Chapitre 4

14 minutes de lecture

— Je vous hais, murmura le pirate d’une voix douce en approchant ses lèvres de son oreille avec l’intimité d’un amant.

La bise fouettait leurs visages et les gouttes d’eau d’un navire fendant les vagues déferlantes giflèrent leurs joues. Héphastos se délecta de l’air chargé d’iode et de sel se frayer un chemin à travers ses poumons, l’emplir d’une vigueur nouvelle ; l’Océan était sa mère et sa déesse, protectrice mais furieuse, maternelle et démente. Il savourait ces caresses, ses cris, marque d’attention avec un amour infini car si le rideau de pluie étaient ses doigts et le tonnerre sa voix, jamais elle ne l’abandonnerait.

— Croyez-moi, c’est réciproque.

Une curieuse manière de le montrer ; un sourire charmeur, une posture déplacée avec souvent le buste penché pour mieux dévoiler sa gorge et la puissance minable d’un petit capitaine pirate, des paroles vives et aussi dangereuses que celles des créatures marines mi-hommes mi-serpent friande de matelots imbéciles. Des légendes toutes ces rumeurs, dommage que Philaë ne soit pas un fantôme ou un mauvais souvenir effacé d’un revers de main.

— Mas vous m’intriguez.

— N’entendez-vous pas la mer ? le tança-t-il.

La mater de tout marin, d’eau douce ou salée, de tout être vivant se délectant de sa chair. Amoureuse refoulée, elle tendait ses bras pour un baiser et étouffait son enfant d’une étreinte trop vigoureuse. C’était de ses pleurs qu’elle les caressait.

— Nous sommes ses fils, ses frères, lui rappela Héphastos. Pour elle, je me dois de vous respecter malgré… nos différents.

Elle n’avait que faire de telles banalités : tous deux traçaient des sillons dans sa peau avec leurs navires, zébraient son épiderme d’entailles de leur proue. Philaë pinça ses lèvres pour réprimer un sourire et plus qu’une colère sourde, la pitié envahit le cœur du corsaire. Vers qui se tourner dans les moments difficiles ?

— Je crois en ça.

Il tapota son crâne contre le mât.

— Personne ne peut y toucher sauf si je le décide.

— En quoi vos souvenirs m’intéressent-ils ?

— Vous vouliez connaître la piraterie, nos modes de vie… Des mots ne peuvent remplacer les expériences, capitaine.

— Je n’ai aucune envie de vous comprendre. Seule ma mission m’intéresse.

— Comment un seul homme viendrait au bout d’un système de plusieurs décennies avec plus d’une centaine de navires ?

— J’y travaille, grommela-t-il.

Lutter pour les innocents, contre l’oppression était plus que combat d’une vie, c’était un message à transmettre.

— Pourquoi souriez-vous ?

— Pour votre simplicité d’esprit : il n’y a que deux couleurs, blanc ou noir. Regardez sur votre navire et vous constaterez que vous en omettez une.

— Je me passerai de vos commentaires.

— Vous repenserez à moi, capitaine. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain ni même lorsque vous cheveux blanchiront mais sur votre lit de mort, vous songerez à moi.

Pourquoi les hommes naissent-ils ? Quel est le but d’une naissance non désirée, ce manque crée par une entité supérieure ? Dieux ou croyance, la nature et le destin se mêlaient pour former l’une des plus importantes énigmes : la raison de la vie. Pourquoi fouler Narovlia de ses pieds, dans l’espoir vain de marteler chaque mètre carré ? Pour Héphastos la réponse était simple : montrer qu’un homme aussi misérable soit-il et malgré l’avancée des sciences possédait encore son humanité.

Enclavé dans la brume où seules les lueurs de multiples lanternes annonçaient sa présence, Landarios évoquait à plus d’une centaine de brasses des navires de la flotte d’Héphastos, une ville fantôme. Les eaux noires, poisseuses, où flottaient les excréments rejetés à la mer et les poissons au ventre ouvert où grouillaient des asticots frappaient la coque du navire. Le corsaire discernait les évanescents démons cornus et leurs rires portés par le silence flotter au-dessus de la ville. Les volutes de brouillard, doigts émaciés, aussi secs que des os s’enroulaient autour des marins, se glissaient sous leurs vêtements, les faisaient trembler de froid, engourdissement bientôt chassés par l’arrimage. Le pont bourdonnait d’activité à mesure que les manières avalaient les dernières vagues, lançaient les cordages pour les nouer autour des poutres.

