043 - La démission
Enfin un discours censé, loin de toute passion et de toute science. On remonte sur le toit et on est jalouses de voir son Philou jouer avec ma Mady. On récupère nos biens, comme des animales possessives. Maëlle n’est plus une sorcière et moi je ne suis pas encore l’élue. On est libres d’être ce que l’on est. Mady me demande de lui raconter ce qui s’est passé avec Maëlle :
- C’est surtout moi qui ai parlé. Il n’y a pas eu de magie. Elle m’a juste fait comprendre la situation et réaliser que j’ai mon existence à construire, avec toi, en dehors de tout ce qu’on veut nous imposer. Tout ce que je veux, c’est qu’on soit visibles l’une pour l’autre. Et je suis prête à te suivre partout, vers l’infini et au-delà, mais pas dans l’Invisible.
Je la serre dans mes bras et mon regard croise celui de Maëlle qui me fait un clin d’œil. J’ai une nouvelle amie. Mon univers social est en expansion et il grandit comme l’énergie noire qui, malgré sa très faible force, éloigne les galaxies les unes des autres de plus en plus vite jusqu’à dépasser la vitesse de la lumière. C’est ce que je raconte au papa de Hilde qui est passé pour me rencontrer :
- Comment tu sais çà ? Qui te l’a appris ?
- Je ne sais pas. C’est comme une évidence pour moi.
- Et bien c’est faux. En tous cas ici, dans cet univers. En revanche, dans celui d’où l’on vient, nous les terriens, c’est vrai. C’était une loi de là-bas. Pas d’ici. Tu as du savoir inné terrien en toi. Mais c’est pas très utile sur la planète 4. Donc, ne te fie pas trop à ces évidences, et à l’Invisible non plus. Après, pour la religion, c’est comme l’art abstrait, chacun y voit ce qu’il veut. Justement d’ailleurs. C’est peut-être la meilleure façon de découvrir qui tu es au fond de toi. Ne dis à personne que je t’ai dit ça, je le nierai en bloc.
Il est drôle. Lui aussi il cherche des réponses. Et il a l’air d’en avoir trouvé plein.
- Papa, laisse là tranquille. Et pas de rapport ou de confession sur l’oreiller à Gaby ou aux autres. Laisse lui un siècle ou deux avant de l’embêter.
Et si je disparaissais ? Ils sont tous en train de s’exciter autour de moi, condamnée avant l’heure à un destin lointain. Je ne peux pas vivre mon époque, je ne suis pas une locale. Big Bang me parle de religion, Maëlle va sans doute me jeter dans le Jordania pour mes sacrements. Je ne le sens pas tout ça.
- Mady, tout ce qu’on me propose ici ne me convient pas. Et si on rentrait chez toi au Landsby ? Ici, ce n'est pas à mon tour de briller. Partons, I quit.
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