Mensonges tonitruants

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[Fall Out Boy – Immortals]

A quoi servent les mensonges,

Quand ton cœur te dit que tu as tord,

Il n'y a plus qu'un pas avant le rebord,

Où il ne te restera que tes songes.

Intimidée presque, mais heureuse de partir, d'être en week-end et de rentrer chez moi, en ta compagnie, en plus, je m'approchais de ta voiture alors que tu te garais. Tu m'aida à prendre mes affaires et à les mettre dans ton coffre. Moins reconnaissante que amusée, j'ai trouvé cela presque mignon. Toutefois, cela ne restait que de la courtoisie de ta part, et j'espérais que cela resterait ainsi. Enfin, je mentirais en disant que je n'avais pas peur. Pourquoi peur ? Parce que je ne voulais pas parler de ce qui me tracassait, de ce qui traînait dans ma tête. Mais au lieu de ne pas parler du tout, j'ai préféré sortir tout ce que je pouvais comme bêtises, toutes ces petites choses qui pouvaient me passer par la tête et qui étaient quelque fois ridicules – enfin, plutôt souvent. Je n'avais pas oublié notre soirée. Et cela me surpris presque qu'aucun de nous n'en parle – étions-nous trop intimidé par ces moments pour cela ? -, ni qu'il n'y est plus cette même atmosphère complice… Enfin, presque.

En fait, c'était quasiment la première fois que je rentrais dans ta superbe voiture bleu à rayures blanches – enfin, si l'on ne compte pas les fois précédentes lorsque tu me raccompagnais du V&B alors que je déblatérais ma vie à cause des deux pauvres bières que j'avais bu – et puis, je rentrais également dans ton univers. Et quand je dis ton univers, tout particulièrement ta musique. Je ne suis pas particulièrement compliquée en style de musiques, même pas du tout. J'ai quelques coups de cœur, des groupes, tout particulièrement que j'ai découvert par hasard et qui me fond ressentir des émotions comme aucun autre. Je fus surprise d'entendre ce genre de groupe dans ta voiture. Je ne les ai pas reconnues tout de suite, cela m'a pris du temps – en même temps je bavardais pour combler le vide que ton mutisme permettait de s'insinuer entre nous, et ce n'était pas du tout à cause de l'alcool cette fois. Mais quand finalement j'ai retrouvé le premier groupe, grâce au rythme que j'avais si souvent écouté, grâce aux voix que j'avais si souvent imitée. Je me pensais seule à apprécier ce genre de musiques, rythmées, pulsatives, entraînantes. Je mentirais également en disant que je n'ai pas été surprise de découvrir ton côté « extraverti ». On en a tous un, quelque chose qui montre notre caractère profond : moi c'était les couleurs vives de mes vêtements – et mes nombreux bracelets porte bonheur - et toi, c'était tes musiques. C'était grâce à ça qu'on pouvait sentir tes émotions et ta personnalité. C'est ainsi que je la découvris.

Ainsi donc, Fall Out Boy passa, tout comme Imagine Dragon – dont je ne te pensais pas du tout de ce style – ainsi que Dragonforce, et d'autres encore. Tant d'autres que je me suis amusée à retrouver finalement. Cela nous fit au moins un sujet de conversation d'ailleurs. Et pour une fois, tu as parlé, tu t'es ouvert, et tes défenses tombaient peu à peu. Tu te montrais sous ton vrai jour. Amical, calme, gentil, aimable et tendre, je ne pouvais qu'être éblouis par ton sourire. Et ce n'était pas tout, je ne l'ai pas remarqué tout de suite, mais tu chantonnais tes musiques. Tu tenta d'abord de te faire discret, peine perdu avec une observatrice de mon gabarit. Et lorsque je le remarqua, je t'ai tout de suite taquiné gentiment, avant de te pousser à chanter réellement. Ta voix, déjà mélodieuse à la base, n'était pas réellement discordante lorsque tu mettais du cœur à la tâche. Elle manquait d'entraînement, mais tu connaissais les paroles et tu connaissais le rythme, c'était suffisant pour rendre cela beau. Encore une fois, c'était la musique qui te révélait vraiment, qui te permettait d'être toi-même. C'était plaisant, autant pour moi que pour toi : cela te mettais à l'aise – après tout, nous allions passer un peu moins de trois heures ensemble – et moi j'apprenais à te connaître un peu mieux.

