Festival musical

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[Zack Hemsey - The Way]

Festival musical, au grand damne de mon âme.

Mon cœur souffrant de solitude difficile,

Trouva le chemin du tiens facile.

Un été s'ouvrait devant moi, un été chaud, chaleureux, sentant l'orange, les vignes chaudes et les épines de sapin brûlées. J'avais décidé de fêter tout de même le solstice – date qui m'était cher autant que mes ancêtre les celtes – mais point seul malgré la distance de mon aimé. Tu étais là, petit homme mince à la tignasse d'ébène. Tu étais là depuis le début de mon aventure en terrain inconnu, loin des miens. C'était rassurant, cela l'a toujours été. Étrange. Mais je me pensais simplement une amie.

Il est toujours trop facile de penser vite et de se caser quelque part, dans une place sociale, alors que nous ne sommes pas fait pour ce moule. Et ce soir là, je n'avais pas l'impression d'être faite pour le moule que j'avais choisi envers toi. Je ne sais pas si ce que j'ai ressenti, ce bien-être, aura été réciproque, mais j'ai été heureuse en cet instant… Au près d'un autre que mon aimé. Une fois de plus… Une fois de trop peut-être.

Pourtant tout avait commencé comme une sortie entre amis – à deux, mais entre amis. L'on ne peut lier quelque chose de fort après uniquement un an de vue – et « de vue » est le bon mot étant donné notre méconnaissance l'un de l'autre. Pourtant, ton aura et le mien se sont fort bien mélangé, entendu, et fusionné pour donner ce bien-être et cette gêne timide si mignonne qui donna tout son charme à cette soirée. Il fut trop simple de boire avec toi et de plaisanter, il fut trop simple que tu me paye le restaurant, tel un bon gentleman. Mais je sais très bien que ce n'était que de la gentillesse de ta part. Tout est gentil chez toi, même tes sourires, même tes yeux. Et c'était trop facile.

Après le restaurant, qui fut fort gênant comme moment à passer - étant donné que nous faisions plus couple que petite bande d'amis -, nous avons vagabondé dans les rues de cette ville qui ne faisait que de me plaire un peu plus chaque jour. Toi qui étais de cette terre, tu faisais fort étranger dans ce décor que tu ne semblais pas connaître. Tu étais émerveillé tel un enfant qui découvre un autre terrain de jeu, et je te servais de guide, autant auditif que physique.

Nous avons regardé un premier groupe, de rock, fort sympathique et c'était amusant. Entre cet homme, déjà bien saoule, qui chantait bien trop faux pour qu'on puisse en rire véritablement, et le batteur - fort ingénieux à tes yeux avec son ventilateur dans le dos - que tu as pris pour quelqu'un d'autre, la soirée s'annonçait hilarante, et portée de charme. Puis, nous sommes reparti, passant de rues en rues, je découvris une église que je n'avais point déjà vue. J'appris que tu ne les aimais pas, ce qui m'intrigua d'autant plus concernant ta personne. Tu m'expliqua pourquoi, mais pour autant, je n'étais pas persuadée. Il en faut beaucoup pour me convaincre, je ne le suis, d'ailleurs, toujours pas.

Je te guidais donc, dans les méandres de la vieille ville, au gré des courants de la foule, des personnes et de la musique. C'était comme retrouver un moment passé avec une autre personne, mais dans une autre vie. Une soirée plus parfaite que d'autres, bien trop parfaite d'ailleurs. Cela aurait pu être un rendez-vous galant qu'il aurait été réussis – pour la première fois de ma vie –, mais ce n'en était pas un. Nous n'étions qu'amis.

Je me souviens avec un sourire de ce moment où nous écoutions un autre groupe, un peu plus loufoque, et que je t'ai fais signe d'arrêter d'être refermer sur toi-même, de décroiser tes bras. Je te les ai retiré de ta poitrine, et tu les a mises dans tes poches. Je ne l'ai pas vue tout de suite, puis j'ai simplement soupiré. Je t'intimidais peut-être, toi, l'homme le plus gentil que j'ai croisé jusqu'ici. Après plusieurs minutes à taper du pieds en rythme, j'ai continué mon chemin, et tu me suivais encore. Sans vraiment savoir où nous allions, j'allais au gré de mon instinct et des battements de mon cœur, et de ma cage thoracique qui raisonnait au gré de la musique. Plusieurs fois tu m'as perdue dans la foule. C'est cela que d'être petite, et c'est cela que de ne pas être aussi rapide que moi. C'était amusant de te voir galérer à me retrouver. Mais c'est cet amusement premier qui rompit la gêne entre nous. Les rires, et les éclats de voix, comme les chatouilles – surtout en ce qui te concerne – étaient une brisure de plus de ce que nous étions. C'était trop simple et trop beau.