Confiant, les mains croisées dans son dos, Héphastos posa le pied sur le ponton, savoura la solidité des planches nullement éprouvées par les caresses de la mer. A sa suite, son second et les prisonniers. Inquiétant silence dans lequel régnaient les gémissements du bois martyrisés par les talonnettes du capitaine : nul crissement étouffé d’une charrette heurtant trop vite les pavés de hauteurs inégales, du martèlement métallique de sabots, de cris d’ivrognes. Ville fantômes à l’abandon de vie, mais non d’odeur : la putréfaction des colombins, de selles humaines et animales assaillaient l’équipage et porté par le vent, la senteur nauséabonde les obligea à couvrir leurs délicates narines. Héphastos eut presque pitié de ses prisonniers, condamnés à supporter l’immondice. Si Philaë n’exposait qu’un froncement de nez, ses matelots n’en menaient pas large ; la femme avec laquelle il couchait tira la langue de dégoût quand les autres grommelaient.

— Des porcs se vautrant dans leur fange, commenta l’un des pirates, un bel homme de quarante, de longs cheveux cendré cascadant dans son dos.

S’il n’avait été maraudeur, le corsaire aurait consenti à lui ouvrir son lit : des paroles intelligents et un passé de travailleur, tout ce qu’il appréciait chez un potentiel partenaire.

— Seuls le système d4épuration des déchets est à revoir, insista le capitaine. Les gens sont plutôt propres ici.

Il côtoyait d’autres ports où les selles baignaient dans des flaques d’urines devant les porches mais les pirates étant chassés avant même que leur navire n’approche le port, ils ignoraient tout des conditions sanitaires. En haute mer, tous les « désagréments » étaient jetés par-dessus bord..

— Voyez, déclara-t-il en se tournant vers les pirates en désignant d’un bras tendu une ruelle déserte.

— Comment savoir que ces flaques viennent de la pluie et non de la pisse ?

— La couleur, l’odeur…

— Parce que vous sentez autre chose que la crotte ?

Le pirate demeurait stoïque là où Philaë inclina la tête d’amusement.

— Suffit, Carl. Laissons les terrestres s’enorgueillir de leurs villes puantes.

Le blond haussa les épaules et porta un regard désintéressé sur les rangés de bâtiments jumeaux qui enserraient la venelle où seuls quelques points de lumière vacillants troublaient l’obscurité. Un terrain de chasse rêvé pour les détrousseurs de portefeuille. De rares hommes bravaient la pénombre, soit pressés de se barricader derrière leurs portes, soit une bouteille à la main, les dévisageant avec une posture menaçante. Les gens se contrôlaient dans ce type de ville : les ivrognes étaient rares et les regards peu amicaux réel. Si les aventuriers d’un jour étaient ignorés, des corsaires transportant avec eux des prisonniers pirates suscitaient la curiosité surtout si le convoi provenait des Terres Centrales, contrées dans l’esprit des taverniers, d’opulence et de richesses. Héphastos se remémorait de la pâle clarté des rayons de soleil se reflétant sur les châteaux de glace, de la lumière irisée sur les fines et précises sculptures du jardin enneigé et de leurs beaux princes aux cornes et aux manières raffinées.

Le corsaire abattit quatre fois son poing sur une porte plus petite d’une tête jusqu’à ce qu’un homme au visage étiré comme celui d’un rongeur apparut dans l’encadrement.

— C’est fermé. Revenez demain.

La porte aurait claqué si le capitaine n’y avait glissé son pied. D’un coup d’épaule, il força l’entrée et le petit père, sous l’impulsion, trébucha en arrière, narines tressautantes à l’image d’un rat ayant flairé un fromage.

— La justice ne devrait jamais être fermée !

— Elle est l’est pourtant, renifla le rongeur en évitant son regard et jouant avec le bouton de son manteau. Il a dit que les affaires attendraient demain.

— Misère de misère, siffla Philaë. Vais-je être jugé par une bande d’incapable ? Moi qui pensais rencontrer des gens importants, pauvre déception.

— La ferme, pirate, renchérit le second.

