CHAPITRE 8 : 1/2
Willow ouvrit lentement les yeux, réveillée par le gazouillis de quatre oiseaux qui se battaient pour une place à sa fenêtre. Elle passa une main dans ses boucles noires et s’étira en bâillant à pleine bouche. Pour une fois, elle s’était réveillée sans un sursaut. Pour une fois, son sommeil n’avait pas été troublé par son cauchemar habituel. Pour une fois, personne ne l’avait dérangée, lui offrant un repos bien mérité. Toute la fatigue accumulée pendant son voyage s’était dissipée, laissant place à une énergique nouvelle.
Son regard se porta sur les oiseaux qui s’agitaient devant la fenêtre. Il faisait à peine jour. Un coup d’œil à l’horloge lui apprit qu’il était six heures sept. Elle esquissa un sourire. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas réveillée aussi tôt, pas depuis son départ de Paris. C’était à ces heure-là qu’elle avait l’habitude de faire du sport avec sa mère les week-ends. Depuis sa mort, elle avait abandonné cette routine. Mais aujourd’hui, débordante d’énergie, elle comptait bien s’y remettre.
D’un bond, elle quitta son lit et se précipita vers son placard, fouillant à toute vitesse pour trouver une tenue de sport. Après avoir éparpillé presque toutes ses affaires, elle dénicha un débardeur rose et un jean moulant qu’elle enfila en un clin d’œil. Elle attrapa son téléphone, y enfonça ses écouteurs et sortit de sa chambre.
En descendant l’escalier, elle aperçut le rouquin endormi dans le fauteuil et s’arrêta net, les sourcils froncés. Pourquoi dormait-il chez elle ? Il était censé faire sa connaissance, pas squatter son salon. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais une chose était claire : elle le détestait déjà. À cause de lui, elle avait dû aller se coucher après le dîner sans avoir pu discuter avec son père, et ça l’énervait.
Le regard noir, elle reprit sa descente, cette fois sur la pointe des pieds. Avec précaution, elle ouvrit la porte et la referma doucement derrière elle.
Dehors, l’air frais du matin l’accueillit. Elle inspira profondément. Quel plaisir de sentir cette brise sur la peau. Bien que les rues fussent désertes, elle n’éprouvait aucune peur. Après quelques étirements, elle sélectionna Shape of You d’Ed Sheeran et s’élança d’un pas modéré sur un sentier forestier.
***
Paris, France – 15 h
Séraphin marchait d’un pas rageur sous le soleil brulant, serrant entre ses doigts le rapport d’enquête sur la mort de sa sœur Mélissa. Tôt ce matin, il avait enfin reçu les conclusions des investigations. Les policiers, dépassés par la complexité de l’affaire, avaient classé le dossier en évoquant une « attaque de bête non identifiée ».
Une conclusion inacceptable.
Il comprenait leur impuissance — seuls des gens comme lui pouvaient résoudre ce genre de crime. Des gens capables de distinguer les humains des créatures de l’ombre ? Ces abominations issues des légendes. Lui et ses frères appartenaient à une organisation secrète vouée à éradiquer ces monstres. Et il savait exactement quelle espèce avait pu commettre un tel massacre.
Pourtant, une chose le troublait : Mélissa était l’une des meilleures Chasseuses de l’organisation. Qu’un simple loup-garou ait pu la tuer lui semblait inconcevable.
Pour élucider ce mystère, il ne lui restait qu’une piste : retrouver le seul témoin vivant présent lors du crime.
Après avoir parcouru plusieurs rues, il s’engagea dans une ruelle presque déserte, l’odeur des poubelles lui soulevant le cœur. Le nez plissé, il souleva une vieille trappe en bois et sauta dans l’obscurité.
Cinq secondes plus tard, il atterrit dans un tunnel humide, l’air saturé d’une puanteur de moisissure. Sa lampe torche éclaira des murs couverts de graffiti, des rats filant entre ses pieds. Réprimant un haut-le-cœur, il avança, pressé de quitter ce cloaque.
Après de longues minutes, il atteignit un éboulis obstruant le passage. Les dents serrées, il examina chaque pierre. Savoir qu’il avait fait tout ce chemin pour tomber sur des blocs de roche lui cassait le moral. Pourtant, son informateur ne l’avait jamais mis sur une fausse piste. Refusant d’admettre l’impasse, il se mit à tapoter les moindres recoins du lieu, espérant entendre un son creux. C’est alors qu’il aperçut, à demi cachée, une échelle en fer rouillée menant à une ouverture au plafond.
En trois mouvements agiles, il l’escalada et poussa une trappe, émergeant dans des toilettes publiques crasseuses, faiblement éclairées par une ampoule vacillante.
Alors qu’il s’époussetait, la porte des toilettes s’ouvrit brutalement et il se figea.
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