Balade chantante
[Lord Huron – Meet me in the Woods]
La lâcheté peut être une preuve de bonté,
Tout comme l'ignorance,
Peut-être une protection contre la souffrance.
Pareil que la veille, la matinée passa vite – et pas uniquement parce que je me levais tard afin de rattraper de la promenade nocturne. Et pourtant, malgré ce repos bien mérité, je restais fatiguée. Mon cerveau avait continué à réfléchir malgré ma phase de sommeil, et probablement que j'avais rêvé – sans être capable de me souvenir de mes songes, comme toujours. Et commençant à pâtir de ce manque de sommeil, je n'avais pas véritablement faim, ni envie de faire quoi que ce soit de ma journée. Mon aimé ne se leva que bien après moi, et tout deux, nous avons passé le reste du week-end à traîner sur internet ou devant la console. J'ai surtout profité de la présence de mes chats, de passer un peu de temps avec eux, car cela faisait longtemps que je ne les avais pas vue. C'est à ce moment là que mon aimé me demanda s'il pouvait venir me voir le week-end prochain, afin que je puisse garder les chats parce qu'il avait quelque chose à faire et qu'il ne pourrait pas les garder, mais également parce que je lui manquais. J'ai accepté, n'y voyant aucune contrainte. Évidemment, je n'osais toujours pas lui parler de mes doutes. Ils n'étaient pas confirmés et je ne comptais pas raconter des choses fausses qui pourrait lui faire du mal pour rien. Alors je préférais me taire, et attendre, finir mon investigations et confirmer mes soupçons avant de parler.
L'après-midi passa étrangement vite également, peut-être parce que nous sommes parti tôt. Comme la veille, toi et moi avons converser par messages, et tu étais plus bavard et plus taquin que lorsque nous nous étions vue. Peut-être que cela n'était que notre amitié qui te rendait ainsi. Nous avions donc convenue d'une heure pour rentrer et d'un lieu de rendez-vous – entre deux taquineries – afin que tu puisse me ramener. Évidemment, nous sommes partie en retard avec mon aimé, nous retrouvant quelque peu coincé dans les bouchons. Je me doutais que tu n'allais pas partir sans ton principal passager, mais j'ai quand même préféré te prévenir. Par simple politesse. Et puis, ce retard me stressait quelque peu. Pas uniquement parce que j'allais passer de nouveau plusieurs heures dans ta voiture, quasiment seule avec toi – et mes pensées douteuses – mais également parce que je rechignais à partir de chez moi – et également parce que je déteste être en retard. Dans la voiture, mon aimé me parla, mais cela ne me changea pas forcément les idées. Nous avons parlé d'un jeu vidéo, de son contexte, des histoires, enfin, de choses banales dont nous parlions souvent – non pas que cela m'ennuyait, mais il y revenait souvent, peut-être un peu trop.
Finalement, nous sommes arrivés au fast-food où nous nous étions donné rendez-vous. Pour t'embêter quelque peu et te faire signe que nous étions là, je me suis évidemment garée à côté de ta voiture – et puis cela serait plus pratique pour déplacer mes affaires d'une voiture à l'autre. Mais avant de partir, nous avons décidé de manger, au moins pour passer un peu plus de temps tous les quatre, et puis afin d'avoir le ventre plein pour le reste de la route. Mon aimé est resté avec nous, après tout, je n'allais pas l'exclure juste parce que j'avais des idées farfelues, et cela me permettait de passer un peu plus de temps avec lui. Donc, encore une fois, je me retrouvais la seule fille au milieu de trois garçons. Bon ce n'était pas particulièrement problématique… Sauf quand les trois garçons en question décident de se comporter comme des gamins. Parce que c'est bien ainsi que les choses ont commencées. Alors même que notre complicité refaisait surface doucement, mon aimé et toi avaient décidé d'un commun accord de m'embêter. Je pensais que cela ne durerait que le temps du repas, alors, quand nous avons fini, j'ai décidé de vous rendre la monnaie de votre pièce et de vous forcer à ranger pendant que j'allais aux toilettes. Malheureusement, la séance d'emmerdements n'était pas encore fini, car, quand je revint, vous aviez décidé de débarrasser vos plateaux, soit… Sans les cartons et autres plastiques contenant les frites et les sandwichs que vous avez réuni sur mon plateau, formant un énormissime tas d'ordures un peu branlant. Je crois que j'ai longuement soupiré en me disant que j'allais probablement me ridiculiser car personne ne voudrait m'aider. Mais finalement, vous, les trois gars, avaient été compatissant et vous m'avez aidé en vous moquant bien. Décidément c'était ma soirée !