C'est donc dans les tons rock et pas seulement que notre petit périple commença. Après avoir parlé de musiques, nous sommes passé à un autre sujet, puis un autre et encore un autre. En fait, j'essayais de te faire rire et sourire. Pourquoi ? Parce que tu étais bien plus beau comme ça. Et non, je n'étais pas amoureuse, je n'avais pas le cœur qui battait la chamade en te regardant, je ressentais juste un simple bien être à ton côté. Comme si la possibilité de te voir quelque peu heureux me rendait heureuse également. Mais ce n'était qu'un bonheur simple, sans difficulté, sans la rudesse et la douleur de l'amour qui aurait pu être derrière, pas comme ce que je ressentais avec mon aimé. J'ai toujours aimé donner ou rendre le sourire aux gens qui je croisais : à la petite vieille à l'arrêt de bus, sous la pluie, ou même au jeune homme que je voyais timidement à la fac derrière un livre, ou encore aux enfants que je croisais en faisant mes courses. Mais toi, c'était comme si je recevais l'équivalent de ce que je te donnais. En fait, je te soupçonne d'avoir tenté la même chose : de me faire sourire, parce que cela te rendait un peu de lumière.

Et comme toi, ce voyage fut simple, efficace, sans accroc et sympathique. La soleil en face, peu de gens étaient sur la route à cette heure là, et puis… Nous allions vers la Charente-maritime, serait-ce véritablement nécessaire de préciser que ce n'était pas les terres les plus peuplées que je connaissais ? Le beau temps était avec nous, cela sentait l'été, la moiteur, la vapeur émanent de la terre. Et au contraire du soleil qui baissait doucement à l'horizon, notre complicité refit peu à peu surface. Les rires furent de plus en plus fréquents, les taquineries aussi – et les chatouilles en ce qui te concernait. Évidemment, il y eut des sujets plus sérieux au cours de ce voyage. Mais étrangement, ils n'ont pas fait long feu. Ton GPS qui faisait des siennes semblait bien plus intéressant – et plus joyeux – que les petits animaux écrasés sur le bord de la route – me provoquant quelques larmes de rage au passage. Je me souviens que nous avons du rigoler un bon moment sur l'icône du GPS qui « volait » au travers des champs. Le plus dure fut l'autoroute. J'ai toujours trouvé cela long et ennuyeux, et à part regarder le paysage je n'avais pas beaucoup d'occupations à par bavarder. Ce n'était pas vraiment le moment non plus d'aborder mes sujets préoccupants – même s'ils tournoyaient dans mon esprits telles des corneilles qui se rappelaient à mon bon souvenir. Il y eut donc quelques moments de silence où je te regardais en coin, je t'observais. Quelque fois, tu chantonnais sans vraiment avoir le courage d'ouvrir véritablement la bouche. Mais très vite je retrouvais un autre sujet – plus ou moins sérieux – ou un bon souvenir afin de ne pas perdre la complicité qui se formait. En fait, c'est probablement à ce moment là que j'ai commençais à te « tester ».

Les paroles de mon amie me hantaient, et puis - même si j'avais peur – jusqu'ici je n'avais plu qu'à peu d'hommes. Serait-ce possible de plaire à un autre ? Serait-ce possible de te plaire à toi ? Oh, parce que les hommes ne sont pas les seuls à mater et catégoriser les femmes, nous aussi faisions cela. Et avec mon aimé, nous avions un petit jeu de temps en temps : regarder les personnes qui nous entouraient, et voir lesquels pouvaient nous plaire. Évidemment, toute ma promotion de licence y était passé – à mon grand plaisir étant donné qu'il y avait plus d'hommes que de femmes. Il y avait évidemment le haut du tas, ce que j'appelais plus souvent « les mecs hors de portée »… Et, en fait, tu en faisais partie. Oui, pour un gars petit (enfin, plus grand que moi quand même), mince et silencieux, tu restais mignon, et beau, presque exotique d'ailleurs. Était-ce donc possible que je plaise à un homme de ta catégorie, à un homme que je pensais hors de portée ? Je savais que je prenais des risques, que je jouais avec le feu. Mais… Cela m'a toujours plu, en fait. Je jouais, tel un chat, avec ma proie. Je mentirais en disant que je n'angoissais pas, et que je n'avais pas peur des remords, ni de la souffrance que j'aurais pu engendrer. Ce serait totalement faux. En fait, je me sentais déjà coupable. Mais ma volonté de savoir était la plus forte.

