CHAPITRE 6 : 1/2
Alors qu’elle observait le paysage, distraite, Willow aperçut une grande pancarte à l’entrée de la ville sur laquelle était écrit : « Bienvenue à Forest Grove ». Aussitôt, elle poussa un soupir et esquissa un sourire, heureuse d’arriver enfin à destination. Bien qu’elle aimât voyager, elle avait eu sa dose de trajet pour aujourd’hui. Après des heures de vol, elle s’était tapé une bonne heure de route, et son corps, engourdi, lui réclamait du repos.
Le regard plongé à l’horizon, elle admira les belles bâtisses de la ville, profitant de l’occasion pour repérer certains endroits, comme les fast-foods, les bars et tout qui ressemblaient à un lieu de distraction. Elle avait arrêté l’école en pleine année scolaire, et il lui fallait de quoi s’occuper d’ici la prochaine rentrée. Si elle devait passer de longues vacances, il valait mieux se trouver une occupation.
Pendant qu’elle appréciait la beauté autour d’elle, son regard se posa sur son père, et pour la première fois depuis leurs retrouvailles, elle l’observa avec attention. Il était exactement comme dans ses souvenirs : ni une ride, ni un cheveu blanc n’était apparu. Il était toujours aussi beau, avec ses yeux d’un brun profond, ses cheveux bruns soignés et sa peau hâlée qui dégageait de la fraîcheur. L’homme qui conduisait, tourna soudain la tête dans sa direction, et elle détourna aussitôt le regard, gênée. Son père, ayant remarqué qu’elle l’admirait, esquissa un sourire narquois et prit la parole pour dissiper la gêne.
_ Alors, comment trouves-tu la ville ? demanda-t-il.
_ Elle est plutôt charmante, répondit-elle en croisant les bras. J’espère que les habitants sont tout aussi charmants que la ville, ajouta-t-elle avec un sourire.
_ Humm ! Tu sais, chacun à son caractère, mais dans l’ensemble, je dirais que oui. Et tu le découvriras assez vite. Je parierai même que tu te feras très vite des amis.
À cette dernière phrase, Willow pouffa de rire.
_ Quoi ? Tu ne me crois pas, c’est ça ? Questionna son père.
_ Non, pas du tout, dit-elle au bord d’un éclat de rire. Enfin, ça reste à voir.
Se connaissant bien, elle savait qu’elle aurait du mal à se faire des amis, surtout qu’elle avait toujours préféré être seule. Pourtant, elle n’était en aucun cas une introvertie. Elle préférait juste éviter les embrouilles à cause de son caractère trempé, et pour ça, rien de tel que la solitude.
Le véhicule, qui s’était désormais engagé dans la ville, prit un chemin sur lequel une multitude de maisons, construite de la même manière, bordaient la voie. À cette vue, Willow frissonna. Voir toutes ces maisons jumelles lui hérissa les poils. Comment pouvait-on bâtir de telles horreurs ? Et quel était le but de les rendre identiques, même dans la couleur ? Était-ce pour tromper les voleurs ? Car si c’était l’objectif, elle était atteinte. Déjà, elle avait du mal à retrouver son immeuble lorsqu’elle vivait à Paris. Là, c’était carrément évident qu’elle se tromperait un jour de maison. Mais dans cette déception, elle appréciait tout de même une chose : la forêt verdoyante qui entourait les habitations. Là, au moins, il y avait de l’air pur.
La voiture, avançant prudemment, finit par se garer au bout des constructions. La maison de son père était la dernière. Elle était construite à la lisière de la forêt qui les entourait. Willow sortit de la voiture aussi vite que son corps le lui permettait. Épuisée, elle s’étira et s’adossa au véhicule, laissant son père se charger de descendre les bagages. Prenant une grande bouffée d’air, elle sentit l’odeur du bois et expira. Qu’est-ce que c’était agréable. Elle se retourna et fut face à la demeure : une grande maison en bois, peinte en blanc, avec une toiture faite de tuiles orange et clôturée par une haie. Sans s’attarder, Willow emboîta le pas de son père et entra à l’intérieur.
_ Eh, voilà ! Bienvenue chez toi, ma bichette, lui souhaita son père en posant les valises sur le parquet.
_ Merci, papa ! Répondit-elle en balayant la pièce du regard.
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