Héphastos n’avait guère besoin de voir le visage de son prisonnier pour sentir son sourire dans son dos.

— Enfermez-les dans vos geôles !

Chaque cloître disposait de cellule au confort plus que relatif mais toujours plus agréable que le pavé pour dormir pour ceux dont la justice réclamait du temps.

— D’où venez-vous, corsaire ? Le nombre de malfrats ne cessent d’augmenter et nous ne savons même plus où les entasser. Si vous voulez une justice, revenez demain soir. Avec un peu de chance, quelques un passeront à la corde.

Et sans plus de cérémonie, le rat claqua la porte. Avec un soupir, Héphastos se détourna et surprit la grimace railleuse de son ennemi :

— Je me passerai de vos commentaires.

— Ne vous formalisez pas, messieurs, cet accueil est le même pour tout le monde.

Un homme, haut de forme vissé sur sa tête et cape pourpre enveloppant ses épaules, canne surmontée d’une tête de fauve d’argent, s’approcha du groupe. Un fantôme parmi les morts, songea Héphastos. Ses chaussures plates ne claquaient pas contre le sol, favorisaient les pas silencieux et les démarches furtives.

— Geoffray de la Ponte-Saille pour vous servir, déclara-t-il avec une révérence et dénudant son crâne.

Le menton rosé, une barbe rousse courrait sur ses joues et un sourire charmant flottait sur ses lèvres.

— Capitaine Héphastos, corsaire de sa majesté d’Adrissax. Et mes prisonniers.

Le coin de ses lèvres retomba.

— Je crains que vous ne trouviez ce que vous cherchez ici. Notre ville s’est bien dépravée depuis quelques mois et le maire ne veut plus rien avoir à faire avec les pirates. Je le sais car j’ai perdu l’élection mais je suis trop honnête –ou stupide- pour tricher, scrupule que Van der Leegb n’a pas eu.

— Mieux vaut une vraie défaite qu’une victoire faussée.

— Ce qui ne vous arrange pas ! Ricana Philaë.

Le choc sourd d’un poing heurtant une mâchoire résonna derrière lui, crachat et silence confirmèrent la force du bras de son second.

— Savez-vous où je pourrais les emmener jusqu’à ce qu’ils soient jugés ? Une prison ?

— La prison, vous êtes devant. Quant à un autre endroit… Non, je ne vois rien.

— Où mes confrères entassent-ils leurs crapules dans ce cas ?

— J’ai bien peur qu’il n’y ait que peu qui s’arrêtent ici.

— Pourtant…

— Que faîtes-vous d’eux après, capitaine ? Ils ont besoin d’être éduqué mais où ? Nous avons assez de problème sans prendre encore ceux des autres. Je suis de votre avis, s’empressa-t-il d’ajouter, et je peux aussi entendre les miens. Le monde change, capitaine, seul l’avenir nous dira s’il a tourné dans le bons sens ou non. D’ici là, je vous recommande de les surveiller dans les geôles de votre propre navire jusqu’à demain.

— Etes-vous certain qu’ils seront disposés à les accueillir demain ?

L’homme haussa les épaules.

— Je l’ignore. Quels autres choix avez-vous qu’attendre ?

Les épaules d’Héphastos s’affaissèrent légèrement. Que faire d’eux maintenant ?

— Reconduis-les au navire, enferme-les et poste-les sous une bonne surveillance jusqu’à ce que…

Nous nous soyons débarrassés d’eux.

— Et vous, capitaine ?

— J’ai à faire.

Il attendit que ses hommes escortent ses prisonniers jusqu’au port et enfin seuls, il interrogea le capitaine sur une maison close.

— Beaucoup de l’empire ont fermé depuis que la gamine est montée sur le trône mais un homme a toujours des besoins, sourit l’étranger. Si vous étiez venu seulement dix ans avant, ce ne serait pas de petites bicoques avec des lanternes que vous aurez trouvé mais de véritables artistes. Autant les hommes que les femmes, vous me suivez, capitaine. Pas de sentiments, pas de tromperies.

— Si vous le dîtes.

Il savait que son second prendrait tous les tours de garde et libérerait les matelots de leurs engagements pour cette nuit et il ne serait guère surpris qu’un de ses voisins soit l’un des siens.

— Si vous me permettez un conseil, capitaine, je vous conseille Myrtha. Vous oublierez votre nom avant même de vous allonger sur le lit.

