Tendre mélopée

7 minutes de lecture

[Fall Out Boy – Centuries]

Persévérance n'est pas sûreté,

Obsession n'est pas vérité.

Nous avons d'abord souri, puis grimacé alors que nous marchions sur le cailloux, puis gémit lorsque les algues ont frôlé nos pieds. Et enfin, nous étions soulagés, les pieds sur le sable humide, rejoignant peu à peu le bout de l'estran et la mer. Au début nous marchions tranquillement, puis, je ne sais pas, je me suis mise à courir. Un défi – envers toi ou moi-même – ou une envie pressente de plonger, de nager et de sentir l'eau contre ma peau s'était emparé de moi. Aussi surprenant que cela put être, tu t'es mis également à courir, et à mon rythme. Et moi, folle comme je suis, je t'ai mise au défi de me rattraper. Je reconnaîtrais fort bien que tu cours plus vite que moi – encore une chose où tu es meilleur que moi – mais heureusement que l'eau est arrivée vite et que cela t'as freinée, sinon tu m'aurais perdue. Et puis, tenant sur la distance mais pas sur le sprinte, j'étais essoufflée, cela m'empêchait de te surveiller véritablement, ou du moins ce que tu faisais. Et puis, ayant les pieds à moitiés dans l'eau, je guettais de ne pas toucher d'algues, ni de croiser de crabes. C'est ainsi que je n'ai pas vue la gerbe d'eau m'arrivant dessus, je me suis donc retrouvée mouillée plus vite que prévus.

Mais cela faisait du bien. Je me suis arrêtée pour m'habituer au froid, et je t'ai regardais. Mes yeux sont tombés sur toi. N'ayant pas une bonne vue, je n'ai pas vue les détails de ton corps, mais tu restait beau, svelte et musclé, un parfait équilibre entre la force et l'agilité. Très vite, je me suis raisonnée, sortant de mon hypnose pour me concentrer sur mes pieds. Nous étions dans une cuvette de sable, alors je t'ai conseillé de passer derrière le banc de sable, désormais à sec, pour aller te baigner. Évitant les zones d'ombre dont je n'arrivais pas à discerner de quelles créatures obscures il s'agissait, je finis petit à petit par te rejoindre sur le banc de sable. Tu t'es vite remis à courir par peur que je te chatouille ou que je te mouille. Ce n'était pas faute de t'avoir menacé d'ailleurs. Tu t'es donc précipité vers l'eau, comme moi, qui me suis remise à trottiner pour te rejoindre, oubliant le froid. Il fut évidemment plus simple pour moi de rentrer dans l'eau, étant déjà mouillée, que pour toi. J'en profitais d'ailleurs pour me venger et t'humidifier la peau à ton insu – sans te toucher toutefois. J'ai bien rit en t'entendant râler et gémir de froid. Puis, rentrant enfin dans l'eau tu t'es mis à nager, me rejoignant à une profondeur raisonnable pour ne pas se faire emporter par la marée.

Puis, me rendant compte que je n'avais pas surveillé mon aimé afin qu'il nous suive, je me suis mise à guetter afin qu'il n'aille pas dans une mauvaise direction et qu'il puisse nous rejoindre. Alors, j'ai perdu notre complicité, ma raison étant trop forte. Je me suis calmée – ce que je pensais que l'eau me ferait comme effet – et j'ai guetté. En fait, ma tête avait reprit le dessus, et me dictait mon devoir plutôt que mes envies. Je devais prendre soin d'une personne et voilà que je courrais après une autre qui n'était pas mienne. Nous avons bavardé en attendant, et nagé, mais je guettais toujours. Ne voyant pas arriver mon aimé, je me suis demandée s'il allait vraiment venir, ou s'il avait compris ce qu'il se passait… Et j'avais de nouveau peur. De quoi ? De faire quelque chose que je me pensais beaucoup trop capable ? Il aurait été trop facile de te toucher à ce moment, de t'approcher. Ma raison me dictait toutefois de garder mes distances, de nager, et uniquement nager, me vider l'esprit et oublier.

Finalement, après plusieurs minutes d'attente, j'ai aperçu la silhouette de mon aimé. L'appelant d'abord, je comprit vite que le vent empêchait ma voix de porter. Et le voyant se diriger dans la mauvaise direction, je fini – à contre cœur – par sortir de l'eau pour aller le chercher. Étrangement, une partie de moi aurait voulu rester avec toi, être juste bien avec toi, mais l'autre partie voulait être avec mon aimé et prendre soin de lui. Cela me fit presque mal au cœur de te laisser seul, derrière. Malgré l'eau, mais émotions contradictoires restaient présentes, trop présentes.

