On prend sa voiture jusqu'au relais de chasse à l'abandon, à trente minutes d’ici, pour aller dans le salon sur la gauche. Il sort un stylo plume qui se transforme en une lame. Il dessine une arche en prononçant « Bureau Madame Irma, Monsieur Horn pour Léa Danzi » devant la cheminée. L'arche d'une couleur noire devient bleutée et une voix féminine nous donne l'accès : « Accès accordé ».

Je me retrouve face à un autre décor. J’observe le bureau ovale de la directrice et cette dernière, brune et élancée qui m'attend avec bienveillance.

— Entre Léa. On se retrouvera me souffle le directeur

— Merci Monsieur. Mais quand ? Et pourquoi ?

— Je viendrai un jour voire comment tu vas. Détends-toi. Cela va bien se passer.

— Merci encore une fois Monsieur. J'espère me sentir bien et peut être retrouver mes parents.

— Tu les retrouveras, sois en sûre.

— Comment vous pouvez en être sûr ?

— Je le penses.

— Une dernière question. Où avez-vous eu ce stylo ? Il peut ouvrir d'autres lieux ?

— C'est un bien très rare. Comme tu l'as vu, quand il s'agit de lieux privés, il faut en demander l'accès. Sinon, c'est une lame en vanion. Elle permet de découper finement l'air quand tu veux juste sortir d'un endroit. Je m'en sers pour voyager à travers les mondes.

— Il existe d'autres mondes ?!

— Une multitude. Bien, je te laisse y aller. Le passage ne dure pas longtemps.

Je rentre en me retournant et je vois l'autre côté du salon délabré. Le passage se résorbe laissant un simple mur en pierres blanches. Je commence à pleurer à nouveau, je me sens perdue, seule et sans repère. Je fais face à ma nouvelle directrice qui m'offre un mouchoir et un chocolat chaud qu’elle fait apparaître sur la table basse.

— Merci Madame.

— Je t'en prie. Viens t'asseoir. Je vais t'expliquer comment va se passer ta formation. Tout va bien se passer, répète-elle. C'est normal d'être anxieuse, mais ici tu seras très bien entourée.

Je m'installe sur le canapé en velours rouge et écoute avec attention. Je ne sais pas si je vais me sentir à ma place ici. Heureusement, la directrice est aussi gentille que Monsieur Horn. De plus, le chocolat me fait du bien et je respire.

— Bien, Mademoiselle. Ça va-t-il mieux ?

— Oui Madame. Je peux poser une question ?

— Oui, n'hésites pas.

— Combien de temps dure l’école ?

— Trois ans. Deux ans ici et une dernière année avec un stage à réaliser dans le métier que tu choisiras dès la moitié de l’année.

— Donc à nos quinze ans, on commence à travailler ?

— Non, à quinze ans, tu vas recevra un diplôme. Il te permettra ensuite d'accéder à une formation, que tu auras choisis.

— Et combien de temps, je devrais étudier pour enfin travailler ? C’est comme chez les mortels ?

— Comme sur Terre, ça dépendra de ta voie.

— D’accord sinon Monsieur Horn m’a expliquer être un Dieu et il vit pourtant sur Terre. Ils sont nombreux, des gens comme lui, qui ne vivent pas ici ?

— Plus que tu ne le penses.

— Et ils arrivent à ne pas être repérer ?

— Les adultes savent se maîtriser. Mais aussi, la plupart des Telmorims se font désigner comme des magnétiseurs ou voyants voir des astrologues.

— J'ai encore des tas de questions.

— Je m'en doute. Je t'écoute.

— Nous sommes combien d'élèves ?

— Quatre-vingt-dix pour trente par classe.

— Et je dois acheter des choses pour l’école ? Je n’ai rien… aucun argent !

— Justement, il faut que je te présente à tes nouveaux camarades. Tu iras ensuite à la capitale Feira, faire tes achats. La rentrée est demain à huit heures, il ne faut pas perdre trop de temps.

— Et vous ne m’accompagnez pas ?

— Hélas, ce n’est pas mon rôle. Mais il y a quelques filles pleines de bonnes volontés et de camaraderie prête à aider. On y va ?

— Oui Madame, merci encore.

Je pose la tasse sur la table basse et reprend mes affaires. On sort et la directrice m’explique qu’on est deuxième étage. D'une main, elle fait apparaître une carte de l'école dont le plan en forme de U.

— Madame, pourquoi le plan est de cette forme-là ?

— C’est l’architecte qui a désiré faire référence à la thématique de l’union.

— Ha d’accord.

— Bien, je te donne le plan pour que tu puisses t’y repérer. Tout les élèves arriver ici, il a trois jours, l’ont déjà eu.

— Merci encore Madame.

— Je t’en prie. Prend en connaissance et suis-moi.

Son sourire me fait chaud au cœur et je me renseigne sur les autres pièces. Au deuxième étage, il y a le bureau et la chambre de la directrice ainsi que celles des professeurs et du personnel. On descend au premier étage donnant accès aux chambres, à droite pour les garçons et à gauche pour les filles, ainsi que les salles de cours. Je la suis pour aller ensuite au réfectoire dans le sous-sol. Une grande salle sombre où seules deux fenêtres éclairent l’ensemble. Heureusement des feux permettent d’illuminer et de réchauffer la pièce. Les tables sont rondes sous la salle voûtée.

Des élèves habillés en toges nous regardent et se lèvent à la vue de la directrice. Cette dernière s’approche d’une table où il y a des filles de mon âge. Et d’un signe, elle invite les autres à se rasseoir.

— Mes demoiselles, bonjour. Je vous présente Léa Danzi. Une de vos nouvelles camarades. Serait-il possible de faire le nécessaire pour lui montrer les dortoirs ainsi que l’achat du matériel ?

— Oui Madame Irma, répond une jeune rousse

— Bien, je vous remercie, à bientôt, mes demoiselles.

La directrice s’en va. Les filles se présentent à leur tour. Elles sont trois. Il y a Marie la rousse, Branda la blonde et Vénus aux cheveux blancs. Elles me sourient et je sens une aura rassurante.