CHAPITRE 1 : 2/2
À l'entente de son nom, la jeune fille sursauta et tomba lourdement sur le parquet en bois. Elle était si perdue dans ses pensées qu'elle n’avait pas entendu son oncle entrer. Elle se redressa rapidement et fit face à l'homme, la respiration saccadée.
Surpris par la scène, Séraphin pouffa de rire. C'était bien la première fois qu'il la voyait aussi effrayée.
_ Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda Willow d'un ton franc, mettant aussitôt fin à ce moment de légèreté.
L'homme soupira et leva la tête vers elle. Elle ressemblait tant à sa mère. Hormis le teint, elles avaient toutes les deux de magnifiques yeux noisette et des silhouettes de mannequins.
_ N'aie pas peur, la rassura-t-il. Je t'ai juste apporté à manger, ajouta-t-il.
_ Je n'en veux pas, répondit sèchement Willow. Tout ce que je veux, c'est que vous me foutiez la paix.
_ Nous n'avons fait que ça depuis ton arrivée au manoir, lui fut-il remarqué.
À ces mots, elle garda le silence, désarmée.
_ Allez, assieds-toi. J'ai à te parler, ordonna l'homme après s'être raclé la gorge.
Enfin, le moment tant attendu était arrivé. Willow prit place sur son lit, tout en gardant une certaine distance avec son oncle. Elle ne voulait aucun contact physique avec lui. L'ayant remarqué, celui-ci recula sa chaise pour ne pas l'effrayer.
_ Écoute, je sais que nous avons commis une erreur en vous bannissant du manoir, mais ce n'est pas une raison pour te montrer aussi hostile envers nous. N'oublie pas que nous sommes une famille.
Surprise par cette dernière phrase, la jeune fille se leva précipitamment.
_ Une famille, dites-vous ? questionna-t-elle, le visage renfrogné. Avez-vous seulement une idée de ce que cela signifie ? Avez-vous la moindre idée de ce que nous avons traversé ? Vous l'avez mise à la porte sans aucun remords, alors qu'elle avait une gamine de onze ans à charge. Alors, ne venez pas me parler de famille, hurla-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.
Séraphin baissa la tête, honteux. Elle avait raison sur toute la ligne. Mais s'ils les avaient bannies à l'époque, c'était pour une raison qu'il ne pouvait divulguer à la jeune fille. C’était un secret qu'il s'était juré de ne jamais révéler à quiconque.
_ Tu as le droit de nous haïr, mais s'il te plaît, ne t'en prends plus aux plus jeunes. Ils n'ont rien avoir dans tout cela.
_ Qu'ils ne m'approchent pas, et je les laisserai tranquilles.
_ Tu sais très bien qu'ils ne le feront pas. Te voir toujours te renfermer sur toi-même les attriste. S'il te plaît, sois gentille avec eux. C'est tout ce que je te demande.
_ Laissez-moi partir, comme ça, ils ne souffriront plus à cause de moi, répondit-elle.
_ Il est hors de question que je te laisse partir ! rugit l'homme en se levant brusquement. Tu auras beau te montrer désagréable envers nous, tu ne quitteras jamais cet endroit. Enfonce ça bien dans ton crâne ! hurla-t-il avant de sortir de la chambre, enragé.
Prise d'une rage soudaine, Willow se mit à hurler, saccageant tout sur son passage. Alors qu'elle s'acharnait sur la lampe de chevet, un murmure se fit entendre dans la chambre, et la jeune fille s'écroula au sol. La tête lourde, elle sombra peu à peu dans un profond sommeil.
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