Pour te tester, pas besoin de questions personnelles, pas besoin de te connaître au plus profond, juste la surface suffisait. Surtout que tu ne m'en aurais jamais révélé autant si j'avais joué les espionnes. De plus je n'étais pas de ce style là, et je ne voulais pas m'insinuer dans ta vie – cela aurait été particulièrement malsain. Je suis donc resté dans le raisonnable, le rire, l'agréable. Te faire passer un bon moment était désormais mon but premier. Au moins, ce voyage ne serait pas totalement inutile si tu y avais passé un bon moment. Puis j'eus l'idée également de nous réunir (toi, moi, mon aimé, et trois de nos amis) à un restaurant, et également à un cinéma dans le week-end, et peut-être à une petite sortie nocturne aussi, afin que nous puissions se voir et passer un bon moment – et que je puisse te voir, t'observer, et passer un bon week-end à m'amuser.

Toutefois, je n’eus pas beaucoup de temps pour te « tester » plus que de raison, ni de plus rigoler avec toi uniquement, car nous arrivions pour prendre en cour de route un ami commun. Évidemment, il fallait qu'il soit perdu au milieu des marais charentais, ce qui provoqua une autre séance de franche rigolade – quoi que moins agréable pour moi étant donné que je n'étais pas à l'aise entre deux eaux, ni sur ces petites routes étroites. Toutefois, tout se passa sans encombre, nous l'avons retrouvé au milieu de ses marais à élever ses crevettes. Il nous fit amicalement la visite de son lieu de vie temporaire, son mobile-home, mais également et surtout les marais où les crevettes attendaient d'être pêchées pour être mangées. Par cette chaleur, j'aurais été presque tentée de les rejoindre dans leur bassin. Mais à la place, c'est toi qui t'y risqua. Oui, car sur ces marais, il y avait ces fameuses « planches de surf improvisées » dont tu m'avais déjà fait part quelques jours avant, permettant d'effectuer les prélèvements dans l'eau et tout un tas d'autres choses. Et pour probablement impressionner tes deux spectateurs, tu tenta l'aventure à te mettant debout dessus. Oh, j'aurais bien ris si tu serais tombé, mais je me suis bien assez moquée de toi en te regardant et en voyant ton malaise sur ton visage. Tes pensées se lisaient sur ton visage : « Mais pourquoi est-ce que j'ai fais ça ?! Qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?! ». Mais finalement, tu revins sur la rive sain et sauf – et surtout sec – et nous sommes reparti pour la voiture et notre destination finale.

La route fut plus calme – ou presque – avec notre ami à bord. Comme si nous osions moins être nous même, à afficher notre complicité. Toutefois, nous réussissions à rire tout de même. On lui proposa d'ailleurs de venir avec nous au restaurant, au cinéma et à notre sortie nocturne. Il accepta. J'espérais que ce week-end serait inoubliable. Je n'avais jamais passé une année aussi agréable et ce week-end ainsi que ce temps passé à tes côtés, était le summum de la réussite. Je n'aurais souhaité rien de plus à ce moment là.

Cependant, bien trop vite, l'illusion prit fin. Tu m'amena au point de rendez-vous où nous devions retrouver mon aimé… Qui dormait dans sa voiture. Tu me déposa, m'aida à sortir mes affaires de ton automobile et les amena à mon conducteur attitré. Étrangement, tu avais repris la distance respectable que nous avions depuis le début, et étrangement, j'ai fais de même. Adieu complicité, adieu rire et sourire de joie, nous retrouvions nos vies et donc nos facettes. Pendant encore quelques instants nous avons parlé de nos plans pour le week-end à mon aimé, qui sembla se sentir obligé d'accepter. De toute manière, le connaissant, il n'aurait jamais refusé un cinéma et un restaurant, et d'ailleurs, je ne lui aurais pas laissé le choix. C'est ainsi que chacun d'entre nous repartit à son quotidien. Pendant mon dernier trajet en voiture, je contactais nos deux autres amis qui étaient invités, mais ils durent refuser, ayant d'autres plans plus familiaux pour le week-end. Tant pis, nous serions donc en petit comité – et cela serait plus compliqué pour garder au fond de moi ce que j'avais tant de mal à cacher.

