Chapitre 2

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— Voici mes mémoires. Les mémoires d’un mourant. À celle ou celui qui entendra ces paroles, cela signifiera que tu es ma réincarnation. Tu sauras par la même occasion ce qui a bouleversé mon destin qui est aussi le tien.

Je m’appelle Dræcor et je consigne mes mémoires à bord du Lanstar, vaisseau de la 4e flotte de la fédération galactique.

J’étais, il y a encore peu de temps, un général Draconien. Je détruisais toutes vies sur les Mondes avec qui nous étions en guerre. J’insufflais la terreur sur mes ennemis avant de les tuer de mille et une manières différentes des plus intolérables possibles.

Je ne me souviens pas de ma naissance à l’exception d’une cuve. La seule chose que je me rappelle d’aussi loin que je puisse fut l’apprentissage du sang. Dès leur plus jeune âge, les mâles étaient conditionnés dans l’apprentissage de la guerre, de la domination par la violence, la terreur et la mort. Je tuais mes frères au fil des cycles de mon apprentissage afin de prouver ma force et ma perversité meurtrière à nos maîtres d’armes. Il ne se passait pas une minute, une heure, une seule journée où je ne devais pas massacrer des membres de mon espèce. Je devenais de plus en plus fou, enivré par l’odeur et le goût du sang développant ses sens sanguinaires et un goût pour la violence.

Au fil du temps, je gravis les échelons. Vingt-six cycles après ma naissance, mon goût pour les massacres et le sang étaient reconnus de toutes et tous le jour où, pris d’une crise de folie meurtrière, je me rendis seul sur la planète Orga.

Nous étions en guerre contre eux depuis le début de mon apprentissage et ils nous opposaient une farouche résistance lors des combats spatiaux.

Seulement vêtu d’une tenue d’infanterie standard (il s’agit d’une armure faite dans un alliage de cobalt qui est composé d’un plastron, d’épaulettes rigides, mais très souples et de brassard) et avec pour seules armes mon corps et mes griffes, je me rendis sur Orga. J’y massacrais les Organiens à tour de bras. C’était un peuple faible avec une particularité étrange. Alors que les reptiliens et nous-mêmes communiquions par grognement, par la posture et le faciès, ces êtres, qui ressemblaient plus à des plantes grisâtres émettaient d’étranges sons ressemblants — c’est ainsi que les appellent les hommes et femmes de ce vaisseau — à des chants. Je les tuais et les massacrais de toutes les manières possibles. Étripant… Arrachant… Je forçais même des familles à s’entre-tuer en leur donnant l’espoir que l’un des leurs survivrait (ce qui était un mensonge, car le survivant finissait dans mon estomac).

En dix révolutions planétaires, j’avais exterminé 35 % de la population. Bien sûr, ils firent appel à leur armée, essayant vainement de m’éliminer. Acculé, mais toujours sous l’emprise de la rage de sang, je pris des enfants en otage. Leur armée refusait d’attaquer, car je possédais leurs progénitures. Les uns après les autres, je les démembrais… jambes… bras… et têtes. Je m’enivrais de tout ce sang versé, du craquement des os et du son que faisaient les muscles lorsqu’ils se déchiraient des articulations. Ils se mirent à m’attaquer au cinquième enfant tué. Avant qu’ils utilisent leurs armes, je me rendis dans la dimension inférieure et me délectais de ce que je voyais. Complètement paniqués, ils tiraient à l’aveugle tuant tous les civils et se tirant dessus par la même occasion. Quand ils arrêtèrent de tirer, il ne me restait plus qu’à achever la petite dizaine de survivants encore debout. Je m’amusais de cette tactique qui marchait si bien. Depuis ce jour, je m’étais demandé pourquoi les généraux avant moi n’avaient jamais envoyé l’infanterie pour raser cette planète. Je mis un mois pour tuer tout le monde, réitérant quelques fois la tactique avec les mômes.

Ce n’est que bien plus tard que je compris vraiment pourquoi les généraux n’avaient pu posséder cette planète… Petit à petit… des pensées parasites se distillaient en moi… Tout d’abord comme un murmure puis de plus en plus clair et limpide au fur et à mesure que les jours s’écoulaient.

Ayant calmé ma folie meurtrière, je retournais sur ma planète. Je vis que le peuple fêtait la victoire sur Orga et avait capturé les derniers survivants dans les vaisseaux qui combattaient encore bien que leur planète soit perdue. La hiérarchie reptilienne offrit les derniers survivants à la foule qui les dépeça vivant avant de les dévorer. Ce jour-là fut un jour de fête pour les « bêta » qui, pour la première fois depuis le commencement de la guerre, purent se nourrir à leur faim. Ne laissant plus rien à l’exception de quelques traces de sang grisâtre sur le sol.

En rentrant dans la caserne, je voyais les hauts gradés regarder ma folie meurtrière sur cette planète. Ils me félicitèrent et je fus désigné « Général » par notre roi. En guise de récompense, il m’offrit cinq femelles et une habitation. Devenant l’égal des hauts gradés, je leur demandais pourquoi ils n’avaient jamais. Envoyer l’infanterie. Ils me répondirent qu’ils avaient essayé plusieurs fois de l’envoyer, mais qu’à chaque fois un mal étrange décimait les troupes en moins de 48 heures. N’ayant pas bien avancé sur cette affaire, je rentrais chez moi. Je voyais mon habitation ainsi que mes femelles pour la première fois.

Des pensées étrangères et insidieuses me revenaient en tête…

Elles coulaient dans mon esprit de plus en plus fort. Tel un ruisseau qui se transforme en fleuve avec le temps. Je détestais cet endroit, il n’avait aucun charme, tout comme les femelles. Bien que très jolies, elles n’avaient cependant aucune personnalité. Elles s’occupaient de l’habitation et partageaient ma couche, la peur et l’endoctrinement les empêchaient de communiquer, même quand je les forçais. Cette vie dura longtemps…

… bien trop longtemps à mon goût.

Une dizaine de cycles passèrent où je réussis à apprendre à mes femelles à délier leurs langues. Elles finirent par me parler. À partir de ce jour, les journées devinrent plus intéressantes. Parce que je leur avais « appris » à me parler, j’étais devenu, pour certains, un excentrique et pour d’autres un fou dangereux pour la société.

Au début, certains venaient me charrier pour cela pensant que mon excentricité m’avait ramollie. Ils comprirent leur erreur lorsque je massacrai un régiment complet à la réserve le jour où l’on me traita de femelle. Depuis cet incident, on me laissa tranquille.

Quelques cycles passèrent depuis cet incident. Il y avait toujours autant de guerres et de batailles à mener, mais je trouvais chez moi une chose qui m’était inconnue jusque-là : une paix de l’esprit. Bien que très relative cela me faisait du bien j’eus deux enfants avec chacune de mes femelles. Six mâles et quatre femelles en tout. Je me surpris à ressentir une émotion étrange où de la chaleur émanait de moi-même sans savoir de quoi il s’agissait. J’avais un attachement étrange pour mes femelles et ma progéniture. Elles les éduquèrent quelque temps…

Des pensées parasitées dans mon esprit de plus en plus fort et de plus en plus souvent.

« Fais attention ! » me dit une voix cristalline dans ma tête.

J’aurais vraiment dû écouter cette voix.

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