Chapitre 2

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Chapitre 2

Curieuse fête que celle-ci : les cales des bateaux-pirates contenaient plusieurs tonneaux de vin, eux-mêmes probablement volés à un marchand. Triste pour le bonhomme (il avait porté la main à son cœur en guise de justice rétablie) et ordonné à ses matelots de les transporter sur leurs navires. Couvercles brisés, chopes immergées dans le liquide pourpre, rires gaillards et plaisanteries scabreuses malgré la mort de quatre des leurs – peu pour une bataille aussi incroyable. Amassés à cinq, six dans une cellule, il avait rempli de l’équipage pirate le ventre de son bâtiment, mesure de détention dégradante pour des meurtriers mais la justice exigeait un jugement équitable et le capitaine n’était qu’un corsaire.

Les combats furent sordides, sanglants, dictés par la rage et la haine de vaincre ces bandits de mer, de revenir en héros, que les innocents scandent leur nom, que leurs familles évoquent leur prénom les yeux brillants. Espoir de trouver grâce aux yeux d’autrui, d’existera par l’esprit des sauvés, en quête de rang sociétal.

D’abord, ils avaient attendus, dans le noir et le silence, sous la pluie martelant leurs épaules, chassant par à coup énergiques la raideur de leurs muscles, lui enduisant ses fléchettes de poison hallucinogènes et Daxos, tête renversée contre le mât savourant les gouttes d’eau s’écrasant sur son visage. Elles ruisselaient sur ses joues, ses paupières et sous la pâle lueur des bougies, des diamants s’accrochaient à ses cils.

Les mots de son second tournoyaient dans sa tête : Vous n’avez jamais eu de famille, capitaine. Cruelle vérité. Il ne se souvenait pas de son enfance, devait certainement avoir eu des parents, il doutait sortir du fion de la Mere, aujourd’hui, il ne se remémorait plus de rien, ne savait qu’une évidence : il repartait la queue entre les jambes voguer sur les flots à peine les pontons du port franchi. Personne à visiter. Seul.

Ses premiers souvenirs remontaient à des courses sur un navire, peut-être ses parents avaient-ils été marins ou commerçants. Pas de frères, d’oncles ou cousines éloignées, pas de femmes non plus. Sa flotte était sa famille. Il remua sa dernière fléchette, sans lumière mais les quelques flammes des lanternes se réfléchirent sur les lames de leurs adversaires, tous superbement rangés et alignés sur le pont.

— A gauche, hurla Daxos.

Ce fut le signal d’alarme : ses gens restèrent campés dans leurs cachettes et communiquer à l’ennemi l’inefficacité de sa stratégie, renforcer, au mieux ou laisser poindre, au pire, un sentiment d’insécurité. Et soudain, surgissant de la pénombre, dans ses navires, l’un à droite, l’autre à gauche du vaisseau pirate l’empalèrent de leur brise-glace. Le gémissement des planches qui se ploient puis rompent résonna dans la nuit, ce concert avec les cris de surprise des pirates ; les éclats des lames s’agitaient fébrilement et de loin, le spectacle ressemblait à des battements d’ailes de papillons alors que gabier et moucheurs s’emparaient du navire. D’abord tous défendirent leur navire mais bien vite le prix de leur vie augmenta et quelqu’uns, affolés, bondirent sur leur vaisseau que le capitaine et son équipage accueillirent avec tous les honneurs dus. Le corsaire souffla plus d’une dizaine de fois dans sa sarbacane, à l’abri derrière les tonneaux, rechargea avec la tranquillité d’une victoire certaine. Et enfin, le capitaine fut capturé.

— Capitaine, vous devriez goûter ce rouge. Un pur (sa voix trembla sous un rot retenu) plaisir. Le bonsoir, capitaine.

— J’y goûterai, Méla.

Et le verre plongea dans le vin.

Les six marches conduisant grincèrent sous le poids de ses bottes et une fois la mer redevenue calme et docile, les bougeoirs éclairaient les condamnés. Rassemblés dans les geôles, babines retroussées sur leurs dents tels des bouledogues en colère, et le regard haineux, ils fixèrent le corsaire.

— Qui est le chef, ici ?

