CHAPITRE 2
_ Wiilloow…
Willow ouvrit lentement les yeux, priant intérieurement pour que ce ne soit pas ce à quoi elle pensait. Une fois de plus, sa prière ne fut pas exaucée. Elle se retrouvait encore dans cette robe blanche, les pieds nus, au milieu de cette maisonnette en bois délabrée, éclairée par les rayons de la lune qui s'infiltraient à travers les trous de la toiture.
_ Aller, approche…, murmura une voix à la fois proche et lointaine.
_ Je vous en prie, non ! supplia-t-elle, les yeux embués de larmes.
_ Cette fois sera la dernière. Vient à moi, ordonna la voix.
La jeune fille déglutit avec difficulté et s'avança lentement vers la porte, qui s'ouvrit dans un grincement insupportable, révélant une forêt brumeuse.
Un vent frais souffla sur son visage alors qu'elle franchissait le seuil. Ces pas foulèrent le sol humide, et elle s'arrêta au pied d'un grand arbre. C’est alors qu’elle vit des yeux rouges apparaître dans la brume, ces mêmes yeux couleurs sang qui la hantaient chaque jour.
_ Tu me remercieras un de ses jours, car ce que je t'offre n'est pas à la portée de tout le monde.
Sans un mot, elle se dirigea vers les yeux luisants et aperçut, pour la première fois, celui à qui ils appartenaient : une énorme créature à la fourrure noire dont la morphologie ressemblait à vaguement à celle d'un humain. Elle se dressait sur ses pattes arrière, arborant d'énormes griffes et des crocs acérés.
La peur au ventre, Willow avança vers elle, ne voulant pas désobéir à cette créature à tête de Loup. Soudain, un énorme cratère s'ouvrit devant elle, l'empêchant de rejoindre la bête. Surprise par cet événement, Willow Prit aussitôt ces jambes à son cou, pensant qu'il serait impossible à la créature de franchir un tel gouffre. Il était hors de question qu'elle mange encore de la chair crue.
Dans sa course effrénée, elle jeta un regard derrière elle et entendit la bête grogner.
_ Où crois-tu aller ? Je suis celui qui a façonné cet endroit. Tu n'as aucune chance de t'échapper, alors abandonne cette course absurde, lui cri la bête tandis qu'elle s'enfonçait dans les bois.
La créature se mit à quatre pattes et grogna de colère, laissant échapper de la salive de sa gueule. Elle gratta le sol et se lança à la poursuite de la jeune fille, mais fut stoppée par une étrange lumière qui jaillit du cratère.
Willow, continuant à courir, se retourna de nouveau et aperçut la lumière blanche qui divisait la forêt en deux. Cela la fit ralentir. Un vent puissant souffla de nouveau, balayant tout sur son passage, et la jeune fille se retrouva propulsée en arrière. Alors que tout s'effaçait et que ça vision se brouillait, elle entendit la bête hurler de loin.
**
Séraphin, sortit furieux de la chambre de willow, agacé de l'entêtement de la jeune fille à vouloir quitter le manoir. Bien qu'il fût doué avec les adolescents, il ne savait vraiment pas comment gérer cette fille. Il avait tout essayé pour la convaincre, mais rien ne marchait.
Il descendit précipitamment les marches menant au rez-de-chaussée et se rendit dans le jardin de la cour arrière, où il se mit à tourner en rond, interrompant la lecture de Rebecca, son épouse, assise sur une balançoire.
Exaspérée de voir son mari dans cet état, Rebecca claqua son livre, se leva et s'approcha de lui. Elle posa sa main sur l'épaule de Séraphin, mettant fin à sa ronde interminable.
_ Qu'est-ce qui te tracasse, mon amour ? demanda-t-elle en caressant délicatement la joue de l'homme.
_ Je ne sais plus quoi faire avec cette petite, avoua-t-il en posant un baiser sur la main de son épouse. Elle s'obstine à vouloir quitter le manoir.
_ Et où irait-elle ?
_ Je n'en ai aucune idée. Elle préfère peut-être errer dans la rue plutôt que de vivre sous le même toit que nous.
_ Et pourquoi ne la laisses-tu pas partir ? Questionna la femme.
_ Tu plaisantes ? s’exclama-t-il. Comment pourrais-je laisser un membre de ma famille livrée à lui-même ? Sans oublier qu'elle pourrait être prise pour cible par ces créatures.
_ Alors laisse-la partir chez son père. Elle serait plus en sécurité là-bas.
_ Mais nous ignorons où il se trouve. À savoir s'il est toujours en vie… Ça fait tellement longtemps que nous n'avons pas eu de ses nouvelles.
_ Ben a pourtant dit qu'il le retrouverait. Je sais que tu veux te racheter pour avoir banni Melissa et sa fille, mais crois-moi, la meilleure façon de te racheter serait de la rendre à son père.
Séraphin garda le silence, leva les yeux vers le ciel bleu et inspira profondément. Décidément, tout le monde voulait qu'elle s'en aille. Peut-être que cela serait mieux pour chacun d'eux, même s'il ne le voulait pas. De toute façon, il n'avait plus la force de lutter.
_ C'est d'accord, se décida-t-il après un soupir.
Rebecca sourit à son époux, satisfaite qu'il accepte enfin de laisser Willow partir. Personnellement, elle n'avait rien contre la jeune fille, mais depuis son arrivée, la famille n'était plus la même. Mais Séraphin tenait énormément à elle.
Le regard plongé dans celui de son époux, Rebecca décela de la tristesse dans ses yeux.
_ Je vais essayer de lui parler, et si elle persiste à vouloir partir alors nous la laisserons s'en aller, d’accord ! dit-elle avec un sourire bienveillant.
Séraphin posa de nouveau un baiser sur la main de son épouse et la laissa partir. Peut-être parviendrait-elle à convaincre la jeune fille, même s'il n'y croyait pas.
Rebecca se tenait devant la chambre de Willow, hésitant à frapper à la porte. Vu le caractère de la jeune fille, elle ne voulait pas se faire manquer de respect. Mais pour la tranquillité de cette famille, elle se devait d’intervenir à son tour. Elle était la moins détester par Willow et peut-être avec un peu de chance, elle parviendrait à lui faire entendre raison. Elle respira un bon coup et toqua, espérant que tout se passe bien. N'ayant pas eu de réponse, elle toqu une seconde fois et entrouvrit la porte.
_ Par tous mes ancêtres ! s’exclama-t-elle en découvrant l'état de la chambre.
Aussitôt, elle ouvrit grand la porte, et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit la jeune fille étalée sur le parquet, inconsciente.
_ Willow, hurla-t-elle en se précipitant vers elle.
Elle s'agenouilla et posa ses mains sur le corps brûlant et moite de la jeune fille, pius appela à l'aide.
En moins de deux minutes, Blair entra en trombe dans la pièce, suivie par Ben, son épouse et la petite Agathe.
_ Que s'est-il passé ? demanda Ben paniqué. Appelle le docteur, vite ! ordonna-t-il à sa femme.
_ Je n'en sais rien, je viens de la trouvée inconsciente, expliqua Rebecca.
Ben s'agenouilla à son tour et prit la jeune fille dans ses bras. Alors qu'il la portait vers le lit, Willow ouvrit légèrement les yeux et aperçut l'air inquiet de son oncle avant de perdre à nouveau connaissance.
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