Chapitre 1 : Le repas
— À table !
— J’arrive Pauline.
— Dépêche-toi Léa ! Toujours en retard ! À force de lire, tu vas devenir aveugle !
— C’est bon, je suis là non ?!
Je râle pour la bonne forme car je n’aime pas être dérangée pendant ma lecture quotidienne. Je suis donc ma camarade de chambre à travers le parc de l’orphelinat « Aux poulains » situé dans la Creuse. Le lieu est un ancien château du dix-septième-siècle, qui est devenu une véritable institution depuis la première guerre mondiale pour accueillir les orphelins. Certains ont été adoptés, d’autres non. Ici, il y a tout ce qu’il faut pour être heureux.
Une fois arrivée, je me sers au buffet et je m’installe comme d’habitude à côté de la même fenêtre, éclairée par un beau soleil d’été. J’observe un rouge-gorge posé sur une branche en pensant à ma mère. Je suis tellement dans mes pensées que je ne remarque pas que je me suis taché.
La salle devient soudain bruyante et je réfléchis à ce que je vais faire après. Peut-être, reprendre ma lecture ? En ce moment, je suis plongée des bandes-dessinées sur la science-fiction. Un thème qu’adorait d’ailleurs ma mère.
Bien que j’apprécie les autres, j’éprouve souvent le désir de m’isoler et voyager dans d’autres mondes en m’imaginant partir moi aussi à l’aventure. Un jour, je voudrais être exploratrice ou chercheuse d’or.
Je me lève pour ranger mon plateau sur le présentoir et commence à vouloir sortir quand des grands me bloquent le passage. En général, plus je les esquive, mieux c’est. Mais là je n’ai pas le choix que de forcer en souriant :
— Excusez-moi.
— Hey, Léa, tu as quel âge déjà ? ricane Bryan
— Pourquoi ? Tu le sais, dis-je méfiante
— Disons que tu as une tâche sur ton pull et à douze ans, ça ne devrait plus t’arriver, bébé va continuer Bryan
— Et alors ?! Ça ne te t’arrive pas à toi aussi ?!
Je n’ai jamais ressenti une pareille sensation. Je déteste qu’on me manque de respect. Plus, le chef de la bande se moque en entraînant ses amis, plus ma tension monte. Je suis paralysée, mes poings serrés, telle une statue de cire. Le spectacle défile autour de moi et j’ai du mal à respirer.
Les volets s’ouvrent, le vent s’engouffre en sifflant et balaye tout sur son passage. Les garçons ont peur et s’écartent du passage. Le reste de salle, sont aussi sous le choc.
Rapidement, le calme et l’ordre sont présent. Comment-est-ce possible ? Le silence est terriblement pesant. Est-ce de ma faute ? Qu’est-ce que j’ai fait ? La panique et la honte s’empare de moi. La confusion s’installe pour mes camarades et Marie, l’une des éducatrices met les choses au clair.
— C’est dingue, tu as vu ce qu’elle a provoqué ?
— C’est une sorcière !
— Non, elle est possédée par l’esprit de la comtesse de Lisborne !
— Les fantômes n’existent pas Cassandre !
— Alors explique moi tout ça Lissandre ! Ce sont simplement des pouvoirs donner par la dame pour nous faire peur !
— Du calme les enfants ! Du calme, terminer de manger et oublier ce qu’il sait passé. On en reparle après si besoin. Merci.
La comtesse de Lisborne était l’ancienne propriétaire des lieux, morte dans des circonstances troubles quelques années après son mariage et l’achat du domaine. On raconte qu’on l’a trouvé au fond du puit de la cour et que depuis, elle hanterait les lieux pour chercher des réponses sur son destin funeste.
De mon côté, je suis encore très agitée. Je m’en vais m’asseoir en courant sur le banc en dessous du vieux chêne, bien caché au fond du parc. Les questions défilent sans queues ni tête. Suis-je folle ? Où alors j’étais vraiment posséder ? Et pourquoi ?
Je me suis sentie une seconde fois différente des autres. Car je me rappel, l’an dernier que j’ai transformé par la pensée, un pantalon bleu en rouge. J’étais effrayée, mais, j’avais préféré me persuader que j’avais inconsciemment inverser mes affaires. Depuis, cela ne s’était pas reproduit et heureusement. Je pleure sans retenu jusqu'à l'arrivé du directeur.
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