Mon aimé a fini par nous rejoindre, difficilement. Il n'avait pas été mouillé comme nous, et il eut du mal à rentrer dans l'eau. De plus, elle restait fraîche. Toutefois, j'étais bien, et cette baignade nocturne était ma première. C'était agréable. Vous avez entamé la conversation tous les deux pendant que vous restiez beaucoup trop statique pour avoir chaud et que moi-même nageais. Nous sommes resté plusieurs minutes ainsi, moi vous tournant autour pendant que vous restiez à la surface. Jusqu'à un moment où vous parliez de revenir sur la plage, de se sécher. Il était vrai que le soleil était désormais presque disparu et que l'obscurité autant que le gros nuage noir s'étaient avancés. Après plusieurs autres minutes où je rechignais à sortir, nous nous sommes tous précipité vers le bord. En effet, l'eau remontant, les vagues recouvrant le banc de sable provoquèrent des sorte de bulles sinistres et étranges. Peut-être par instinct ou par prévention, nous sommes sorti de l'eau précipitamment. Ainsi au sec, nous n'avions plus qu'à revenir sur la plage. Je me suis d'abord mise à courir, afin de sécher et puis pour aller plus vite, mais tu m'as vite dépassée. Et je fus incapable de te suivre, me connaissant, si j'avais suivi ton rythme à ce moment là, je serais tombée dans les pommes.

Et puis, de nouveau, mon cerveau était partagée. Je ne pouvais pas courir avec un garçon que je connaissais à peine, en maillot de bain en plus, en laissant mon petit ami derrière moi. Alors, autant pour reposer mes jambes et mon cœur que pour attendre mon aimé, je me suis assise sur le sable, et j'ai réfléchis. Comme souvent, j'hésitais entre chanter ou pleurer. Finalement, l'émotion positive a pris le dessus, et je me suis mise à chantonner doucement, afin que personne sauf le vent ne m'entende. C'était un chant mélancolique, mélangeant tristesse et joie, montrant probablement ma dualité intérieure. Mais personne, pas même mon aimé n'aurait pu m'entendre. J'étais alors, au milieu du banc de sable, sous les étoiles, en train de sécher doucement avec la moiteur de l'air, regardant la plage en face de moi, puis le ciel qui se couvrait peu à peu. Je me demandais ce que je devais faire, si je devais faire taire tout ce tumulte ou aller au bout des choses… Ou encore suivre mon instinct, comme toujours, comme je l'avais fais si souvent. Mais, même après cet instant de réflexion, je n'étais pas particulièrement décidée. Revenant sur ces moments au restaurant, je me demandais ce qui m'avait pris, si cela venait vraiment de toi, ou si j'y étais aussi pour quelque chose. Je voulais te tester, mais, je ne devais pas tomber dans mon propre piège et m'engager sentimentalement dans ce que je voulais voir de toi. Me fermer, tel était ma solution possible, mais cela était douloureux. Fuir était possible aussi, ne plus te parler du tout, ne plus t'approcher… Mais comment, alors même que tu me ramenais le lendemain ? Oh, et cette journée magnifique touchait déjà à sa fin. Cela me rendit un peu plus triste, parce que je partais de chez moi.

Finalement, mon aimé fini par me récupérer avant que je ne tombe en larmes. Cela aurait été stupide de pleurer pour tout ça, et surtout qu'il m'aurait posé des questions. Me demandant d'ailleurs si j'allais bien, je lui expliqué que j'avais simplement fait une pause à cause de mes genoux douloureux – ce qui n'était pas totalement faux. Il dû m'aider à me relever pour me permettre de déplier mes jambes qui craquèrent douloureusement. Nous sommes donc revenu doucement, tous les deux, sur la plage. Arrivant enfin prêt de nos serviettes, la seule chose que je pus faire, ce fut de me vautrer littéralement sur ma place attitrée, épuisée. Au moins, ce soir là, j'étais certaine de trouver le sommeil.

Vous avez tous papoter plus ou moins encore un peu, en attendant d'être sec. J'essayais de ne pas trop te regarder, et de participer quelque peu à la conversation, mais sans réellement m'investir. Je commençais vraiment à être épuisée, et mes pensées se chevauchaient toujours dans mon esprit, me fatiguant d'autant plus. J'avais simplement envie de faire une pause. Finalement, c'est notre ami commun et toi qui proposèrent de rentrer, vous aviez de la route à faire après tout. Comprenant et étant quelque peu séchée, nous nous sommes rhabillé (pour ceux étant allé se baigner évidemment), et nous avons rangé nos affaires. J'étais plus calme, et je ne te taquinais plus, j'étais trop fatiguée, je me posais trop de questions. Nous vous avons proposé de vous montrer le chemin jusqu'à la route principale que vous connaissiez, et vous avez accepter, afin de ne pas vous perdre. Étrangement, encore une fois, j'étais triste de vous voir partir, de voir cette journée se finir. Mais c'était une tristesse que je savais temporaire.

Finalement, nous avons fini par rentrer en voiture et prendre la route après des « Au revoir » assez court et quelques taquineries fatiguées. Mais, encore plus surprenant que cela puisse être, je me faisais du soucis, j'espérais que vous alliez rentrer sain et sauf. Je me suis mise à guetter votre voiture, voir si vous suiviez. En fait, je te guettais toi. Pendant un petit bout de chemin, vous nous avez suivi, jusqu'à ce que tu trouve un chemin que tu reconnaissais et tu as tourné, disparaissant de ma vue. Ce soir là, je suis rentrée, épuisée, je crois n'avoir eu la force de prendre une douche que parce que j'avais quelques algues dans les cheveux. Cette douche m'acheva définitivement, et je me suis posée dans mon lit, laissant mon aimé geeker sur son ordinateur, m'endormant quasiment immédiatement.

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