038 - La fin du voyage
On va se rafraîchir au bar des marins. On s’installe en terrasse.
- Fleur, j’ai pas envie de rentrer directement en navette. Je te propose de longer la côte par le sud, jusqu’en Principauté. Et après on rentre en navette.
On nous amène un liquide jaune à bulles avec un sirop à rajouter au cas où on vienne de l’Ouest comme le dit la serveuse.
- D’accord Mady. Tout ce que tu veux.
Et elle s’approche pour me faire un bisou. On trinque, je recrache tout, pas elle.
- Fleur ? Tu aimes ça la bière ? C’est toi la nordique on dirait, pas moi.
- Ça change du sucré. Mais c’est pas du salé.
- Amertume. Passe-moi le sirop. J’ai jamais aimé, c’est pour ça que je fais de la pâtisserie.
Fleur n’est pas comme les autres. Mais j’évite de lui faire remarquer. Je veux qu’elle se sente normale. Qu’elle se laisse aimer. Qu’elle ait une existence qu’elle choisisse. Loin de la religion, loin de l’Invisible. Près de moi. Elle me prend la main et elle me regarde en souriant.
- Fleur, tu lis dans mes pensées ?
- Moi aussi je t’aime.
- Qu’est ce qu’on va devenir ? On a le choix entre se cacher et s’affirmer.
- Ne t’inquiète pas, je ne suis qu’un tout petit passage à la fin de la B4. Ils vont me laisser tranquille. Si ce n’est pas le cas, je leur dirai d’attendre la B5 avant de m’embêter et me faire participer à leurs Messes.
- Voilà un langage censé de belle jeune fille, je vote pour, Flower Power !
Et on rigole en trinquant à nouveau. Mais on y va, déjà, on est pressées de retrouver le confort du drakkar et se prélasser devant le paysage qui défile jusqu’en Principauté. Pour accoster, facile, mot magique, Greta a une résidence ici avec accès privilégié pour ses invitées. On ne pose même pas le pied à terre. Décollage dès l’accostage, comme des fugitives. On rentre à la caserne sur la pointe des pieds mais la lumière s’allume, c’est Dana :
- Bêtise ! Fleur ? Aller au large pendant un TH15 !
- Ben oui, on est des jeunes filles, on fait des bêtises. Mais on a survécu, non ?
Et Fleur part dans la grande chambre avec verrière pour claquer la porte derrière elle.
- Désolée Dana, c’est ma faute. C’est moi qui l’ai entraînée dans le néant.
- Tu as bien fait. Qu’est ce qu’elle est belle ! Beau travail Madeleine.
Annotations
Versions