Ma soirée se passa comme tant d'autres soirées, simples, calmes. Presque trop calme d'ailleurs. Je conversais avec toi par message afin de se mettre d'accord des horaires du cinéma. C'est ainsi que je découvris que nous n'avions pas totalement perdu de notre complicité. Toutefois, je savais que je devrais cacher cela à mon aimé pour ne pas l'inquiéter – après tout, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, nous n'étions que des amis… J'essayais de me persuader malgré mes nombreux doutes, et mes pensées farfelues. Une amitié pouvait-elle être aussi complice ? Oui… Mon meilleur ami et moi étions ainsi, ensemble. Nous nous considérions comme un frère et une sœur né dans des familles trop éloignées. Mais était-ce possible avec un autre ? Je n'en savais rien.

Après avoir convenu des horaires et des lieux de rendez-vous, je suis allé me coucher avec mon aimé. Toutefois… Il y avait une absence. Une absence d'envie, mes pensées étaient trop occupées ailleurs. Lui refusant ce qu'il avait probablement attendu impatiemment pendant des jours, je me plongeait dans ma lecture, tentant de calmer mes réflexions. Ce n'était pas la première fois que je n'avais pas envie de mon aimé, alors je ne m'inquiétais pas. J'étais probablement trop préoccupée par mes propres problèmes.

*****

Le lendemain, la matinée passa vite, peut-être un peu trop. Peut-être parce que j'avais hâte – trop hâte d'ailleurs. C'était trop facile. Je comprenais maintenant ce qu'il s'était passé hier, et je me promis de ne pas empirer les choses, de calmer les ardeurs de chacun et de prendre la distance qui était nôtre depuis le début. Afin de te faire comprendre qu'il n'y aurait rien entre nous, je devais tenir cette distance. Ce fut simple… Au début.

En effet, difficile de ne pas être distant au début, encore plus au cinéma. Nous nous sommes donc réunis devant la salle où vous nous attendiez déjà. Nous allions voir Pirate des Caraïbes, le tout dernier, qui semblait intéressant. Tu étais normal, distant, mais normal. Notre ami l'était également – ce qui me sembla rassurant. Ce fut d'autant plus simple de garder cette distance respectable dans la salle obscure car notre ami se mit entre toi et moi. J'étais entre la frustration et le soulagement. Je me retrouvais de nouveau dans cet entre-deux émotionnel que je ne savais pas du tout gérer. Et pour en ajouter un peu plus, je n'avais pas de pop-corn pour me calmer. Heureusement, le sens de l'humour quelque peu mal placé et mal tourné de mon aimé calma mon atmosphère proche et m'empêcha de trop réfléchir. Cela nous permis de discuter tranquillement, et de bavarder tout en riant et se préparant au film. Évidemment, pendant toute la durée de celui-ci, nous sommes resté silencieux, regardant, riant, grignotant les bonbons que vous aviez ramené. Nous étions presque seul dans la salle, c'était agréable. Et il faisait frais comparé à la moiteur de l'extérieur. Je n'avais qu'une idée en tête pourtant : notre sortie nocturne, notre sortie à la plage. Je voulais me baigner. Peut-être espérais-je que l'eau me rafraîchirais les idées. Finalement, le film m'occupa et me changea pas mal les idées. Toutefois, lorsque les lumières de la salle nous éclairèrent de nouveau, la retour à la réalité fut quelque peu difficile. Il fallait que je me batte avec mes émotions contradictoires.

