048 - La disparue
Une alarme passe en jaune sur mon pupitre. Un marin disparu réapparaît. Il a battu son record cette fois. Je vais le voir sur le ponton pour confirmer. C’est bien lui.
- T’as les cheveux longs, Marius, combien de temps cette fois-ci ?
- L’horloge tourne encore. Et j’ai eu un mal fou à rentrer, où sont passées les balises ?
Merde. Ils l’ont fait, le conseil d’administration voulait les supprimer pour imposer leur tech à la con. Sans me consulter, moi qui supervise le trafic et qui assure le plus de permanences. Je rentre à la capitainerie et je passe Marius en vert. C’est ma dernière action. J’envoie ma lettre de démission et j’explique pourquoi de façon très polie. Je me sens légère. Tout le travail de la semaine prochaine vient de disparaître de mes obligations. Je rejoins Marius au bar, c’est la coutume à chaque fois qu’il rentre. Il me fait la liste des trucs qui ne vont pas. Je l’arrête :
- C’est plus mon problème Marius, je viens de démissionner.
- Tu rigoles ? Pauline ? Si tu pars je n’ai plus de raison de revenir. Et tu vas aller où ? Près de la côte j’espère.
- En tous cas pas à Sylvania, tout se passe là-bas, y compris les conneries de ma mère. Pas en Principauté, trop de religion. Pas au Village, ça me rappelle trop la Terre d’avant. Pas chez les vikings, il y a l’élue de la B5 qui y traîne en attendant son tour.
Je ne sais plus où j’en suis. J’ai bu un verre à chacun de mes pas.
- Il te reste la pointe Ouest. Mais je ne peux pas t’y amener, il n’y a pas de port, on peut pas accoster.
- La pointe Ouest. Mon père est mort là-bas. En venant de la Terre, il n’a pas supporté le changement. Tu te souviens que je suis terrienne ?
- Oui, c’est juste pour ça que tu m’intéresses.
Je me mets à rire. L’alcool fait son effet. Et puis je pleure. Ça fait du bien.
- Marius, j’y vais. Après tout, c’est le point le plus éloignée d’ici. Je dois tout recommencer par le début. Je vais aller déposer des fleurs sur la tombe de mon père.
- Pauline, je peux pas te laisser partir toute seule. Je t’amène. Je laisserai le bateau au large.
Je laisse mon monopro sur le comptoir. Je bloque tous les contacts à la con sur l’autre. Et nous voilà partis. Sur le pupitre de la capitainerie, Marius repasse en rouge.
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