À la Cène, je monte à la tribune pour prendre la parole. Je me retourne pour regarder le décompte qui vient de changer.

• Il reste 36 pages. Mon nom est Lou, Sœur Lou, de l’Ordre des Novices qui vous a donné sa croix derrière moi. Mais je n’ai pas encore tous mes sacrements. En plus, comme toi Maëlle, merci d’être venue. Comme toi un ouvrier de la Cathédrale accompagne ma vie, intime. Bisou Paul. Et Philibert, tout repose sur lui, alors ne l’abîme pas trop. C’est la moindre des choses de les citer, ici, nos hommes, de Westech, et de les encourager parce que la tâche n’est pas simple, même notre B4 sera terminée avant. Et comme on m’annonce la suivante, je ne suis pas encore Papesse, alors François, au boulot et bon courage, moi je vais avoir une vraie vie avant tout ça. Mais lui non plus n’est pas seul. Et je ne vous parle pas de Dieu, bien-sûr, juste de Noëlle, sa compagne, une terrienne, ta grand-mère, Maëlle. Il paraît qu’elle était pire que toi sur Terre, Patrice, ci-dessus le Pasteur Père Supérieur confirme. Toi non plus tu n’es pas seul, avec Aurélie, entre autres. J’en arrive donc à mon message. Peu importe le numéro de la Bible, le plus important dans la vie éternelle, c’est d’être à deux. Si ce n’est pas déjà fait, trouvez votre deux et soyez heureuses. Et comme dirait Greta, je vous aime, maintenant et à l’heure de votre sort.

Je redescends sous les applaudissements et je rejoins Sœur Paulette qui me questionne du regard. Je lui dois des comptes et je lui reste fidèle alors j’explique :

• Ma Sœur, prenez ça comme une conjuration. La B5, plus on en parlera, moins elle existera. Comme ça je serai tranquille. Le jeune génération, se trouvera peut-être une autre spiritualité ou même aucune si on les dégoûte suffisamment avec la B4. Et c’est pas parce que je suis la meilleur aujourd’hui que je le serai aussi demain.
• Que tu crois ! Si c’était que ça…

Toujours ces phrases courtes et mystérieuses qui sentent à fond la B5. En tous cas, c’est pas moi qui vais l’écrire. Et j’espère qu’elles ne vont pas me la faire corriger. Je rejoins Coralie qui n’a pas bougé de son banc.

• T’a pas pris d’images ?
• Non, j’ai juste profiter du spectacle. Et puis ici, tout est enregistré.
• Par les machines, oui. Mais quand c’est toi qui le fait, il y a plus d’âme.
• Il y a aussi tous les spectateurs qui s’en souviendront, chacun à leur façon.

Dommage que nos hommes n’aient pas assisté à ça. Ils sont au travail.