Il s’attendait à ce que les hommes désignent le puissant gaillard aux yeux froids ayant assommés trois de ses hommes avant d’être ligotés et jeté dans le ventre du navire mais les matelots – y compris lui- désignèrent un maigre gaillard aux cheveux gras foncés qui se balançaient devant ses yeux. Il était jeune, donc aussi dangereux et vil qu’une anguille.

— Mes hommes disent que ton vin est bon. Où l’as-tu trouvé ?

Le ton employé se voulait détaché, indifférent mais un sourire mauvais étira le visage du pirate alors qu’il s’accoudait aux barreaux. L’homme balaya ses cheveux en arrière d’un revers de main- raison pour laquelle Héphastos se les rasait presque à ras – soulignant l’arc de son nez plusieurs fois cassés. Issus de rixes clandestines ou cicatrices d’un chemin tortueux le menant au pouvoir ? Mâchoire carrée et fière, propre de l’orgueil.

— La meilleure qui soit, directement prélevée à la source. Ils ont de très bonnes vignes dans l’Empire.

— L’Empire est vaste.

Avec la Horza, il comptait comme l’un des plus gros pays en terme de superficie.

— Tous les vins sont bons, corsaire.

Il prononça ce mot comme une insulte.

— Ta basse extraction ne t’autorise pas à me parler de la sotte. Il n’y aucun honneur à être pirate.

— Je suppose qu’il en a plus à suivre aveuglément les ordres d’un roi à peine entrevu.

— Toujours plus qu’à piller des navires marchands.

— Au moins j’ai la liberté de choisir lequel aborder.

— Nous sommes libres, renchérit l’un des matelots – un homme déjà âgés comme en témoignait son jaune sourire. Nous avons choisi cette voie et cette vie.

— Honte à vous, dans ce cas.

Le capitaine conservait son calme malgré le crachat du pirate dont les projections auraient taché l’arrondi de ses bottes s’il ne s’était écarté d’un pas.

— Sois gentil avec le monsieur, Arlxon, ricana le capitaine flibustier, il est encore dans le déni. Espérons qu’il se réveillera vite.

Ils restaient toujours menaçants avec leurs longs manteaux aux multiples poches boursouflées et à leur ceintures ou bandoulière, fourreau de leurs armes bien qu’elles aient été confisquées : chacun avait été fouillé.

— Beaucoup ici sont d’anciens corsaires, mon ami, qui se sont rendus compte des ridicules prétexte de leur roi pour guerroyer.

— Je ne suis pas ton ami et tu es mon otage.

— Très bien, capitaine, s’inclina l’autre avec une dédaigneuse révérence. Vous désirez appeler un chat un chat, alors aussi jouer à ce petit jeu : vous êtes un sombre idiot et moi un bien plus rusé pirate.

Curieux personnage que cet homme ! Les pirates étaient d’ordinaire froid et peu loquace et ne maniait guère l’art du sarcasme. Il intriguait Héphastos autant qu’il le révulsait. Ses bras se glissèrent entre les barreaux, une jambe légèrement pliée ; l’image lui rappelait un squale entouré de phoques.

— Faria, voudrais-tu bien raconter ton histoire à notre ami ? Enfin, si vous avez le temp, bien entendu ! Les charges d’un capitaine sont exécrables et pour la plupart assez ennuyeuses…

— Je t’en prie.

Le pirate s’écarta pour dévoiler une femme d’âge mûr, de la même taille que son capitaine, un homme assez petit.

— Toujours pas convaincue, capitaine, ironisa l’étrangère en jouant la carte de la provocation. J’étais corsaire, comme vous, avant de rencontrer Philaë.

L’indigne frémissement des lèvres du pirate indiquait qu’il se reconnait en sauveur.

— Je pensais à mon roi, mon pays, aux gens que je protégeais avant de découvrir que je ne servais que des escrocs. Ils se fichaient de moi, seul leur stupide conquête et les richesses amassées les intéressaient.

— N’est-ce pas ce qui caractérise les pirates ? S’amusa le corsaire.

— Je le croyais aussi. Nous nous entraidons, capitaine, et nous n’attaquons que les gros navires, les corsaires comme vous qui se croient maître de l’océan alors qu’ils ne sont que des serviteurs les fuyards, les lâches, les voleurs.