— J’y penserai.

Il s’attendait à un cierge rouge enfermé dans une lanterne quand seule une écharpe écarlate pendait au-dessus d’une cloison. Férus d’intimité, d’épais rideaux condamnaient les vitres. Son guide le suivit à l’intérieur, contre toute attente, et l’odeur musquée du sexe les frappa autant que les cris de jouissance et orgasmiques étouffées provenant des chambre à l’étage. Tables et bar n’étaient que le premier acte du spectacle : caresses hardis, baisers enflammés et une fois le sang bouillant, la suite se poursuivait à l’étage. Héphastos ne put que noter la beauté des demoiselles, leurs ventres aplati à coup d’herbes contraceptives, des cuisses fuselées par des années d’expériences, leurs lèvres peintes, les yeux soulignés de kôhl et le tissus évanescent de leur robe flottant dans leur sillage, comme porté par des êtres invisibles. Il se dirigea vers le bar.

— Merci, déclara Héphastos à son guide pour le congédier.

— Sans indiscrétion, capitaine, pourquoi êtes-vous ici ? Vous n’avez pas souri à une seule femme.

— Une bière, commanda le corsaire à la serveuse.

— Deux, proposa-t-elle avec un regard pour son voisin.

— Une.

Justice ne rimait pas avec politesse et théâtralité :

— Vous voudriez que je m’en aille alors que je connais votre petit secret ?

— Ce n’est plus un secret pour beaucoup de personnes.

— Messiers, les salua une prostituée aux hiéroglyphes peints en bleu sur son visage doré.

Poitrine enserrée dans un tissus qui couvrit gorge et bras jusqu’au poignet, ventre et dos dénudés, long châle couvrant son intimité et dévoilant des chevilles d’une finesse exemplaire, les putes avaient du goût.

— Qui est invité ? Interrogea-t-elle, les poings sur les hanches, la voix sulfureuse devant le visage crispé du corsaire.

— Il a besoin des services de cette maison, Lysia. Où est Myrtha ?

— Toujours pour elle ! Cracha la femme. Nous connaissons notre affaire bien mieux qu’elle, qu’a-t-elle de plus que nous cette oie blanche ?

Si son ton était boudeur, ses doigts vernis grimpaient la cuisse de son guide. Haut-de-forme retiré, Héphastos remarquait les contours effilés de son visage, sa pomme d’adam monter et descendre dans sa gorge.

— Et pour lui ? Ce n’est pas une femme dont il a besoin.

Devant sa mâchoire contractée, elle se justifia :

— Vous n’avez pas cherché à me toucher.

Puis, se penchant, elle murmura :

— Je reviens de suite, échauffe-toi mon grand. Tu sais comment je les aime.

Elle pinça son entre-jambe avec un sourire démoniaque avant de disparaitre derrière un rideau à l’autre bout de la pièce.

— Lysia sait y faire.

— Qu’a-t-elle de spécial, cette Myrtha, pour que les autres la jalousent ?

— Son âge : elle n’est pas encore réglée.

— Vous …

— La violer ? Certaineemnt pas. Je n’aime que les consentantes. Quel plaisir en retirerai-je si ma compagne ne frémit pas sous mes caresses ?

Viol, comme beaucoup d’autres mots, arboraient autant de définitions qu’il existait de bouches pour le prononcer. Consentante physique, peut-être, besoin matériel régit par un ordre supérieur (celui de la survie, pas d’acquiescement moral). Un viol. Peut-être murmurait-elle des paroles obscènes, paradait dans des tenues révélatrices, dévoilait son corps enfant pour de l’argent, de la nourriture et un toit. Et dire que les humains se considéraient comme libre, aveugles de lerus entraves qu’imposait le corps charnel.

Héphastos sirota sa bière sous les regards envieux des jeunes femmes. Certes, elle préférait s’offrir à un bel étranger, vigoureux et capable d’apprécier l’élasticité de leurs peaux d’une simple caresse plutôt qu’un riche, à moitié aveugle plus proche de la tombe que du feu de la vie, pétrissant leurs seins avec gloutonnerie. Après tout, qu’emporterait-on dans l’au-delà ?

La prostituée écarta les rideaux avec une grâce aérienne, entrelaça ses doigts aux siens.

