Le temps passa et ma progéniture « mâle » fut en âge de suivre l’apprentissage du sang. Sans savoir pourquoi, je refusais à chaque fois qu’ils le suivent. D’ailleurs, pour mes quatre femelles, j’avais aussi refusé qu’elles prennent part à l’apprentissage des plaisirs. Cet apprentissage consistait à connaître les multiples façons de faire plaisir aux mâles et à les entretenir. Pour cela elles apprenaient le coït, mais aussi l’humiliation et la souffrance. Pour la validation du dernier cours, chaque femelle passait sous les mains des hauts dignitaires Draconiens. Celles qui réussissaient à garder toute leur tête jusqu’à la fin étaient offertes aux mâles Draconiens en attente de femelles. Quant à celles qui échouaient, ils étaient soit vendus aux « alpha », soit donnés en pâture aux « bêta » servant ainsi de viandes fraîches avec un soupçon de folie.

J’étais de plus en plus mal vu. Et de plus en plus, on me collait des missions solitaires qui ressemblaient non pas à des missions faciles, mais plutôt à des missions suicides. À chaque fois je revenais victorieux et grandis. Malgré ça la haine de mes semblables grandissait à mon encontre. Je tuais et massacrais des populations pour eux, pour ces merdeux qui avaient le cul et la queue vissés sur un fauteuil.

Alors que je rentrais chez moi après l’une de ces missions extrêmes qui m’avaient fait perdre l’usage de mon œil gauche (une cicatrice en plus parmi les nombreuses autres). Je sentis de loin l’odeur du sang. Je me dépêchai de rentrer et je vis mes femelles ainsi que mes quatre petites femelles démembrées. De rage, je me rendis dans la caserne où je fus mis aux arrêts pour refus de l’apprentissage du sang, refus de l’apprentissage des plaisirs, pour avoir autorisé les femelles à parler et à donner leurs avis et pour ma vision déviante de la société.

Je fus emprisonné depuis plusieurs cycles durant lesquels j’appris qu’aucun de mes enfants n’avait survécu à l’apprentissage du sang. Intérieurement, je savais qu’ils avaient été exécutés pour en faire un exemple. Du fond de mon être, et pour la première fois, je ressentis des émotions étranges. J’appris plus tard qu’il s’agissait de la tristesse et de la joie. De la tristesse pour avoir perdu ma famille, mais aussi de la joie de savoir que ma famille était probablement bien plus heureuse là où elle était.

Mon emprisonnement dura une vingtaine de cycles. Un jour, les hauts gradés de l’armée vinrent me voir avec une proposition. On me laissait sortir pour une toute dernière mission suicide et si j’y survivais, je serai exilé.

La mort ou l’exil. Pour moi, ces deux mots signifiaient la même chose : la libération. Cela me rendait heureux et j’acceptais avant même d’y réfléchir.

J’étais comme eux, mais quelque chose en moi avait définitivement changé. Je le sentais au plus profond de moi.

Ma mission était simple. Je devais m’infiltrer à bord d’un vaisseau de la 4e flotte de la flotte de la fédération galactique du nom de Lanstar (provenant de la planète Lakshim) et y tuer tous les êtres vivants qui s’y trouveraient. J’appris aussi par la même occasion que Lakshim était une planète à qui mes semblables avaient déclaré la guerre durant la période de mon incarcération. Je pris mon vaisseau et me dirigeais vers le système Agborh dans la constellation de la Licorne où se trouvait cette planète.