034 - La croisière initiatique
Mon drakkar nous attend au large. Depuis la navette je l’accroche radar. On va se poser dessus. Merde, je trouve pas le programme dans la liste. Tant pis, je passe en manuel. Ça va pas le faire, j’ai trois axes à maîtriser. Je demande au processeur d’en prendre un en compte. Reste deux. Requête AI du Pilote auto. Ça marche. Reste un. J’attends le bon moment, le haut de la vague, quand ça commence à redescendre. Contact. Ouf. On est dessus. Fleur applaudit. Je lui annonce :
- Bienvenue à bord, on va faire le tour du monde, par le nord, pour passer devant chez moi.
Je lui offre une autre vision du néant, avec que du rien à l’horizon et à 360 degrés. Je lui montre le fonctionnement des voiles, elle apprend vite. Sous le vent on ne s’entend pas, on se parle par signes. Des fois j’ai l’impression d’entendre sa voix dans ma tête un peu avant ses gestes. La nuit vient vite au large. On se réfugie à l’intérieur. Je vérifie tous les paramètres dans la passerelle de navigation et je la rejoins en cabine. On se stabilise à l’horizontal et on ralentit.
- On peut faire chauffer la soupe, elle ne va pas se renverser.
Mais c’est Fleur qui se renverse, sur moi, un gros câlin, un gros bisou, puis un autre. La nuit dernière, nos mains se sont un peu baladées sur nos corps, elle en redemande. Je mets mes mains sur ses joues pour regarder ses yeux. Ils sont un peu rouge. C’est son traitement hormonal, le TH15, son corps est en train de changer. Je reprends le dessus et je lui explique. Elle a l’air triste. Je la rassure :
- Tu as besoin de forces. Si tu finis ta soupe on pourra jouer, toute la nuit.
Tellement qu’on en oublie de se lever avec le jour. Je m’extirpe de notre couchette et je mets un haut léger pour aller vérifier les instruments. Tout est stable, aucune alarme. Le drakkar suit un couloir météo très calme. Je ne vois rien à corriger. Alors je retourne en cabine préparer un brunch. Je vois une marque sur mon bras. Elle m’a mordue ? Et je repense à nos ébats. Ça promet pour la suite . En plus, je crois qu’il y a des brisims à bord. J’irai vérifier, dans la trousse de secours. On est dans un voyage initiatique. Mais c’est le sien ou le mien ? Je me dépêche de dresser nos plats et je vais la chercher en plongeant dans la chaleur de notre couche. Elle crie. Je suis froide. Elle me réchauffe. Un peu, beaucoup, et puis je calme le jeu et je la sors de là comme si c’était un accouchement. Je vais pour vérifier ces yeux mais je remarque que ses cheveux sont plus longs, ses lèvres plus pulpeuse et sa poitrine pointe. Je l’habille et je l’amène à notre repas.
Annotations
Versions