Nous avons écouté un troisième groupe, avant que tu décide de te prendre un dessert et moi une boisson. C'est là que nos petits jeux ont commencé. Je t'ai donné une pièce, pour payer ma boisson. Tu l'as prise en rechignant amicalement, avec toujours ce même sourire de « Tu sais que je me vengerais. », avec ces petits yeux plissés et ensuite ce véritable sourire d'amusement et de joie. Oui, je sais fort bien enregistré les expressions et les décrypter. Le plus amusant était tes yeux, magnifiques, mystérieux, calmes mais captivant. J'ai d'abord pensé à des noisettes craquantes en les regardant, mais ils sont bien plus que cela. Ce sont de véritables vitrines sur ton âme, pétillante de vie, mais silencieuse et calme.

Tu m'as apporté ma boisson. Puis tu as glissé ma pièce dans mon sac, je ne m'en suis aperçue qu'au dernier moment. Mon sac étant un trou noir, je ne put la retrouver tout de suite. Alors nous avons écouté ce troisième groupe. Toujours en tapotant du pieds et en faisant le moins de gestes possibles pour éviter de bousculer des gens – ou de renverser ma boisson, me concernant. Tu as donc mangé ta petite crêpe, j'ai fini mon thé glacé et nous sommes reparti à la recherche d'autres symphonies.

Je n'étais pas perdue, mais toi tu semblais l'être un peu. Pour autant, là où nous sommes allé, rien ne nous plu véritablement. Alors nous nous sommes remis à vagabonder, tant est si bien que nous sommes arrivé à une fontaine. Cela aurait pu être la fontaine de jouvence, tant la chaleur de cette soirée était terrible. Évidemment, comment ne pas résister à l'envie d'arroser son voisin. Je l'avais bien en tête, mais cela a dû se voir sur mon visage, car tu as été plus rapide que moi. Je n'ai pas manqué de me venger, comme toujours. Mais cela faisait du bien, cette fraîcheur à travers cette moiteur ambiante.

Après un moment de massacre mutuelle et de franche rigolade, nous avons une fois de plus repris notre pérégrination à travers les rues de cette ville. Bavardant, calmement, écoutant les mélodies à travers les rues nocturnes, derrière les fenêtres ouvertes, ou encore devant les restaurants et les petits bouis-bouis. C'était presque féerique, hors du temps. Pourtant, une douleur me ramena à la réalité : celle de mes pieds. La malédiction des femmes portant des chaussures neuves les jours de fête. Et tu appris à ton grand étonnement, que je n'étais pas non plus une chouineuse. Plusieurs fois – maintes fois, devrais-je dire – tu m'as proposé de m'épauler, ou de me porter. A chaque fois j'ai refusé. Cela m'apprendra à me faire belle pour les quelques fois où je sors. Finalement, tu as voulu qu'on se pose, pour reposer mes pieds quand même un peu – comme si j'en avais besoin ! Mais bon, je n'ai pas eu la stupidité de refuser, sachant fort bien que tu me forcerais à m'asseoir à un moment donné.

Encore une fois, et comme tout au long de la soirée, nous avons suivi les musiques et les danseurs. Un groupe s'était installé de l'autre côté de la rivière, alors nous avons traversé le pont, éclairé et décoré pour la fête. Les lumières se reflétaient dans l'eau d'encre noir, et les grenouilles produisaient leur propre mélodie. Encore une fois, nous avons rit, bavardé, de choses et d'autres, du travail, des amis. Enfin, tu écoutais plus que tu ne parlais. Tu es une oreille attentive, tu ne sais peut-être pas donné de conseil, mais tu sais écouter. Pourtant, lorsque nous sommes arrivé prêt du groupe, et que nous nous sommes posé sur un banc, c'est toi qui a parlé et moi qui ai écouté. C'est fou comme je te connais si peu. Alors que nous avons plus de points communs que je n'aurais pu l'imaginer.