Il n'était pas si tard que ça lorsque nous sommes sorti et nous n'avions pas très faim – ayant mangé des bonbons pendant la séance. Le restaurant n'étant pas encore ouvert, nous avons décidé d'aller boire un coup. Proposant d'aller au bord du port, afin de voir la mer et de profiter du beau temps, nous avons pris ma voiture. L'ambiance était plutôt détendue, les discussions aussi. En fait, j'évitais de penser. Me fixant donc sur les conversations que vous aviez tous les trois, j'essayais de m'y greffer. Ce ne fut pas particulièrement compliqué, mais la situation restait étrange. Nous sommes arrivé au petit bar où nous avons chacun prit une boisson fraîche, continuant nos discussions. Tu y prenais de plus en plus part, sortant de ton mutisme habituel. C'était étrange, et en même temps normal, que tu participe ainsi. Plus précisément, je te redécouvrais en te connaissant quelque peu. Je savais que tu n'étais bavard que lorsqu'on te parlait de sujets que tu aimais, ou qui t'intéressaient. Et là, tu parlais. Et tu argumentais. Tu t'ouvrais à nouveau, et pas uniquement à moi. Parlant peu à peu de sujets qui m'intéressaient – des sujets pas uniquement cinématographiques et plus poussé sur les sciences – nous nous sommes mis à discuter tous les deux particulièrement, volant quelque peu la parole à nos deux compagnons de route au passage.

Nous avons été très vite interrompu par une visite heureuse : celle de nos deux amis qui avaient un empêchement et qui n'avaient pas pu venir avec nous, ni au cinéma, ni au restaurant. Nous étions content de les voir – surtout que nous n'avions pas compris tout de suite que c'était eux en les voyant arriver. Après un rapide « Bonjour » et un très rapide « Comment ca va ? », ils repartirent pour aller manger avec leur famille. Nous nous retrouvions donc une fois de plus à quatre. Toutefois, cela nous avait calmé dans notre élan. Tu retournas quelque peu dans ton silence, toutefois, je faisais en sorte de te pousser à parler. Ce n'était pas évident, mais j'y arrivais. Cependant, les estomacs à pattes que vous étiez, commencèrent à avoir faim après avoir fini nos verres. Nous avons donc payé et sommes reparti pour le restaurant. Cela n'avait donc l'air que d'une sortie entre amis – quoi qu'il y avait mon aimé. Et j'essayais de faire en sorte que cela reste ainsi, je commençais à oublier mes tracas, mon malaise en ta présence. La distance entre nous était respectable, je ne pensais pas qu'elle allait s'amenuiser. J'espérais qu'elle resterait ainsi, amicale.

Au restaurant, nous avons donc pris une table pour quatre. Mon aimé s'est mis à côté de moi, notre ami commun en face de lui, et toi en face de moi. Je crois que je me suis mise en face de toi pour t'embêter – sans tenter de te tester, cela m'était sorti de la tête. A ce moment là, j'étais redevenu naturelle, moi-même. Et j'avais faim. Nous avons repris nos discussions au début, attendant d'être servi, blaguant quelque peu afin de détendre l'atmosphère. Ce fut surtout mon aimé et notre ami commun qui bavardèrent pendant que nous nous faisions face, écoutant leur parole. Puis, tu as entendu quelque chose, quelque chose qui t'intéressa. Tu tournas la tête, écoutas, puis tu t'es mis à leur parler. Et là, j'ai véritablement était surprise. Non par tes connaissances – je te savais quand même intelligent – mais par ta culture général et ton intérêt pour certain sujet tel que l'aéronautique, l'astrologie et l'espace. Car c'était bien de cela qu'il était question. Mon aimé étant dans le domaine de la mécanique aéronautique vous avez commencé à parler de cela tous les deux. Je me suis presque sentie à part. Du moins, jusqu'au moment où vous avez embrayé sur des sujets que je connaissais bien mieux : la physique, les planètes, la possibilité d'une vie ailleurs, etc. Et cette fois, nous n'étions plus que tous les deux. Nous avions perdu notre ami commun – qui semblait avoir terriblement faim – et mon aimé qui ne s'y connaissait pas forcément assez, et qui préféra ne pas raconter de bêtises.

Je n'ai pas véritablement vue notre conversation passer. Nous échangions véritablement, intéressés tous les deux. Exposant nos hypothèses, argumentant, contredisant l'autre ou se mettant d'accord sur certains point, et nous avons presque monté des possibilités parfaitement farfelues sur des sujets divers et variés. Cela fut un échange véritablement intéressant où je te découvris comme je n'avais même pas réussis à le faire en voiture la veille. J'avais trouvé un point commun en quelques secondes que je n'avais pas réussi à trouver en quelques heures. Je ne pourrais pas dire que cela me réchauffa le cœur, mais presque. Au moins, cela nous ferait un sujet de discussion à approfondir lors de notre retour – après tout, nous avions trois heures de route à tuer – et cela nous rapprochait également.

