Willow dormait profondément lorsque l’avion atterrit à l’aéroport de Portland. Après deux escales et des heures de vol, elle était enfin arrivée aux États-Unis, dans l’État de l’Oregon. Suite à une annonce faite par l’hôtesse de l’air, Willow fut tirée de son sommeil et s’étira. Assise du côté du hublot, elle jeta un coup d’œil au merveilleux paysage de Portland et esquissa un sourire, soulagée que le voyage touche à sa fin. Tout son corps était engourdi à cause du long trajet.

Alors qu’elle récupérait ses affaires, elle fut prise d’une angoisse, provoquée par les retrouvailles qui auraient lieu dans quelques minutes. Elle prit une grande inspiration pour calmer son rythme cardiaque. Du calme, tout ira bien, se rassura-t-elle. Elle prit ses bagages et se dirigea vers la sortie, scrutant la foule qui grouillait dans l’aéroport, dans l’espoir d’apercevoir son père. Même s’ils s’étaient perdus de vue pendant six longues années, elle était sûre de le reconnaître.

Pendant qu’elle balayait le lieu du regard, elle aperçut un homme blanc de taille élancé, portant un uniforme de police, agitant une pancarte portant son nom. À ce moment-là, son cœur fit un bon. C’était lui. Elle prit une grande inspiration et se dirigea vers l’homme aux cheveux bruns, un sourire aux lèvres. Mais à chaque pas qu’elle faisait vers lui, son cœur battait à un rythme effréné.

Patientant dans la foule, l’homme cherchait d’un regard inquiet sa fille. Cela faisait tellement longtemps qu’il craignait de ne pas la reconnaître. À cette pensée, il frissonna. Ce serait pour lui une honte si jamais, c'était le cas. Ne disait-on pas qu’un parent ne peut oublier son enfant, même après des années de séparation ? Il ne l’avait pas vue depuis longtemps, mais il avait en mémoire l’image de la belle jeune fille qu’elle était.

Regardant dans la foule, il vit une jeune fille se précipiter vers lui et fut empli de soulagement et de bonheur. C’était elle, c’était bien sa fille. Laissant tomber la pancarte, il accourut vers elle. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’enlacer, Willow hésita, gênée par cette soudaine retrouvaille.

_ Salut ! Dit-elle en tendant maladroitement la main.

L’homme ne répondit pas et haussa un sourcil avant de la serrer contre lui.

_ Pas de ça entre nous, ma petite biche, dit-il, les yeux embués de larmes et la voix tremblante.

À ces mots, Willow fut parcourue d’un frisson, et une larme coula de son œil. À ce moment-là, elle fut prise d’une sensation d’apaisement et de sécurité. Le doux parfum que dégageait son père, réveilla en elle de tendres souvenirs, et elle sourit, heureuse de cette retrouvaille.

Après de longues minutes de câlin, son père l’aida à porter ses valises jusqu’à la voiture de police. Il rangea les bagages dans le coffre et reprit la route en direction de la ville de Forest Grove.

Durant le trajet, Willow observait le paysage, pensive. Maintenant qu’ils étaient réunis, elle avait des tonnes de questions à lui poser, mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Elle n’avait pas envie de le mettre mal à l’aise alors qu’ils venaient à peine de se retrouver. Elle poussa un soupir et continua à observer les arbres défiler sous ses yeux. Son père, remarquant son air songeur, haussa un sourcil.

_ Tout va bien, ma biche ? demanda-t-il.

_ Euh... Oui !, répondit-elle, distraite.

_ Tu as l’air pensive, repris l’homme. Dis-moi ce qu’il y a.

_ Pourquoi nous as-tu abandonnées ? lâcha-t-elle soudainement.

Pris au dépourvu, l’homme resta sans voix, la bouche grande ouverte.

_ Euh... C’est compliqué, dit-il en détournant le regard. Je t’expliquerais tout un jour, promis. Mais pour l’instant, je veux juste te ramener à la maison. Tu dois avoir faim n’est-ce pas ?

Willow acquiesça et détourna le regard. Il est vrai qu’elle n’avait pratiquement pas mangé dans l’avion.

Pour briser le silence qui régnait dans l’habitacle, son père alluma la radio et mit de la musique. Ainsi se déroula le reste du trajet.