021 - Le baiser de l'amitié
Je suis venue pour le stage, pour changer d’air. Je ne pensais pas que j’allais la rencontrer. Je crois que je lui plais. Valentin est très correct, très pro, je ne l’intéresse pas, il a déjà tout avec elle. J’ai une suite au Palace. J’ai l’impression d’être une VIP. Mes recettes plaisent. Et ce n’est que le début. J’élabore à la Caserne dans le labo perso de Valentin. Je concrétise au Palace. À chaque fois au labo, dès que Valentin a le dos tourné, Greta vient me taquiner. On rigole. Cette fois-ci elle veut que je lui tresse ses nattes.
- Ça me rappelle la boulangerie. Et à toi, il t’a initié aussi, à la pâtisserie ?
- Si tu savais. On a même mis au point un gâteau occulte aux ingrédients magiques. Un mélange de sucré et de salé.
- Ah oui ? Et c’est fait avec quoi ?
Elle me chuchote la réponse à l’oreille :
- Nos fluides. Mon lait et le sien. Tu veux goûter ?
- Quels sont les effets ?
- Fertilité. Procréation. Pour avoir un bébé garçon. Mais il faut un partenaire mâle.
Elle lit en moi, elle sait, elle connaît mon obédience.
- Et avec ton lait tout seul, tu n’a eu que des filles.
- Je vois que tu as bien étudié la question. Mais maintenant, si tu veux une fille avec une fille, il y a des brisims pour ça. Il y a même des modèles hybrides. Mais tu es peut-être un peu jeune pour ça.
- Oui, mon corps n’est pas encore prêt. Et les temps changent tellement. Il n’y a plus de gémeaux, je ne veux pas d’un iel. Je ne veux pas d’un garçon non plus.
- Message reçu. Quand tu seras prête, et si j’ai encore du lait, je peux te dépanner.
Je n’arrive pas à croire que j’ai cette conversation avec elle, Greta. On se regarde droit dans les yeux, elle a un petit sourire, elle ne cligne pas, elle m’hypnotise ? Elle s’approche encore, elle pose ses lèvres sur ma bouche, je ferme les yeux, on s’embrasse. Elle a un goût de céréales. Elle a une odeur florale. Elle m’offre une communion des sens. Un vrai partage, intime. J’ouvre les yeux, elle retire sa langue et se lèche les lèvres :
- Je sens aussi la vanille mais je ne te dirai pas où.
Et on se met à rire, de complicité. Je crois qu’on est amies maintenant. C’était le baiser de l’amitié. Le premier. Pour l’instant. Puis elle ne rit plus. Elle devient sérieuse, grave, triste. La vraie Greta.
Annotations
Versions