Minuit
Très chère « X »,
Il est minuit, exactement.
J'ai bien tenté de me coucher tôt, afin de profiter de cette dernière journée, mais je me suis éveillée au bout de quatre heures. Sans doute à cause de toutes les pensées qui tournaient dans ma tête.
Plutôt que de rester allongée dans le noir, j'ai décidé de remiser mes affaires : il est grand temps, me diras-tu ! Mais chaque année paire, j'attends le dernier moment. Je ne veux pas ôter de ce lieu tout ce qui a marqué ma présence pendant les trois cent soixante-quatre jours précédents.
De toute façon, il demeurera toujours quelques traces : un trou dans le mur, une tache sur le sol... Personne ne peut effacer sa présence d'un endroit aussi radicalement, comme s'il n'avait jamais existé.
Et puis, Bubulle et mes deux plantes vertes resteront sur les lieux. Ils l'ont accepté dans la mesure où « ni les plantes ni les poissons rouges n'exigeaient un entretien très lourd ni un investissement émotionnel particulier ».
Les crétins.
Ils m'ont dit qu'ils te donneraient tous les éléments concernant leur entretien, mais ils ne peuvent pas savoir que la plante aux feuilles rouges - dont j'ai oublié le nom - n'aime pas la lumière directe, ni que Bubulle préfère être nourri le matin.
J'ignore pourquoi je te raconte tout cela. C'est « formellement interdit ». Je ne sais même pas s'il existe un moyen de te transmettre ces feuilles.
Je verrai bien.
Ta dévouée...
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