CHAPITRE 7 : 2/2
L’homme se redressa, un sourire forcé aux lèvres.
_ Alors, tu vois ? Je te dis la vérité, je te le jure.
Willow le regarda toujours incrédule. Même si le numéro de son père était enregistré dans le téléphone de l’inconnu, elle refusait de lui faire confiance. Puis son regard se posa sur l’arme accrochée à sa ceinture. Il devait avoir quatre ans de plus qu’elle, peut-être, mais avec un flingue, il avait clairement l’avantage. Mourir jeune n’était pas dans ses projets.
_ D’accord, je te crois, mentit-elle. Maintenant, dis-moi ce que tu fais ici.
Le rouquin soupira, exaspéré.
_ Tu n’écoutes rien, ma parole. Si je suis là, c’est pour faire ta connaissance. Ton père m’a prévenu de ton arrivée aujourd’hui, alors j’ai voulu te rencontrer. Je pensais te trouver avec lui, mais il n’est pas là.
_ Je vois, répondit-elle en croisant les bras. Eh bien, me voilà, en chair et en os.
Devant tant de détails précis, Willow baissa légèrement sa garde. S’il connaissait autant son père, il devait vraiment être proche de lui. Elle esquissa un sourire et se dirigea vers la table pour débarrasser son assiette.
_ Qu’est-ce qui te fait sourire, jeune fille ? demanda l’homme, curieux.
_ "Jeune fille" ? Ricana-t-elle. Je ne suis pas une jeune fille et encore moins pour toi.
_ Oh, désolé, mademoiselle, plaisanta-t-il. Mais pourquoi je n’aurais pas le droit de t’appeler comme ça ?
Elle éclata de rire. Au moins, il avait de l’humour.
_ Primo, je ne te connais pas. Et deuzio, j’aurai dix-huit ans dans deux jours. Alors, épargne-moi la " jeune fille". Ce n’est pas parce que tu es un peu plus vieux que moi que tu peux te permettre.
Le rouquin éclata de rire à son tour.
_ Eh bien, tu as du caractère, toi ! Et sur quoi te bases-tu pour supposer qu’on a la même tranche d’âge ? Tu sais quel âge j’ai ?
_ Non. Et je m’en fiche, rétorqua-t-elle en quittant la cuisine. Tu peux attendre dans le salon. Mon père ne va pas tarder.
Le jeune homme, la regarda monter les escaliers, secouant la tête, amusé. Sacrée tête de mule.
***
Quelques heures plus tard
Absorbée par sa musique, Willow rangeait ses affaires en chantant. Distraite, elle ne remarqua pas son père entré dans sa chambre. Lorsqu’il posa une main sur épaule, elle sursauta et arracha ses écouteurs.
_ Papa ! Tu m’as fait peur !
_ Ça fait deux minutes que je t’appelle, répondit Clark en riant. Qu’est-ce que tu écoutais ?
_ Ava Max. Mais je doute que tu connaisses.
_ Effectivement. Allez, viens dîner, on t’attend.
_ "On" ? s’étonna-t-elle.
_ Oui. Mon jeune collègue est en bas. Il me semble que vous avez déjà fait connaissance.
_ Oh, que oui, Ricana-t-elle. Je descends dans deux minutes.
Clark hocha la tête et referma la porte. Willow sourit en repensant à la raclée qu’elle avait infligée au rouquin. Pour un flic, il est sacrement nul.
En arrivant dans la cuisine, elle surprit les deux hommes en pleine discussion. Dès qu’ils la virent, ils cessèrent et son père se leva pour servir le repas.
_ Bon appétit, lança-t-il avant de s’asseoir.
Caleb, assis à côté de Clark, fixait Willow avec insistant. Mais elle l’ignora et se servit sans un mot.
Au bout d’un moment, cela agaça la jeune fille.
_ Quoi ? Tu veux ma photo ? lâcha-t-elle sèchement.
Clark compris immédiatement que la version "rencontre pacifique ” de Caleb était un mensonge. Il toussota pour détendre l’atmosphère.
_ Bon, je sais que vous vous êtes déjà rencontrés, mais je refais les présentations. Willow, voici Caleb, mon tout nouvel officier et l’un des plus jeunes du poste.
_ "Nouveau ” ? Je comprends mieux pourquoi il est si nul, ricana-t-elle.
_ Pardon ? S’étrangla Clark.
_ Euh… Elle plaisante, surement, bredouilla Caleb, gêné.
_ Brefs. Caleb, voici Willow, ma fille. C’est elle que tu devras surveiller en mon absence.
_ QUOI ? s’exclama-t-elle. "Surveiller ” ?!
_ L’officier Caleb sera responsable de ta sécurité les soirs où je ne serai pas là. La ville est en proie à une série de meurtres inexpliqués. Il est là pour te protéger.
_ Des meurtres ? Donc, je suis coincée ici le soir ?
_ Jusqu’à ce qu’on attrape le coupable, oui.
Willow poussa un long soupir, découragée. À peine arriver, et déjà des restrictions.
_ Dans ce cas, je veux un autre flic.
_ Pourquoi ? Caleb est...
_... Celui qui s’est fait défoncer par la fille qu’il était censé protéger il y a deux heures, coupa-t-elle.
Clark leva un sourcil. Caleb, en train de manger, faillit s’étouffer.
_ Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé, se défendit-il. Elle m’a attaqué, et je ne me suis pas défendu parce que je savais que c’était votre fille.
_ Menteur, grogna Willow en croisant les bras.
_ Quoi qu’il en soit, ce sera lui, trancha Clark. On a assez de disparitions et de meurtres sans que je doive céder à tes caprices. Au cas où tu l’ignorerais, je suis le chef de la police.
Un silence pesant s’installa pour le reste du dîner.
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