Fleur a détourné leur attention à tous. Je ne suis plus dans la mire de Greta et Valentin. Je peux tranquillement créer mes gâteaux au laboratoire de la Caserne et aller les servir au Palace où j’ai aussi ma suite pour ne pas rester dans les parages. J’observe Fleur par la vitre ronde de la porte du cabinet médical. Elle est en train de jouer avec une poupée. Elle l’habille. D’un coup elle lève la tête et elle me fait coucou. Je lui fais signe aussi. Et si je lui apportais des biscuits ? Je vais demander l’autorisation à Hilde qui accepte et nous surveille. J’apporte une madeleine. Elle lève la tête, me regarde de haut en bas et regarde sa poupée. Elle me la tend.

• C’est toi.
• C’est pour moi ?
• Non, c’est toi.

Effectivement, elle a les mêmes habits que moi. C’est drôle. Elle m’avait déjà repérée. Je lui donne ma madeleine :

• C’est pour toi.

Elle les goûte, elle la mange. Entièrement.

• Comment elle s’appelle ?
• C’est une madeleine.
• Non, la poupée, comment elle s’appelle ?
• Je m’appelle Madeleine, aussi. C’est drôle, non ?
• Non, c’est simple. Il y a quoi dedans ?

Je vois Hilde noter des trucs sur un calepin derrière la vitre d’observation.

• Il y a de la fleur d’oranger.
• Je m’appelle Fleur, aussi. C’est drôle, non ?

Hilde s’arrête de noter.

• Je sais, je l’ai fait exprès, pour toi.
• Merci Madeleine pour la madeleine à la fleur d’oranger.

Et on se met à rire. Je serre la poupée dans mes bras. Fleur me tend les bras. Gros câlin. J’entends un toc toc. C’est Hilde sur la vitre. J’ai fait une bêtise ? J’embrasse Fleur sur la joue.

• Je dois y aller, à bientôt, Fleur.

Elle me fait aussi un bisou sur ma joue et je la laisse avec son sourire et son regard triste. Je vais voir Hilde :

• Je crois qu’on est amies.
• C’est plus que ça. Elle te voit comme une sœur.