050 - La présentation
On est arrivé. Pointe Ouest. Au large. Marius ouvre le coffre pour me rendre mon mono. Il y a une arme au fond.
- C’est un phaser ?
- Oui et non, multifonction. Au cas où. Les pirates.
J’en ris mais pas lui. Il est sérieux. Je vois un autre mono, le sien, mais…
- C’est un darkmono ? Qui es-tu en fait, Marius ?
- Je vais les prendre, je t’accompagne au cas où. Quand je vais assez profond dans les terres, je peux me faire repérer. Je suis en cavale. J’ai oublié d’envoyer ma lettre de démission à l’Octogone.
- Voyez vous ça, un agent, reproducteur ?
Il voit que je le taquine. Je sens qu’il va me sortir une connerie.
- Avec plein de petits Marius partout.
- Ne t’inquiète pas, je t’aiderai à rédiger ta lettre. Sauf si tu ne veux pas, démissionner ?
- Ça dépend ce que sont devenus les autres. Un désaccord sur une mission. J’ai préféré m’éclipser pour ne pas y être mêlé.
- T’es pas obligé de me raconter Marius, d’accord ? Je te fais confiance.
On monte dans le canot. Je comprends maintenant le sens du nom de son bateau. « La fugitive ». Je lui prends la main au moment où l’on touche le sable. On descend et je regarde mon mono. Le cimetière est pas loin. On arrive vers une petite maison blanche, un caveau. Les drapeaux tricolores flottent au vent. Il y a plein de médailles sculptées sur la porte. J’attrape Marius et je m’approche :
- Salut papa. Comme promis, je ne reviens pas les mains vides. Je te présente Marius. Calibre 11 ?
- C’était un guerrier ?
- Sur Terre. Europe de l’Est. Années 90. 1991-2001. La Yougo. Quand je suis née, il était à la retraite depuis longtemps. On était une famille heureuse, dans notre petite maison, dans notre petite rue Saint-Honoré à Dijon, avec maman, je te la présenterai. Elle n’est plus la même non plus il paraît. Tu vois, j’ai aussi mes fantômes, vivants et morts.
Il me serre dans ses bras et il m’embrasse, pour la première fois, devant la tombe de mon père. C’est un signe. On s’en va. Et on marche. Vers l’Est. Comme un pèlerinage. Je vois les deux pointes de la cathédrale au loin. Comme un repère, une balise. On marche en silence, chacun dans ses pensées, mais main dans la main.
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