— Les eaux en sont infestées, intervint un homme à l’oreille et lèvre percées.

Philaë ne se départissait pas de ce sourire suffisant, de celui qu’arborait les vainqueurs d’une bataille.

— Nous répandons la justice à notre manière, intervint le pirate, entourant d’un bras les épaules de la femme et de l’attirer à lui et d’embrasser sa joue avec la tendresse d’un amant.

Sa main baladeuse délassa le corsage qui enserrait la gorge de Faria et aucun membre de l’équipage ne daigna lever le sourcil. Les pirates étaient des gens grotesques : menteur, sans pudeur ni dignité. Sa veste était boutonnée jusqu’au col et sur son visage, son air stoïque et grave. Il balaya du regard le haut des seins apparents de la femme pour le porter jusqu’à Philaë mais celui-ci ne lui accorda qu’une brève œillade, trop occupé à admirer le décolleté.

— Vous parliez d’honneur, corsaire, et votre réputation vous précède : vous êtes aussi cruel que le plus sanguinaire des nôtres à accrocher les cadavres de vos prisonniers aux cordages. Est-ce ainsi que nous allons finir ? Brûlés par le soleil et dévorés par les mouettes ?

Saletés de bestioles que ces oiseaux, au regard pernicieux et aux cris brayards.

— Seulement les plus irascibles. Mon équipage sait à quoi s’en tenir.

— Alors vous feriez mieux de nous dicter vos règles pour que l’on puisse espérer dépérir ici.

C’était une joute entre les deux capitaines, lui en position de force sur son navire, son adversaire vaincu mais fort d’un équipage solidaire entier à ses côtés.

— Jamais je n’ai suspendu un honnête homme et de tous les pirates que j’ai rencontré, aucun ne m’a vraiment plus.

Se désintéressant de la femme, le pirate saisit les barreaux avec colère.

— Vous vous considérez comme honnête ? Quel navire abordez-vous ? Seulement nous où ceux des autres pays ?

— J’agis sur les ordres de mon roi.

— Alors quelle différence entre un régent et lui ?

Faria haussa ses épaules, se dégagea de l’emprise de Philaë d’une brusque torsion de hanches et colla son visage au barreau. Son sourire étiré, presque d’une barre de fer à l’autre, l’effraya presque.

— Un roi règne sur un pays mais il ne connait pas ses serviteurs, il nie les difficultés de la semence, de l’approvisionnement des marchandises, tue ses gens à la récolte des impôts pour payer ses orgies. Vous, vous connaissez vos hommes, non (elle attendit un acquiescement de sa part) ? Vous savez ce qu’ils désirent, ce qu’ils convoitent.

Le monde d’Héphastos avait toujours tourné autour de ce principe d’honneur. Certes, la régence des monarques n’effleurait jamais l’idéal mais au moins essayait-il de rendre ce monde meilleur.

— Vous critiquez la monarchie mais au moins se connaissent-ils assez pour nous engager, nous, pour sécuriser les routes maritimes. Que faites-vous, vous, au lieu de tuer et massacrer ?

L’amusement peint sur le visage de Philaë s’estompa.

— Je ne m’attaque pas aux innocents.

— Vous ou les autres, quelle différence ?

— Ne me comparez pas à ces charognards, cracha-t-il, je n’aborde que les navires avec le fanion pourpre.

Couleur de régence, drapeau hissé sur les navires, plastrons décorés pour les chevaliers, armoiries peintes pour les vassaux.

— Et vous, vous nous emprisonnez pour nous vendre : nous sommes tous les deux des monstres.

— Pas pour vendre.

Cette discussion ne menait à rien, des mots lancés tels des javelots dans l’espoir d’embrocher la langue de l’adversaire. Les lèvres du capitaine étaient serrées en une fine ligne, ses sourcils froncées et son envie de déguerpir au summum mais le courroux qui contractait la mâchoire du pirate l’interpellait.

— Soyez sûrs que non, capitaine.

La nouvelle ne produisait aucun effet sur son équipage comme si les paroles du corsaire n’étaient que du vent.

