017 - Les jeux interdits
Je lui propose un jeu. Puis un autre. Pour se distraire. Pour s’amuser. Pour rire. Des devinettes, des défis et des jeux de société. Tout le temps. Tout devient un jeu. Même les tâches ménagères. Ou faire à manger. Mettre la table. Se chatouiller. Faire des bisous. Se laver. Dormir l’un contre l’autre sans se connecter. On fait plutôt ça en début d’après-midi, en sieste crapuleuse. Tout en douceur, lentement. Innocemment. Je l’apprivoise. Elle est gentille. C’est mon amie. Elle me laisse entrer entre ses fesses. Mais j’éternue quand je plonge mon visage sans sa tignasse blonde et bouclée, ça la faire rire, comme quand je lui montre comment entrer en moi. Et tout le reste du temps, elle est détendue, elle est sereine. Elle n’est plus la même qu’avant, elle est juste redevenue elle-même :
- J’ai l’impression d’avoir retrouvé mon gémeau. Je comprends maintenant pourquoi la plupart cherchent toute leur vie à le remplacer, ce premier bonheur ensemble.
- C’est vrai, tu as raison. Ma sœur est un vrai garçon manqué. Tout s’explique. Tu n’est donc pas la bonne personne. Il faut que je trouve quelqu’un d’autre.
Mais je regrette vite mes mots car elle me chatouille à m’en étouffer de rire et puis on s’écroule sur le lit et elle me regarde amoureusement en me caressant la joue. Elle me regarde mais j’ai l’impression qu’elle voit son Willem à travers moi. Et moi je vois qui à travers elle ? Ma mère peut-être, un peu. Alors, pour vérifier je plonge mon visage dans sa poitrine généreuse, réactive, sensible, et elle se met à respirer plus fort. On perd le contrôle de nos corps. Ils s’excitent. Et j’entre d’un coup en elle, jusqu’au fond et elle crie, de surprise, de douleur, de plaisir. Et on attend, on se synchronise, on se cambre sous les vagues qui nous traversent et on s’évanouit vite l’un dans l’autre sans savoir si c’est une perte ou une prise de conscience que cette fois-ci on ne joue plus.
Ça fait des jours que je ne suis pas allé sur le chantier et personne ne s’en est aperçu. Pareil pour Maëlle, personne ne la réclame.
- Est-ce qu’on existe en fait ? Apparemment non, on a l’air d’avoir disparu pour les autres, mais c’est pas grave, on existe l’un pour l’autre et c’est bien mieux, non ?
- On va se définir dans un autre modèle. On peut même devenir une famille. Et pour vivre heureux, vivons cachés.
Et on se remet à jouer. Elle descend promener sa bouche pour goûter à ma semence, pour ressentir la soumission par le jeu, pour l’envie du jeu.
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