Quand je descends à la cave il y a quelque chose de changé. Ils ont tondu la pelouse. Du coup, une inscription apparaît. Un tatouage. CT4. Je remonte demander :

• Fleur, tu as perdu tes pétales. Il y a un problème avec le TH15 ?
• Non, oui, c’est fini. C’est un test, pour voir si ça repousse bien. Mais j’aime bien comme ça, pas toi ? Tout est plus accessible.

Je préférais avant. Nous les locales on n’a pas ça. Je trouvais ça original, animal. Maintenant je n’ai que ce message d’avertissement sous les yeux que je ferme pour me concentrer sur ses gémissements. J’enfonce un doigt sonde pour repérer l’apogée de son plaisir. Et je remonte reprendre mon souffle tout à côté d’elle. On regarde le plafond, on écoute la pluie tomber sur la verrière. Fleur culpabilise :

• On ne devrait peut-être pas faire ça toute la journée. Elles ont dit de prendre du repos, pas de prendre du plaisir dans la luxure de nos corps épanouis et fatigués.
• Il faut changer d’air. Je vais t’obtenir l’autorisation de sortie. Ou alors on s’enfuie par le toit. Mon drakkar nous attend un peu plus loin. Ensuite on remonte le courant et on bloque la péniche de Hilde, pour lui montrer qui c’est qui a la plus grosse, embarcation. On est des jeunes rebelles. On va leur en faire voir. On a toute la B4 pour ça.

Elle me prend la main et ferme les yeux avec un sourire. Elle s’endort comme si je lui avais raconté une histoire. Et au lieu de la rêver, on la vit, dès le lendemain. Hilde est en panique sur le pont de sa péniche. Alors je sors de mon poste de pilotage pour lui faire coucou et la rassurer en brandissant un sabre :

• À l’abordage ! Au nom de la Reine je saisis ta péniche.

Elle reste coite. Ses bras l’en tombent. Et autres expressions étranges. Fleur vient assister au spectacle et me suit sur la passerelle qui descend sur la péniche. Quand Phoebe arrive on a installé la table sur le toit terrasse, éclairé par les lumières de mon drakkar qui crache une musique électro envoûtante aux vibrations ultra graves et assez rythmée pour apprendre à notre Fleur à se déhancher. Phoebe en reste bouche bée :

• Jésus Marie Gospel ! Priez pour nous pauvres pêcheuses.

Hilde la prend et l’entraîne dans notre danse. J’allume une tige et j’en aspire l’essence âcre qui enveloppe mon esprit. Je retiens la fumée en moi et je ferme les yeux. Là. Maintenant. C’est l’instant présent. Ma balise carpe diem.