— Ne croyez pas tous ces beaux mensonges qu’on vous raconte, l’avertit Philaë, la justice la plus honorable n’est pas forcément la plus visible.

— Je tâcherai de m’en souvenir.

Le goût du vin avait perdu de son incroyable goût sucré, sali par celui du doute.

— Dardarios, déclara Philaë.

Héphastos, à moitié avalé par l’obscurité se tourna et haussa un sourcil.

— Le vin a été acheté à Dardarios.

Sa main épousait la forme du crâne de l’enfant et ainsi en équilibre, le travail du pinceau se volait plus précis, plus minutieux. Le peinte ourlait les orbites de noir et ainsi pendant aux cordages, le creux des yeux donnerait l’illusion de la surprise et sa mâchoire, ornées de lèvres d’or aux commissures pointées vers le bas, la peur. Le considérant avec une attention presque amoureuse, le corsaire ajouta quelques motifs complexes triangulaire enchâssés de rosaces et ajouta sur les pommettes le croissant de lune deux fois barrées d’Adrissax. Dessiner occupait ses mains et vidait son esprit. Beaucoup considéraient la peinture sur os comme un étrange hobby mais les plus sages savaient que leurs ancêtres, à mi-chemin entre la bête et l’homme civilisé s’exprimaient avec cet art à défaut de parchemins ou de cuir tanné. Le crâne de cet enfant avait été trouvé dans une brocante dans un port de l’Empire où les lubies et les arts atteignaient le plus haut degré d’étrangeté dans tout Naarhôlia. La teinte de bronze immaculée l’avait fasciné au point de tirer de sa poche sept sous d’argent et ce petit trésor, trop singulier pour être exposé aux caprices de l’océan et du vent, risquerait de ternir sa beauté sous les œillades démoniaques des pirates.

Héphastos trempait la pointe de son pinceau dans son pot de peinture rouge lorsqu’Exia, son maître d’équipage pénétra dans sa cabine. Nul besoin de lever les yeux pour rencontrer ses froids iris bleues, sa queue de cheval emprisonnée dans un chignon, coiffure des rebelles dans sa patrie, au sur de la Horza (dans le pays des dorakkars, mieux valait voler que nager) et son indémodable veste dépourvue de manche. Il l’avait appelée.

— Assieds-toi, Exia, depuis un an que tu es là et je n’ai jamais eu le temps de bavarder avec toi.

Le corsaire n’en n’avait jamais éprouvé le besoin ; il était une âme solitaire, condamné à peindre et guerroyer pour les innocents et Exia, une humble servante de cette paix, taciturne mais efficace. Philaë prétendait connaître ses hommes, ce n’était pas le cas d’Héphastos où les marins se succédaient et peu de lien se créaient entre eux, il restait le mystérieux capitaine obsédé par la droiture, enfermé dans sa cabine à lire et peindre.

— Comment vont les matelots ?

Il n’avait pas de prénom à utiliser.

— Ils ont hâte de rentrer au port. Plusieurs nous quitteront.

Nous et pas vous. Il appréciait sa loyauté. Ceux au rang plus élevé restait les plus volontaires mais il y avait seulement une place de maître pour une vingtaine de marins.

— Notre expédition a été plus longue que prévue.

Trois ou quatre mois sans remettre les pieds sans le même port, six parfois et les hommes se languissait de leur terre et quand l’appel de l’argent se faisait ressentir, il embarquait sur un autre navire. Loyaux envers le pays et la famille, non envers un capitaine. Lui ne se donnait pas la peine de tisser des liens autre qu’avec ses seconds.

— Y a-t-il des plaintes dans les rangs ?

De quelques années son ainé, les traits constamment crispés d’Exia l’approchaient plus de la quarantaine que des trente glorieuses.

— Les lamentations habituelles, capitaine, sur le travail difficile, la pension du roi pour tous les défenseurs du pays qui a du retard, les biscuits trop secs et les peu de fruits.

En mer, les aliments frais ne le restaient pas longtemps.

— Quoi d’autre ?

— Rien.

Ils n’étaient pas à son service assez de temps pour critiquer le fonctionnement général ; pouvoir et politique l’excédaient. Sa cabine était son refuge, son cocon.

— Pourquoi m’avez-vous demandé, capitaine ?