Toutefois, pour ce soir, il en était fini des grandes hypothèses, car nous étions servi : de belles pizzas gourmandes. Nos deux voisins avaient commandé des monstres pendant que nous même étions resté raisonnables. Nous étions des petits mangeurs, cela faisait un deuxième point commun. Cela me fit sourire. Mais bon, j'avais faim, alors nous avons entamé nos plats. Finalement, notre silence étant revenu, nos voix s'étant tues, ce sont nos deux compagnons qui se sont remis à parler pendant que nous écoutions. J'ai participé, de temps en temps, mais sans véritablement m'intéresser, je mangeais. J'avais toujours dans l'idée d'aller me baigner. La mer me manquait, j'étais rentrée pour cela en plus de voir mon aimé. Je voulais être dans l'eau. J'avais ces picotements, cette électrisation sur la peau qui me signifiait qu'il fallait que j'y aille. Un besoin vital qui m'appelait. Je savais que cela me calmerait, que mes pensées seraient plus claires après. Du moins, je l'espérais.

Nous avons vite fini – bon évidemment, je n'ai pas réussi à finir ma pizza, comme d'habitude, alors nous avons demandé à l'emmener. Certains eurent le courage de prendre des desserts, pas moi, j'avais bien trop mangé. Et alors que je pensais que nous nous étions calmé sur nos conversations, cela ne fut pas véritablement le cas. J'ai évidemment commencé à te taquiner, par pure plaisir personnel. Puis, tu as enchaîné. Et cela a évolué en jeu de mains où je tentais tout particulièrement de te chatouiller. Cela te faisais sourire et grimacer, cela te rendait faible face à moi, et je me sentais puissante malgré ta force physique bien plus importante que la mienne. Plusieurs fois tu as plaqué mes mains sur la table sans que je puisse bouger – je n'ai même pas fais attention que nous nous touchions, comme si les choses semblaient devenir naturelles. Au bout d'un moment, voyant que je ne pouvais plus te chatouiller par surprise parce que tu m'observais beaucoup trop, j'ai fini par laisser tomber. C'est alors que tu t'es mis à me balancer des boules de papier faites avec nos serviettes de table. Nous avons joué un moment à nous les lancer sur la tronche l'un de l'autre, à rire comme des enfants jusqu'à ce que l'une de nos boules finissent prêt d'une table à côté et que nous manquions de déranger les personnes qui y étaient installées. Alors nous avons joué au « baby-foot » sur la table – comme je l'appelle si bien – positionnant nos mains comme des buts pouvant repousser la balle et tentant de mettre celle-ci entre les mains adverses. Pareil, cela a duré au moins jusqu'à ce que mon aimé et notre ami terminent leur dessert. Puis, encore une fois, nous nous sommes calmé – nous rigolions comme deux enfants intenables. Finalement, j'ai fini par trouver un dernier jeu pour nous occuper (bien après avoir joué avec les miennes de pains sur la table pendant que nos voisins parlaient entre eux). Je t'ai fais découvrir un jeu, facile et portatif, auquel je jouais avec mon frère étant petite pour nous occuper au restaurant afin que nous restions sage – ce qui était tout à fait le genre de jeu qu'il nous fallait à cet instant. Cela demandait de la réflexion, du temps et un peu de technique. J'ai sorti des pièces et je t'ai expliqué les règles. Le but était d'aligner les trois pièces sans que l'adversaire nous bloque. J'étais particulièrement bonne à ce jeu, seul ma mère arrivait à me battre. Il fallait faire preuve de force de l'esprit et non de force physique. Là, je te testais. J'ai gagné la première partie grâce à un piège que je connaissais par cœur. Tu as gagné la deuxième à cause d'une erreur de ma part, étant un peu trop confiante. Mais la troisième, je l'ai gagnée, avec difficulté, car tu avais compris la logique – au bout de seulement trois parties ! Cela m'impressionna de voir que, pendant un moment, nous tournions en rond sans savoir qui aller arriver à aligner les trois pièces de monnaies. Puis, enfin, je réussie, encore une fois grâce à un piège et une erreur stupide de ta part. C'est là que je remarquais que nos deux voisins avaient arrêté de parler depuis un moment, et nous attendaient. Cela me gêna quelque peu. Nous nous étions comportés comme deux enfants sans faire attention à nos compagnons. J'avais été stupides, j'avais fais preuve de faiblesse. Je n'avais pas résisté, une fois de plus. Et une fois de plus notre complicité était ressorti – et devant les yeux de mon aimé, qui ne semblait pourtant n'avoir rien remarqué de louche. Enfin, il n'y avait rien de louche après tout. Nous n'étions que deux amis très proches avec une complicité des plus étranges.

