Ça n’a pas été évident. Pas facile. Mais il fallait le faire. Elles étaient horribles. Des monstres. Je ne vois pas pourquoi on a gardé les embryons. Des preuves peut-être, ou juste pour se rendre compte que ça a vraiment existé. Pour ne pas oublier. Heureusement que l’agent 23-F est là, pour gérer la suite et mettre la professeure Margaret hors d’état de nuire. Mais avant l’horreur, il y a le génie. Je suis venu voir la CT4, chez Greta. Il parait qu’elle a déjà envoûté tout le monde.

• Adé ! Phoebe. Tout va bien ?
• Oui Greta, pas d’inquiétude, ma mission est terminée. Et vous, vous avez fait éclore une fleur il parait ? Je te trouve changée, différente.
• Oui, je lui ai donné un peu de mon âme. Et j’ai changé de cycle, j’arrête de rajeunir. Il me faut de la force pour le bébé, je n’ai jamais eu de garçon.
• Encore une gestation lente ?
• Ah non, pitié, c’était trop dur.

On va dans le salon, elle est là, elle nous tourne le dos, assise sur le canapé. Elle repose un livre, elle se lève et se tourne. Elle est une belle jeune fille, pure, propre, la perfection. Ses cheveux sont encore très courts. Je m’approche tout près, je la regarde dans les yeux. Je suis subjuguée. On a du lourd. Elles ont fait du bon travail. Je peux laisser mon arme dans mon sac. Je valide. Je lui fais la bise. Je jette un œil sur la table basse. La B3.

• Dépêche-toi, la suite va bientôt sortir. Même que tu es dedans.

Et je souris, je suis fière d’avoir en face de moi l’élue de la planète 4. Et c’est un peu grâce à moi.

• Je suis CT4, mais on m’appelle aussi Fleur.
• Je suis Adé, mais on m’appelle aussi Phoebe. Bienvenue sur ta planète. Nous on a perdu la nôtre. Mais on va t’aider à garder la tienne.

Je suis rassurée. Je me sens même accomplie. Comme si c’était la fin de mon histoire. Que ma mission était telle. Que je peux m’effacer maintenant. Hilde vient me mettre sa main dans la mienne et me dit à l’oreille :

• Viens, on rentre.

Chez nous. Sur notre péniche. Il commence à faire beau. C’est peut-être notre dernière soupe. Elle fera place aux entrées froides. Et Hilde va enfin enlever ses bottes pour marcher pieds nus. Si c’était que les pieds… Et elle me fait un baiser plein de promesse avant de me servir le bol chaud de notre amour éternel. Il me reste une ligne pour vous dire que la Mathilde, c’est de la dynamite.