait découvrir le véritable amour, toi et personne d’autre.

Après avoir scellé la lettre dans une enveloppe, j'enfilais mes chaussures et fis ce que je faisais chaque matin, après ce court passage au cimetière, je pris la direction de l’appartement d’Olivier. J’étais si excité et pourtant si angoissé d’aller lui donner cette lettre. J’avais l’impression d’être une collégienne qui était si timide qu’elle ne pouvait s’exprimer autrement que par écrit. J’avançais dans les rues encore endormies de la ville, une boule d'émotions dans la gorge. À chaque pas, je me demandais si je faisais le bon choix de dévoiler ainsi mes pensées les plus intimes à Olivier. Mais au fond de moi, je savais que c'était la seule façon de lui faire comprendre la vérité sur mon passé, sur mes sentiments, sur notre histoire.

Arrivée devant l'immeuble d'Olivier, mon cœur battait la chamade. J'ai monté les escaliers avec une hâte fébrile, ma main serrant fermement l'enveloppe qui contenait mes confessions les plus sincères. En arrivant devant sa porte, j'ai hésité un instant, ma main tremblant légèrement. Puis toqua. Mais aucune réponse, je réessayais une deuxième fois, mais toujours rien. Je pris donc la décision de glisser l’enveloppe sous sa porte et fis demi-tour. Peut-être savait-il que c’était moi et ne voulait pas me voir… Impossible, il n’y avait aucun bruit de pas et puis il ne ferait tout simplement pas ça. Enfin je l'espérais. Une fois rentré chez moi je ne pouvais faire qu’une chose, attendre une réponse de la part d’Olivier, mais plus les heures défilaient plus je perdis l'espoir d’un potentiel message. Se pourrait-il qu’il ne veuille plus de moi ? Je sentis une douleur intense dans ma poitrine en émettant cette hypothèse. Peut-être que Mike avait raison… Personne ne voudrait de moi.

J’étais couché dans mon lit, le regard vers le plafond, vidé de toute énergie, lorsque je vis un appel entrant de… Olivier ! Mon cœur se remit à battre à la chamade. Le vibreur de mon téléphone était devenu une véritable mélodie à mes oreilles. D’un geste de la main je décrocha et entendu sa voix douce et rassurante.

-Salut Julia, désolée de ne pas t’avoir donné de nouvelle depuis hier soir. Comment vas-tu ?

-Ca va et toi ? Tu étais occupé à quoi ?

-Je vais bien. Est-ce que ça te dirait que je te récupère, tu me manques ?

Je rêve ou il vient d’esquiver ma question ? Mais en même temps il était si mignon. J’en apprendrais peut-être plus en acceptant.

-Bien sûr, à quel heure ?

Il prit un moment d’hésitation et puis dit d’une voix timide :

-Enfaite je suis déjà devant chez toi.

-Eh ben, c’était rapide. dis-je en rigolant, mais trouvant tout de même cela assez suspect. J’arrive dans 10 minutes.

-Bisous.

Il venait de me dire “bisous”, à cet instant précis mon cœur avait littéralement fondu. Olivier était l’homme le plus adorable que j’avais rencontré de toute ma vie.

-Bisous. lui répondis-je me retenant de glousser telle une gamine avec son premier coup de cœur.

Lorsque je suis sorti le rejoindre, Olivier se tenait là, au coin de la rue, avec un sourire chaleureux et des yeux pétillants d'émotion. Sans un mot, il s’approcha de moi et m’embrassa langoureusement. Nous avons enfourché sa moto et sommes partis en direction de son appartement. Durant tout le trajet, une question me traversait l’esprit : avait-il lu ma lettre ? Je ne tarderais pas à l’apprendre. Arrivé devant sa porte, mon premier réflexe fut de regarder au sol si mon mot y était toujours ou non. Il s'avérait qu’Olivier n’était pas chez lui de la journée, car l’enveloppe y était toujours. J’attendis qu’Olivier passe devant moi pour la ramasser et trouver un endroit où la cacher, je n’avais pas longuement réfléchi et la glissa dans le sac où se trouvaient les cadeaux que j’avais oublié de ramener chez moi.

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