Nous avons chacun payé notre part, puis, nous sommes sorti. L'air frais me requinqua, mais la soirée n'était pas fini, et il n'était pas encore temps de faire place à la fatigue. Nous sommes resté devant le restaurant un moment, attendant notre ami commun et réfléchissant à ce que nous pouvions faire ensuite. Je fit mon emmerdeuse et exigeais – plus que je ne proposais – d'aller à la plage nous baigner pour ceux qui le souhaitaient. Je réussis à vous convaincre. J'en avais besoin, cela commençait à être vitale. J'espérais que l'eau me purifierait, effacerait tous ces souvenirs, toutes ces émotions contradictoires. Nous avons pris la route. Mon aimé et moi ouvrions la route, vous l'indiquant étant donné que vous ne connaissiez pas. Ainsi, je fit des détours fort inutiles, mais je connaissais peu ces nombreuses petites routes au milieu de ces nombreuses maisons. Finalement, je retrouvais mon chemin et nous avons prit la direction de la plage.

Arrivé là-bas, il faisait quasiment nuit, et un nuage se profilait à l'horizon, ce qui n'était pas de très bon augure. Mais cela ne n'entacha pas ma volonté, mouillé pour mouillé, je comptais bien aller me baigner. Nous avons pris nos affaires et nos serviettes et sommes monté sur la dune. Il n'y avait pas beaucoup de vent et il faisait bon malgré le soleil couchant. Nous n'étions pas particulièrement du bon côté de l'île pour voir le coucher de soleil, mais le ciel était bien assez magnifique comme ça. Nous avions également le droit à la musique de la boîte de nuit qui raisonnait jusqu'à nous. Nous nous sommes donc posé et j'ai commencé à me dévêtir. En fait, je me suis rendu compte que toi aussi. Sur le coup, je n'avais pas véritablement pensé être avec toi. Je n'avais pas réfléchis. C'était gênant, et en même temps, plaisant. J'ai déjà dis qu'avec mon aimé, nous apprécions mettre les personnes que nous rencontrions dans des « catégories » permettant de jauger l'appréciation physique, à quel point la personne nous plaisait physiquement parlant (et uniquement le physique). En ajoutant tout ce que j'avais appris sur toi jusqu'à présent, et le physique que tu révélais alors – retirant ton fameux sweat bleu clair, ton t-shirt et ce fameux jogging, révélant un magnifique maillot rouge vif – il était presque difficile de ne pas reluquer. Je n'aurais pas rougis, ce n'était pas mon style, j'avais déjà vu des hommes dans ta tenue, voire nu. Et puis, nous n'étions qu'amis. Non, à la place j'étais du genre à sortir des bêtises. Pourquoi me suis-je donc mise à parler de mon physique devant vous trois ? Enfin, devant mon aimé, c'était normal, mais devant deux amis, c'était étrange. Mais ce fut agréable de vous entendre tous les trois me flatter. C'était agréable parfois de se sentir… Normale. C'était agréable de voir que d'autres filles déplaisaient aussi, selon vos dires.

Cela me permit de me mettre à mon tour en tenue. J'avais déjà mon maillot depuis le début d'après-midi. Et cela fut agréable de sentir le vent et la fraîcheur de la nuit sur ma peau. Le bruit de l'eau n'était pas loin. C'était marée basse. Je prit soin d'étaler ma serviette au sol avant de demander à mon aimé si je devait l'attendre ou non. Il accepta que je parte devant. Notre ami commun, quant à lui, préféra rester sur la plage, au calme. Il avait bien raison, il faisait bon ce soir là. Nous sommes donc parti tous les deux devant.

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