CHAPITRE 8 : 2/2
Paris, France – Toilettes d’un bar louche.
Séraphin retenait son souffle, l’oreille collée à la porte de la cabine. Les gémissements étouffés et les bruits de chair contre chair ne laissaient aucun doute sur ce qui se passait à l’extérieur. Il entrouvrit prudemment la porte, jetant un regard furtif.
Un jeune brun aux yeux rouge écarlate était coincé entre les jambes d’une rousse, plaquée contre le mur fissuré, leurs vêtements en désordre. Séraphin referma aussitôt la porte, se passant une main sur le visage. Des vampires en pleine étreinte. Quelle horreur.
Assis sur le couvercle des toilettes, il tambourinait des doigts sur son genou. Chaque minute perdue ici était une minute de plus où le meurtrier de sa sœur courait toujours. Son regard tomba sur sa montre : quinze heures quarante-sept. Ils en mettent du temps, pour des morts-vivants.
N’y tenant plus, il sortit un pieu en bois de sa veste et fit irruption dans la pièce.
_ Excusez l’interruption, mais je suis pressé, lança-t-il en brandissant son arme. Manière douce où manière forte ?
Le brun se détacha de sa compagne, révélant des crocs étincelants.
_ Un chasseur, gronda-t-il.
_ Bingo, répondit Séraphin en esquissant un sourire carnassier. Alors ?
En réponse, le vampire bondit avec une rapidité surnaturelle, projetant Séraphin contre le mur. Par chance, la tête du chasseur manqua de s’écraser contre le carrelage.
_ Pas mal pour un jeune vampire, cracha-t-il en se relevant. Mais ta deuxième mort arrive.
Le vampire observait son adversaire avec méfiance. Malgré sa supériorité physique, il savait qu’un chasseur expérimenté était dangereux. Dans un éclair de mouvement, il attaqua à nouveau – pour s’écrouler aussitôt, une fléchette en bois plantée en plein cœur. Son corps se consuma en une fumée âcre.
_ Je l’avais prévenu, soupira Séraphin en rangeant son arme. Et toi ? demanda-t-il en se tournant vers la rousse.
Se sachant impuissante face au chasseur, la jeune rousse grogna et disparut dans un souffle de vent.
Séraphin esquissa un sourire et marchait en direction de la porte. En poussant, il fut assailli par les rires et la musique d’un bar bondé. L’odeur du sang chaud et l’alcool lui vrilla les narines. Tous ces vampires attablés, riants comme des humains, lui soulevait le cœur.
Son regard se posa sur une silhouette massive au comptoir – le témoin qu’il cherchait. Mais avant qu’il ne puisse faire un pas, le vampire le repéra.
_ Un chasseur ! hurla-t-il en pointant Séraphin du doigt.
En un instant, Séraphin fut encerclé par une vingtaine de créatures aux yeux luisants. Un colosse, balafré, s’avança, grimaçant.
_ Tu crois pouvoir marcher ici comme dans ton salon, chasseur ? gronda-t-il.
_ Je ne veux que discuter, répondit Séraphin, la main sur son arme.
Des rires s’élevèrent dans la salle.
_ Vous entendez ça les mecs, il veut discuter ! s’esclaffa le colosse.
Sa main se referma sur l’épaule de Séraphin, les crocs étincelants… pour reculer aussitôt en hurlant, le visage brulé par l’eau bénite.
_ TUEZ-LE, hurla-t-il, se tordant de douleur.
Sans hésiter, ils se ruèrent tous sur Séraphin, transformant le bar en un champ de bataille.
Trente minutes plus tard, Séraphin, essoufflé, s’assit sur une table, contemplant les cadavres en décomposition qui empestait l’air. Il toussa, un mouchoir, pressez contre son nez, puis bondit vers les toilettes pour respirer.
Alors qu’il reprenait peu à peu son souffle, un grattement provenant de la cabine attira son attention. Un pieu en main, il l’ouvrit d’un coup de pied et tomba sur le témoin.
_ Pitié, je…
La créature n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Séraphin l’attrapa par le col et l’écrasa contre le mur, ses yeux brulant de rage.
_ Toi.
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