Pour ne pas être seul.

— Pour constater jusqu’où vont vos ambitions.

Une lueur dans ses yeux s’alluma. Quelle perversité que l’esprit humain de s’émanciper, de se créer une illusion d’avenir rien qu’avec une phrase bien tournée. Il avait lancé cette provocation car pris sur le fait d’un besoin de compagnie, son second étant trop occupé à régler les dernières affaires avec les matelots qui quittaient la plaisante compagnie des crânes. Peut-être pourrait-il la nomme à la suite de son lieutenant ?

— Enfant, je rêvais de diriger mon propre navire.

Si le ton était rêveur, les yeux, eux, ne l’étaient plus, grands ouverts et attentifs au moindre geste du capitaine.

— Et adulte ?

Dangereux de faire monter cette femme en grade, dangereux aussi d’ignorer ses revendications maintenant qu’elle les lui avait révélées.

— Je crois toujours en mes rêves.

— Que pourriez-vous m’apporter de nouveau ?

— Votre renommée se base essentiellement sur votre réputation ; vous devriez renouveler les idées. Les crânes ne font plus si peur.

— Quoi d’autre ? murmura-t-il, intéressé.

— Pourquoi pas un bateau hanté ? L’âme de ceux que vous avez et dont les os sont suspendus au mât reviendraient vous maudire ? Les gens ont peur de la mort, pourquoi serait-ce différent avec des pirates ?

La maître-canonnier releva les yeux, soudain inspirée :

— Vous pourriez mettre de la peinture rouge sur la coque. La sirène de la proue pourrait aussi tenir des clochettes dont les tintements rappelleraient les pas de Bäle.

L’un des nombreux Dieux du Culte de Nogaïla, avec autant de divinités que d’hommes et femmes les vénérant ; car il ne s’agissait plus seulement d’une croyance pour les fus fervents mais les servir était leur raison de vivre.

— Vous pourriez porter une arme qui vous définirait mieux…

Héphastos levait la main.

— Bien, je réfléchirais à vos remarques.

Les os lui suffisaient, il ne tenait guère à parader dans un déguisement.

— Nous sommes des gens respectables, Exia. Selon vous, que dois-je faire des prisonniers ?

Ses yeux s’assombrirent, juste assez pour voiler un seul mot : massacre. Pourtant, ce furent des pensées enrobées de mots qui naquirent dans sa bouche, miel aux oreilles, poison au cœur.

— Ils ont le droit à une justice équitable.

Ses mots, l’ogresse ! Elle fouillait sa mémoire pour paraître intelligente et lui déversaient sa propre idéologie masquée. Faible que de suivre les autres ! Serpentine de dissimuler ses réelles intentions derrière celle de ses supérieurs pour les caresser dans le sens du poil, les mettre à genoux et attendre qu’ils ronronnent. Héphastos décida de s’amuser :

— Laquelle ?

Yeux écarquillés, si brièvement qu’il pensait l’avoir imaginé. Le corsaire acceptait les avis inverses, les accueillait même avec sourire, quand on lui expliquait que les pirates méritaient la mort pour tel crime, tel ignominie ou simplement l’air volé à sa victime. Il entendait la peur et la rancœur même s’ils ne la comprenaient pas.

— La prison.

— Et si l’un des siens avait été contraint, pourrait-il rejoindre un navire corsaire en guise de rédemption ?

Pas de réponse définitive, inscrite dans le marbre, mais la pauvrette ne le saisit pas et croisa les cuisses avec une aisance feinte. En vérité, Héphastos, malgré les apparences, était bien trop honnête pour espérer comprendre els esprits stratèges et perfides.

— On a toujours le choix.

Victoire ! La façade se brisait et le vrai visage sous les éclats était hideux.

— Avons-nous toujours le choix lorsque les pirates massacrent votre famille lors de raids et vous emprisonnent.

— Entre la vie et la mort ? Oui.

— Et que faîtes-vous de l’espoir de venger les défunts, de l’espoir que des corsaires saisissent le navire et le libère ?

L’âme humaine ne répondait à oui ou non, elle se déclinait en nuances.

— Exia, auriez-vous l’amabilité de m’amener le capitaine pirate ?

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