Nuit de Souffrances
La nuit s'écoule comme un filet de sable fin entre les doigts d'un enfant.
Au matin, l'aube se meurt pour laisser place au jour, dans la triste toison du ciel morose, délivrant à nos cœurs en sang toute la douleur du monde.
Tâché d’encre, le papier qui s’envole sur le chemin de ronces effleure une terre meurtrie par la sécheresse.
Le feu du ciel a ravagé dans son orage sans pluie les arbres de la colline.
Soudain, l’averse arrive, telle un parfait rideau de perles fines, drapant de pluie la vallée silencieuse, sous les pas du vent, tiède et souple, d’une vitesse arrogante.
Un souffle de misère, caressant le paysage de sa souffrance et de ses pleurs aux larmes indécentes.
La tiédeur de l’air se raréfie, pour ne laisser que givre et glace occultes.
Les heures inlassables du cadran invisible du monde défilent sous une neige accrue ; les nuages respirent et la vallée se réveille.
Depuis la mer, un marin contemple les étoiles avec fièvre, souriant de son innocence.
Il ignore tout de cette vallée décimée par la sécheresse, qui peu à peu, a retrouvé la vie.
Un cri du ciel aphone célèbre les retrouvailles entre une terre et son cœur, enraciné au plus profond du monde.
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