Je suis peut-être faite pour Valentin et lui est sans doute fait pour moi mais personne comme Marius n’a jamais réussi à me remettre mes pouvoirs à l’endroit, et quel endroit, il est fasciné par mes fesses. À chacune de nos rencontres, il les embrasse, il les lèche, il les écarte pour y goûter et je me laisse succomber aux caresses de la langue avant de vivre et revivre encore le court-circuit de notre connexion révolue, enfin libérés l’un de l’autre mais engagés dans cette relation étroite, c’est le cas de le dire. Pour le reste, je garde mes repère. Ma caserne à Sylvania, ma Mona-Lisa de trois mois et demi, mon Valentin à assouvir aussi et ma retraite spirituelle hors des radars de la religion en essayant de gérer au mieux les forces invisibles qui me traversent encore et encore, comme dirait Marius. Valentin aussi. C’est dingue, toutes les filles de ma vie ont disparues d’un coup. Plus de harem personnel, même Dana a pris ses distances avec ma Béa en elle. Mais les garçons ont à nouveau de l’avenir avec les gâteaux magiques de Valentin que je laisse tranquille dans son laboratoire, avec sa nouvelle apprentie pour qu’il me laisse aussi m’éclipser à mes séances séantes dont je sens les effets plusieurs heures après, effets qui se réveillent à chaque fois que je donne le sein à ma Mona à qui mes vibrations semblent arriver jusqu’à elle. Mais ma mission est terminée. Je n’ai pas sauvé la Terre mais juste une toute petite partie de l’Humanité. Et je passe le relais à une locale, Énola, qui le partage avec une hybride, Maëlle. Je vais passer le reste de l’éternité à m’effacer du premier plan, redevenir une anonyme en retrait, à la retraite maintenant que toutes les pièces sont en place. Un dernier tout d’honneur dans la B4 avant d’être oubliée par la B5. L’important est de savoir qui je suis moi, d’où je viens et où je vais et quel chemin je vais choisir, de quelle façon je vais l’empreinter, qu’est ce que je veux vraiment et qui je veux être au final. Je ne veux pas être le personnage d’un culte millénaire. Je suis juste un petit bout de femme qui a traversé l’univers et au-delà en emportant avec elle quelques échantillons de souvenirs, quelques graines qui vont faire leur genèse ici pendant que je disparaîtrai dans la foule des générations qui vont se succéder une à une jusqu’à l’équilibre des éléments qui contrôlent nos existences éternelles passées présentes et à venir. Je vais vivre la suite de l’Histoire, je vais vivre la fin de mon histoire. Je ne suis ni l’Alpha, ni l’Oméga, je ne fais que passer parmi d’autres. En attendant je vais vivre ma vie. Et un jour je pourrai enfin me présenter aux âmes innocentes de mon destin passé pour leur dire juste trois mots, les trois mots, mes trois mots : « Je suis Greta. »