— Des longs doigts, des paumes calleuses mais de douces intensions. J’ai quelqu’un pour vous. Attendez-là bas, c’est plus intimiste qu’en pleine lumière. Et nous, susurra-t-elle à son voisin, nous nous éclipsons.

La courtisane le conduisit à l’étage tandis que le corsaire se glissa auprès de dernières tables inoccupées éclairées seulement d’une ou deux lanternes. A peine eut-il le temps de s’installer qu’un jeune homme, aux longs cheveux noirs et à la chemise dévêtue laissant entrevoir un tatouage sur son pectoral, se présenta à lui. Où avait-il vu ce visage ?

— Je ne suis pas venu pour le sexe.

Mais son sang s’échauffait déjà. Réaction organique de son corps face à un physique qui lui plaisait. Beaucoup aimait les blonds, denrée rare dans l’empire, lui, préférait les bruns.

— Peut-être que ce n’est pas votre première intention mais je sais très bien où nou finirons la soirée. Je vois que je vous plais.

Il n’avait pas tort. Quel mal y avait-il à un écart dans ses habitudes ? L’homme attira une chaise et dans une posture dominatrice et virile s’assit.

— Que voulez-vous ?

— Engagez quelqu’un qui abandonnerait facilement sa vie ici.

— J’aime ce que je fais ici.

— Vous aimez l’argent facile, nuance.

— Quel mal y-a-t ’il à apprécier une vie de courtisan ?

Héphastos ricana, son sourd plus proche d’un grognement qu’un rire.

— Vous ne savez rien de cette vie.

— J’en sais assez pour vous proposer un poste à mon service.

— Pourquoi moi et pas elles ?

D’un geste du pouce, il désigna ses consœurs.

— Le pirate dont je veux que vous vous rapprochiez est homosexuel.

— Vous aussi. Pourquoi ne pas vous charger vous-même de la basse besogne ?

— Il connait mon visage.

Ses troublants yeux le fixaient avec intérêt. Un tel dieu ne devrait pas se souiller dans un bordel.

— Combien payez-vous ?

— Le double de votre solde actuel. Je suis un émissaire du roi d’Adrissax et je suis prêt à payer pour que la justice règne enfin.

— Le triple.

— Le double plus l’argent d’une nuit payé au triple.

— Pour un homme que ne voulait rien de plus qu’engager une prostituée, je vous trouve pressé, sourit-il en passant une main dans ses cheveux.

— La vie est courte.

— Que serai-je censée faire avec ce pirate ?

— Gagner sa confiance et me transmettre ses secrets.

— Et s’il me découvre ?

— Je ne doute pas que vous aurez tissé une toile pour garantir votre survie, hoqueta le corsaire alors que la prostituée glissa son genou entre ses cuisses et enroula ses doigts puissants derrière son crâne pour dévoiler sa gorge.

Entraînée par des années d’exercice, le brun connaissait son métier le maîtrisant à un niveau qui frôlait la perfection. Ses lèvres effleurèrent le lobe de son oreille, suivit le contour de sa mâchoire pour remonter jusqu’à sa bouche. Leurs langues se joignirent, s’enroulèrent, se découvrirent et explorant son dos, le corsaire pressa ses mains au creux de ses reins pour l’attirer contre lui. Il plongea ses doigts dans sa chevelure, l’agrippa alors que le baiser se fit plus sensuel, plus dangereux. L’amant déboutonna sa veste, explora son torse, titilla ses mamelons qui durcirent, dénoua les lacets de son pantalon avant d’agripper ses épaules et palper ses flancs à travers sa veste. Enivré, Héphastos ne contrôlait plus son corps, cherchait la bouche de son partenaire lorsqu’elle s’éloignait. Et soudain, il ne fut plus là, le poids sur ses genoux disparut, un courant d’air dû à l’entrée d’un client dans la maison close frappa ses joues. Avec un ardent sourire, le brun désigna une feuille jaunie par le temps, cachet du roi déchiré. Coincé entre son index et son majeur. Sa missive !

— Ne fais pas…

D’un geste, avant même qu’Héphastos ne put tendre le bras pour l’en empêcher, le traître déchira le décret royal dont les morceaux tombèrent à ces pieds tels des flocons orphelins avants les premières neiges.

— Bienvenu au nouveau pirate !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire eclipse-de-lune ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0