CHAPITRE 9 : 2/2
Alors qu’elle approchait de la lisière de la forêt, Willow pesait ses options pour la matinée : explorer la ville ou défaire le reste de ses valises ? Alors qu’elle hésitait, un frisson glacial lui parcourut l’échine. Instantanément, elle accéléra le pas. Cette forêt commençait sérieusement à lui ficher la trouille.
Un craquement sec derrière elle la fit sursauter. Elle se figea, puis se retourna d’un mouvement brusque.
À une trentaine de mètres, un homme encapuchonné observait fixement, immobile entre les troncs. Malgré la lumière matinale filtrant à travers les feuilles, son visage restait plongé dans l’ombre. Le cœur de Willow fit un bond violent. Mon Dieu… le tueur ? Ses jambes se dérobèrent. Même à cette distance, elle était incapable de bouger.
L’inconnu, lui, ne montrait aucune émotion, se contentant de l’observer.
Ils restèrent ainsi figés dans un silence oppressant, jusqu’à ce que l’homme tourne les talons et disparaisse dans les bois aussi silencieusement qu’une ombre.
Willow trouva soudain l’usage de ses membres. Elle détala, le souffle court, jusqu’à trébucher sur le bitume devant chez elle. Les genoux en feu, elle se releva péniblement et franchit la porte d’entrer en titubant pour se retrouver nez à nez avec Caleb.
_ Willow ! s’exclama-t-il en sursautant. Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
Sans répondre, elle le bouscula et s’effondra dans le fauteuil, tremblante.
_ Où étais-tu ? insista-t-il. Sortir si tôt, c’est risqué avec ce tueur en…
_ LAISSE-MOI TRANQUILLE ! hurla-t-elle les poings serrés. Tu n’es pas ma famille ! Ton seul job, c’est de me surveiller quand mon père est absent, rien de plus !
Caleb recula comme elle l’avait giflé. Sans un mot, il quitta la pièce.
Willow enfouit son visage dans ses mains. Elle détestait blesser les gens, mais cette rencontre dans les bois l’avait retournée et ses questions l’avaient exaspéré.
Après quelques minutes, elle se traina jusqu’à la cuisine dans laquelle Caleb préparait un café, le dos raide.
_ Désolée… murmura-t-elle en tripotant ses doigts. J’ai été méchante.
_ T’as raison, je me mêle de ce qui ne me regarde pas, répondit-il sans la regarder. Mais ton père… il a été comme un père pour moi. Après l’accident de mes parents…
_ … Mon père t'a recueilli ? cligna-t-elle des yeux.
_ Oui. Et si je suis flic, c’est grâce à lui. Mes parents… c’étaient des monstres, dit-il, une lueur amère traversant son regard. Leur mort, c’était presque une libération.
_ Je… Je ne savais pas, lâcha-t-elle, un pincement au cœur.
Caleb essuya une larme furtive et sourit.
_ T’inquiète. C’est du passé.
Un silence pesant s’installa, jusqu’à ce que Caleb remarque soudain :
_ T’es blessée !
Willow regarda son coude, éraflé et saignant et fut surpris de ne pas avoir senti la douleur plus tôt.
_ Vas nettoyer ça avant que ton père ne se réveille, conseilla Caleb.
Elle acquiesça, puis s’arrêta sur le seuil :
_ Comment as-tu su que j’étais sorti ?
Un sourire malicieux étira les lèvres du rouquin.
_ Je t’ai vu descendre. J’étais réveillé quand tu m’as regardé comme si j’étais un clochard squattant ton salon.
Willow rougit violemment et s’enfuit sous les rires de Caleb.
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