Octobre 190? Octobre 2???
J’avance sous ton œil, prisonnier par la haine,
Je combats en ce jour pour ma patrie hautaine.
Elle devient l’instant sombre de mon pays,
Quand témoigne le bois, mes actes enlaidis.
Pauvre homme mitraillé par ce fusil sans âme ;
Au bout, l’infatigable ange tueur infâme.
Pauvre marionnette à l’esprit déchiré,
Pantin du souvenir d’un seul dieu égaré.
L’homme est-il une essence exemptée d’amour ?
Une ombre violente, en se vêtant le jour
De tissus dépouillés par un vieux pacifiste,
À la folle parole et au rêve égoïste ?
Je ne fais ni l‘état ni la science du mort
Qui pense aérer là, l’âme vers un dieu fort.
Mais le juste constat d’une vie arrosée
Que pleurera bientôt, pauvre épouse esseulée.
Mais suis-je ce bourreau, moi le poète éclair,
Blessant l’homme au poumon, périssant dans sa chair,
Souillant compagne et sœur, saignant le porc tranquille,
Et coupant de la main le blé mûr et fertile ?
Devant toi mon jumeau, j’arme le pistolet
Pour te donner la mort, sous un ciel violet.
Mais dans tes yeux ton âme éclate de lumière,
Comme un arc-en-ciel vif qui pousse à la prière.
Je m’écroule à genoux devant ta face d’homme,
Car te fendre le corps, c’est m’enlaidir en somme.
Alors, rejoignons-nous, frère du même sang !
Allons boire à notre âme et laissons l’innocent !
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