Je comprends que c'est ici que je vais mourir. Je le vois enfin tel qu'il est. Je n'aurais pas dû laisser la situation continuer ainsi. Je n'aurais pas dû être lâche, croire naïvement à un miracle. Des mois que cela s'envenime, pourtant, je n'ai rien fait. Et maintenant, il est trop tard.

Que pourrais-je faire ? Que pourrais-je faire face à cet œil noir qui me défie ? Rien. Une seule pression de cette main qui ne tremble point et il en sera fini de ma vie. Peut-être que je le mérite ? Oui, probablement.

Je ne tente pas de me défendre, n'esquisse pas un mouvement. Encore une fois, même au bord de la falaise, je suis pleutre. L’issue est inévitable et, quand sa bouche s’anime sans que je n’en perçoive la voix, je sais que la Mort me guette, s’apprête à plonger, tel un aigle choisissant sa proie, à me précipiter dans le vide qui s’impose à moi.

PAN.

La détonation retentit, assourdissante. Le temps semble suspendu tandis qu’une perle salée roule doucement sur ma joue, témoignage d’un joyeux mélange d’émotions et de sentiments sombres. Puis, le sable du sablier éternel recommence à s’écouler, à une vitesse fulgurante, tandis que je ne fais qu’observer la réalité. Le sol m’attire plus brusquement qu’un aimant. Je heurte le carrelage. Sans douleur, cependant.

BOUM.

Un liquide chaud qui glisse le long de mon corps, ruisselle sur un de mes bras. Un hurlement.

Puis le néant.