044 - L'hommage
La péniche a été déplacée en amont pour la Cérémonie. Adé officie avec le cercle proche de Fleur :
- Elles sont parties. D’un coup. Comme ça. Elles ne sont pas mortes. Elles ont juste disparu. Une parenthèse de la B5 dans la B4. Madeleine l’a sauvée de nous.
Une couronne de fleurs est jetée dans le Jordania. Elle passe sous le pont structure de la Cathédrale Sainte-Claire. Marwah joue doucement une mélodie à l’orgue. Les sœurettes chantent en latin. Désormais, le mardi sera réservé aux Messes en mémoire de ceux qui nous ont quittés. Greta me prend la main et me fait un bisou sur la joue. Elle sait, elle sent que je suis triste. J’ai perdu mon apprentie et en tant que dernier garçon né sur Terre, Fleur m’était peut-être destinée.
- L’Invisible brouille les âmes avec les avenirs prédestinés mais les esprits forts balayent les certitudes et permettent d’autres temps possibles. Le présent est plus fort que l’avenir. Quant au passé, on peut vite l’oublier.
Greta me lâche pour guider la poussette sur la passerelle et sur le quai notre navette nous attend pour rentrer à la Caserne. Greta n’attend pas l’arrivée pour nourrir Mona au sein, elle n’attend pas non plus la soirée pour me consoler dans son intimité, encore et encore, aimer pour oublier. Greta a gagné dans cette histoire. Elle a échangé de son Invisible avec Fleur et elle en a reçu du désir. Pour elle et pour moi. Elle m’arrose de son lait. Elle grogne, elle couine, elle me griffe, elle mord et elle se secoue comme une épileptique. Si Patrice voyait ça, il nous aspergerait d’eau bénite en nous criant dessus en latin. Mais Greta se calme, essoufflée, elle s’excuse en suédois et me fait plein de bisou en me serrant fort dans ses bras. Je ne suis plus qu’une proie soumise, sous le choc, je n’ose plus bouger. Et puis elle me lâche, elle se retourne et elle se frotte, je parviens à basculer sur elle, sur ses fesses plus confortables qu’avant, je la mets en position et je retrouve le chemin de ses cris qu’elle étouffe en mordant ses doigts, je soulève ses cheveux pour lui mordre la nuque, elle gémit, elle en redemande alors je la soulève et je la plaque au mur, je lui écarte les bras et je lui plante mes derniers coups de crucifixion, sa bouche est grande ouverte sur son souffle coupé comme pour retenir le plaisir qu’elle veut garder en elle. Je tombe en premier et elle s’écroule sur moi, elle rampe jusqu’à mon oreille, comme si elle avait un secret à me dire et de sa gorge sort un mot rauque : « Encore ! ».
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