014 - Les fondations célestes
J’ai perdu Willem, il n’est plus à moi. On m’a prise mon Vincenzo que j’avais volé à mon arrière grand-mère. Me voilà donc seule. Et si je recommençais ? Si je volais le Pape François IV à ma grand-mère Noëlle ? Ou bien, si j’arrêtais mes conneries ? Énola a été claire. Sainte claire. Je suis la troisième pierre. Je vais voir sur le chantier. Des pierres il y en a plein déjà. Et des plans. Et un ingénieur qui m’a l’air soucieux. Je m’approche, peut-être qu’il sait.
- Ça a pas l’air d’aller.
- Tu m’étonnes. Tu sais quoi ? Ils la veulent sur rail. De chaque côté du Jourdain. Mobile. C’est dingue, non ? D’après mes calculs, elle ne tient pas debout, même fixe. En fait il faut une structure qui passe de part et d’autre, sous le fleuve.
Et il se met à rire. Il s’assoit et ouvre une bouteille qu’il verse dans deux verres. Ça fume, c’est chaud. Il m’en donne un, je m’en réchauffe les mains et je m’assoit à côté de lui. Il boit une gorgée et reprend :
- Je vais mettre tout Westech sur le coup. Ce n’est plus de mon ressort. Je repasserai voir les travaux dans un an ou deux pour continuer ma structure.
- Je cherche quelque chose dans ta structure. Des pierres, particulières, importante. La première, la deuxième et la troisième. Ça te dit quelque chose ?
- La troisième ? Tout va part deux. Enfin pour l’instant, en attendant que les deux côtés se rejoignent. Là, ça ira par trois, il y aura des troisièmes. Dès qu’elles seront en place, mon travail sera fini.
C’est un signe. Un indice. D’Énola. Qui est-il ? Je lui tend la main :
- Je m’appelle Maëlle, je suis de la famille du Pape, par alliance.
- F.L. , ingénieur structure, Westech. Maëlle ? La sorcière ?
- Tout juste. Eiffel, comme la tour ?
- La tour… mais bien-sûr, avec quatre pieds ça serait plus simple. Mais à faire coulisser c’est deux fois plus compliqué. Philibert. Enchanté.
- Je suis venue voir la troisième pierre. Il faut vite que tu termines ton travail. Sinon je dois attendre. Remarque, j’ai le temps. On a tous le temps. Sur Terre ça se construisait en un siècle. Ici, elle sera peut-être prête pour la B5.
- Non, il la faut maintenant, pour la B4. Ça va être juste pour sa sortie.
Je goûte le breuvage. Alcaloïde. Amer et sucré. Ça aiguise l’esprit. Il se relève. Il me tend la main, je la prend pour me lever aussi. Je mets des bottes et un casque et j'accepte sa visite de chantier.
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