Nous sommes resté sur ce banc, plusieurs longues minutes. Je mentirais si je disais que cela ne m'a pas fais du bien – enfin, surtout à mes pauvres petits pieds. Et puis, la nuit était calme, nous étions quasiment seul. C'était presque intime. Presque. J'ai eu une professeur qui m'a appris à évaluer la distance entre deux personnes. Et cette distance permet de connaître le degré d'intimité de leur relation. Nous étions distant. Assez pour ne pas nous toucher, pour ne même pas nous effleurer. Pourtant, c'est arrivé plusieurs fois au cours de la soirée… A chaque fois nous avons repris nos distances, comme effrayé. Étrange, toujours. Nous n'étions qu'amis après tout. Et pourtant…

Un peu plus tard, nous avons repris notre route. Oh, que c'était douloureux et épuisant. Mais j'ai fermé ma bouche malgré tout. Toutefois, tu l'as vue – probablement à cause de mes grimaces de douleur – et tu t'en ai soucié. A croire que le disque était rayé, tu répétais toujours la même chose… Non, je ne voulais pas d'aide, et je ne me serais pas permis d'accepter. Mais était-ce une fois de plus de la gentillesse, de la galanterie ou tout autre chose ? Toutefois, cette douleur nous a permis de rire et de nous rapprocher. Je te taquinais et toi aussi. Mais ne t'en fais pas, je n'avais pas oublié cette fameuse pièce. Tu ne t'en es même pas aperçu que je l'ai sortie de ma poche dans laquelle je l'avais cachée. J'ai boitillé un moment avec cette pièce à la main. Jusqu'à ce que je vise ta poche et que je la cache dedans. Oh, évidemment, je ne cherchais pas à être discrète. Et malgré la douleur, j'ai pu courir pour ne pas que tu me la rende toute de suite. Mais je savais que tu allais me la redonner plus tard.

Nous avons continué de marcher en riant et en se cherchant mutuellement. Je te chatouillais et tu essayais de te venger. Nous avons croisé une deuxième fontaine, et c'est moi qui ai tenté de me venger. Mais je suis certaine de t'avoir quasiment ratée. A la place j'ai arrosé la populace qu'il y avait autour de nous. J'ai ris et je me suis enfuis. Ils ont râlé mais sans plus. Après tout, il faisait toujours une chaleur à mourir. Nous avons repris notre chemin en riant et en se bousculant, cherchant à savoir qui était le plus fort. Il est vrai que même si tu es beaucoup moins lourd que moi, tu reste musclé, une vrai porte en bois que je ne peux qu'ébranler mais point briser.

Nous sommes finalement revenu sur la place où se trouvait le troisième groupe de musique. Mais il était déjà tard, et ils rangeaient. Nous n'avons eu le droit qu'à un ou deux morceaux de plus. Tu es allé te chercher une bouteille d'eau fraîche. Tu mourrais apparemment de soif car tu t'es enfilé la moitié de la bouteille d'un seul coup. C'est d'ailleurs là que tu en as profité pour glisser à nouveau la petite pièce dans mon sac. Mais je n'avais plus la force de râler ou de te la rendre d'une quelconque manière. Nous avons continué notre chemin, tant bien que mal tellement je souffrais. Mais je tenais bon. Pourtant, l'envie ne manquait pas de te demander de l'aide ou mieux, de marcher pieds nus. Cela m'aurait bien faite rire de voir ta tête si j'aurais fait cela. Mais je ne l'ai pas fais, par peur de me faire encore plus mal sur ce foutu bitume.

Nous sommes revenu à la première fontaine – oui, nous tournions un peu en rond, mais la vieille ville était petite. Je n'ai rien vue venir, tu te cachais derrière moi, tu as ouvert ta bouteille, je t'ai entendu, mais je n'ai eu le temps que de jeter un coup d’œil avait que tu ne m'arrose. Cela faisait donc la deuxième fois que tu m'avais ainsi, en traître. J'ai ri, cela faisait du bien, et une fois de plus cela nous a rendu un peu moins distant ne serait-ce qu'un instant. Tu étais un peu charmeur, mais peut-être aussi un peu fatigué.

Finalement, épuisée de courir partout à se taquiner, se bousculer ou à tenter de se jeter mutuellement dans la fontaine, nous nous sommes assis au calme. J'ai pu reposer mes pieds – et vérifier délicatement et avec grande douleur, leur état. Nous avons passé une heure, peut-être plus, assis là, à bavarder. J'en appris plus sur toi, me racontant quelques anecdotes sur tes amis. Et je racontais également ma vie – comme toujours. Et c'est là que je me demande si ma fatigue ou la chaleur ne m'ont pas monté un peu vite à la tête – ce n'était pas l'alcool, pour le petit « verre de vin » enfin, de cidre devrais-je dire, que j'avais bu.

