Chapitre 4
J’arrivais dans le système Agborh. Ce système solaire était composé d’un soleil et de cinq planètes, dont deux énormes. Jamais de ma vie, je n’avais vu des planètes aussi grosses. Lakshim était la première planète qui suivait son soleil. Elle était petite en comparaison des autres (à titre d’information elle faisait quand même deux fois et demie la taille de la Terre).
J’activais le générateur à énergie noire de mon vaisseau et partie me mettre en orbite géostationnaire autour de Lakshim afin de localiser le Lanstar.
Quelques heures passèrent et je scannais la planète pour trouver l’objet de ma mission qui était décidément bien caché. Une révolution de la planète plus tard et je ne l’avais toujours pas localisé. Sans crier garde, un signal dans le cockpit se fit entendre tandis que je me reposais. Je me levais pour voir de quoi il s’agissait et vit qu’un vaisseau essayait de m’accoster. Je supposais à ce moment-là qu’ayant éteint la grande majorité du système, cela devait être étrange pour eux de tomber sur un vaisseau ne présentant aucun dégât et ne bougeant pas. L’arrimage était terminé et ils s’apprêtaient à entrer.
Cependant il se passa une chose que je n’aurai pu prévoir dans mon esprit de Draconien. Avant d’entrer, j’entendis une voix de femme qui se présenta et demanda :
— Je m’appelle Lemline et je suis médecin. Avez-vous besoin d’aide ? Nous savons qu’il y a quelqu’un dans ce vaisseau. Je suis avec l’équipe de surveillance du Lanstar, vaisseau-mère de la 4e flotte de la fédération galactique.
Je n’aurais jamais imaginé avoir une chance pareille. Ce n’était pas moi qui allais vers le Lanstar, mais c’était le Lanstar qui venait à moi. Ils allaient me faciliter la tâche en ouvrant le sas.
— Nous allons ouvrir ! dit-elle.
Je me mis devant le sas ainsi je les prendrai par surprise. Le sas s’ouvrit. Alors qu’il était au tiers de l’ouverture, le médecin rampa en dessous pour aller plus vite. Lorsqu’elle se mit à genoux, je l’empoignais à la gorge. J’eus ce que les humains appellent un « choc ». Je m’attendais à voir de la terreur dans ses yeux, mais à ma grande surprise je ne vis que de la pitié mélangée à de la tristesse. Le sas était maintenant complètement ouvert. J’eus un second choc. Je m’attendais à voir une équipe de surveillance armée jusqu’aux dents. Quel ne fut pas mon étonnement de voir des gens armés seulement d’un sourire et d’un regard compatissant, oscillant entre la pitié et la tristesse. Pour la première fois de ma vie, je ne savais quoi faire. Je fis relever le médecin que je tenais encore à la gorge de ma main gauche et j’entrais dans le vaisseau. Même si l’otage était entre mes mains avec un léger filet de sang qui coulait entre mes doigts à cause de mes griffes, ni elle, ni l’équipe de surveillance, ni les membres de l’équipage que je croisais n’avaient peur.
Arrivées au pont d’embarquement, toutes les personnes se retournèrent.
… Toujours aucune peur…
Dans ce vaisseau, il n’y avait qu’une personne qui paniquait et qui avait peur, et cette personne c’était MOI !
Je mis le médecin accroupi dans l’idée de leur donner de la peur en l’égorgeant sur place, mais au plus profond de moi, je savais que cela n’aurait aucun effet. Je ne comprenais pas leur calme, leur sang-froid. Quelque chose m’échappait. Une personne passa derrière moi, comme si je faisais partie des meubles, sans essayer de sauver le médecin ou de m’attaquer par-derrière.
Je commençais à devenir FOU. Je ne savais plus où j’étais, qui j’étais et ce que je devais faire. En face de moi, à côté de la plate-forme de contrôle, une porte s’ouvrit. Une jeune femme entra dans la pièce et me regarda intensément. Avant, je trouvais les humains étranges, disproportionnés avec un corps bizarrement fait sans griffes et sans queue pour tenir debout en équilibre. Mais elle… c’était comme si on m’avait plongé dans un réacteur électromagnétique. Elle avait les cheveux couleur du soleil et les yeux d’un bleu hypnotisant. À cet instant, je n’étais plus un Draconien mais plutôt un nourrisson sans défense.
Inconsciemment, je relâchais la prise que j’avais sur la femme médecin. Pour la première fois de mon existence, j’éprouvais de la peur. Leurs armes étaient bien plus terrifiantes que celles de mon peuple.
Je fus pris de tremblements incontrôlables. Je me mis à genoux. Je n’attendais qu’une chose : QUE LA MORT M’EMPORTE.
La jeune femme blonde au regard hypnotique s’approcha de moi et se mit aussi à genoux. Télépathiquement, elle me dit :
— Calme-toi ! Tu ne vas pas mourir. Je répondis :
— Vos armes sont terrifiantes. Achevez-moi !
— Ce ne sont pas des armes et nous n’allons pas te tuer.
— Mais…
— Endors-toi ! Dans ton état actuel, tu ne peux pas entendre.
Avant même qu’elle ait terminé sa phrase, je fus emporté par le sommeil. Ce que je ne savais pas encore c’est que dans ma tenue de combat, se trouvait un mouchard qui transmettait mon visuel et ce que j’entendais. Dans un vaisseau non loin de là, une équipe d’intervention punitive avait tout entendu et était déjà en chemin pour terminer le travail.
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