Pourtant, j'avais envie d'être proche de toi, de me blottir contre ton épaule. J'ai fais des propositions, que je trouve désormais, totalement déplacées. Pourquoi t'inviterais-je chez moi à une heure aussi tardive, pour se baigner, en caleçon en plus de ça ?! Quel stupide et ridicule proposition. Et oui, j'étais fatiguée, car je me ridiculisais d'autant plus en prononçant « sous-tiffe » au lieu de « sous-vêtement » dans cette foutu conversation. Pour autant, tu ne semblais pas choqué. A plusieurs reprises je t'expliquais d'ailleurs que je n'avais pas sommeil – mais je savais pertinemment que j'étais fatiguée – et tu as cherché à m'occuper malgré tout. Tu t'es même mis à regarder si le cinéma n'était pas, à tout hasard, ouvert. Pourquoi faire ?! Nous devions rentrer, nous avions du travail le lendemain. Pourtant… je voulais rester, là, au près de toi, dans cette air chaud et avec mon dos trempé.

En parlant de cela, je t'ai demandé de l'eau, et tu m'as innocemment prêté ta bouteille. Oh, cette fois tu n'as pas vue mon étincelle de malice dans mes yeux. Pas avant que je te verse la bouteille sur le t-shirt blanc que tu portais du moins. C'était amusant. J'ai éclaté de rire en voyant ta tête. Mais une fois de plus, j'ai bloqué. Devant ta tête trempée, tes yeux brillant, et tes cheveux humides. Je te fis la remarque, et là, je frissonnais. Tu enleva ton petit élastique qui tenait tes cheveux longs. Ils étaient sombres, puissant, humides et magnifique sur tes épaules. J'avais envie de les toucher, de te toucher. Mais je n'ai pas osé, et je me tournais, regardant probablement stupidement mes pieds. Mais après ce fut ton tour de me proposer quelque chose de tout à fait stupide : rentrer chez moi.

Finalement, j'ai accepté, la fatigue l'emporte forcément au bout d'un moment. Et puis j'avais trop mal aux pieds. Oh, j'ai une fois de plus refusé chacune de tes propositions d'aide. Je me tiens toujours à ce que je dis, évidemment. Nous avons croisé de petits chats pour lesquels nous avons fait l'erreur de nous arrêter, mais ils étaient trop mignon. Et j'étais d'ailleurs étonnée que tu aime autant les animaux. Après quelques caresses aux petites bêtes nocturnes, nous avons continué notre route. Nous nous effleurions, mais sans plus remettre cette distance, comme si elle s'était éteinte sous le coup de la douche froide que tu m'avais infligé. C'était agréable. Mais il aurait été malvenu de te tenir la main, de te toucher volontairement.

Nous sommes finalement arrivé à ma voiture, et je t'ai proposé de te ramener… Et tu as accepté. Peut-être par flemmardise, le chemin à pieds étant trop long, trop fatiguant ? J'ai ri et je t'ai laissé rentrer dans ma voiture. J'ai retiré ces maudites chaussures et j'ai mis le GPS pour éviter de nous perdre stupidement, mais surtout pour regarder où était ton habitation. Je n'avais pas véritablement besoin de carte, juste de savoir où me rendre. Même dans la voiture, nous avons ri un peu, mais beaucoup moins. La fatigue peut-être ? Ou était-ce de savoir que la soirée touchait à sa fin ? J'ai voulu mettre un peu de piment dans ce retour en faisant des excès de vitesse… Mais cette fois, c'était véritablement la fatigue qui jouait.

Sur le chemin du retour, tu as proposé aussi quelque chose : de venir me baigner dans la petite piscine de tes propriétaires… J'ai failli accepter, déjà parce que j'avais chaud… Mais aussi dans l'espoir que tu te joindrais à moi – mouillé pour mouillé, autant aller se baigner. J'ai pourtant été raisonnable, et j'ai refusé en rigolant. Pourtant, je ne voulais pas me retrouver seule, dans la nuit, chez moi. Je voulais de la compagnie, ta compagnie. Pourtant, je t'ai raccompagné et t'ai déposé chez toi. Encore quelques éclats de rire et quelques regards d'inquiétude lorsque j'ai fais mon demi-tour très moyen. Puis j'ai arrêté la voiture et t'ai laissé descendre. Mais avant cela tu t'es tourné vers moi et… tu m'as fais la bise. Pourquoi ai-je apprécié ce contact ? Je ne sais pas. Nous nous faisions la bise tous les matins au travail. Pourquoi maintenant était-ce si agréable ? Aucune idée. Je t'ai finalement dis au revoir, et suis rentrée chez moi.

Me retrouvant seule avec mon plafond, et ces souvenirs vivace d'une drôle d'intensité.

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