Puis, quand nous avons fini de nous envoyer des pics – ou des chatouilles en ce qui te concernait – nous sommes retournés aux voitures afin d'effectuer le transfert de mes affaires. J'ai eu le droit à un peu d'aide de la part de mon aimé, mais pour le reste, j'ai tenue à le faire seule (pour le peu d'affaires que je prenais, si on ne comptait pas les courses). Ensuite, j'ai dis au revoir à mon aimé qui ne souhaitait pas être trop être pris dans les bouchons. Je dois avoué que c'est un peu à contre cœur que je lui dis au revoir. J'allais en terres inconnues, et il n'en savait rien. Il ne connaissait pas le tumulte de pensées qu'il y avait dans mon esprit, ni le mal-être que j'essayais de cacher. Dans notre relation, je ne lui avais jamais rien caché, je faisais toujours en sorte de lui dire les choses et d'être sincère. Mais je tenais à ne pas le faire souffrir inutilement, alors j'ai tenue, jusqu'au bout. J'ai tout de même eu le petit pincement au cœur en le regardant partir, mais je savais ce que c'était, j'en avais l'habitude. Toutefois, même si nous étions sur le départ et que j'espérais que la route me ferais oublier ma douleur, nous avons dû attendre encore un peu. Tu souhaitais dire au revoir à tes parents qui allaient passer. Je n'étais pas contre, je comprenais. Même si je rechignais, ayant peur de rester encore trop longtemps, je savais que c'était totalement égoïste. Mais par politesse je me suis tu, je n'avais pas mon mot à dire. Cependant, lorsque tes parents sont arrivés, je n'ai pas osé du tout m'avancer, ni même aller les saluer. Je suis restée invisible. Pourquoi ? Parce que je ne souhaitais pas connaître ta vie privée, ni même en faire partir, ni même l'entrevoir. Je devais me contenter de connaître la surface de ta personnalité, et non découvrir toutes ses facettes. Alors, pour respecter une certaine distance entre toi et moi, je suis restée prêt de ta voiture, attendant silencieusement. Je souhaitais partir, rien de plus. Notre ami commun est allé salué tes parents – probablement parce qu'ils les connaissaient – mais je suis resté en arrière tout de même, silencieuse, écoutant simplement. J'étais presque gênée.
Puis, enfin, nous avons pris la route lorsque tu as fini de saluer tes parents et qu'eux aussi, ont décidés de partir. Évidemment, nous avions encore une petite halte à faire avant d'être pendant plusieurs heures juste tous les deux. Tu devais déposer notre ami commun sur son lieu de travail. Cela fut rapide, peut-être trop. En fait, même si je souhaitais à tout prix oublier ma douleur et mes pensées, je ne souhaitais pas particulièrement voir ce week-end toucher à sa fin. Autant par manque d'envie de retourner travailler que par envie de faire durer ce genre de bon moment entre amis. Je rechignais également à dire au revoir à notre ami commun. Pourtant, il le fallait bien. Après de brèves salutations, nous avons reprit la route, et cette fois avec pour destination finale nos logements temporaires pour le travail.
Ce ne fut pas particulièrement facile d'entamer la conversation cette fois. Il y avait un vide, que je tentais de combler en te faisant rire – encore une fois. D'abord en tentant de te renvoyer la balle pour ce que vous aviez fait au fast-food, puis en abordant d'autres sujets tout aussi léger. Mais ce n'était pas facile de te rendre le sourire que j'avais si facilement dessiné sur tes lèvres. J'avais parfois presque l'impression que tu étais préoccupé. Mais peut-être n'avais-tu juste pas envie de retourner travailler, ce que je comprenais aussi. Après un long silence, j'ai fini par t'observer discrètement, du coin de l’œil – l'avantage d'avoir une vue panoramique, c'est qu'on remarque le moindre mouvement sans même tourner la tête. C'est ainsi que je découvris que tu agitais encore une fois tes lèvres, comme à l'allée, chantonnant dans ton coin sans même faire sortir un seul son de ta bouche. C'était mignon, et très drôle à observer ainsi, à ton insu. Finalement, je ne pus résister plus longtemps, et je t'ai fais la remarque, en t'encourageant vraiment à chantonner de façon à ce que j'entende, te rassurant en te disant que cela ne me gênerais pas. Je crois que jusqu'ici, je ne t'avais jamais vue aussi gêné. Et je ne pus m'empêcher de rire. Voyant que tu n'osais pas véritablement te lancer, et que cela t'avait même plutôt refroidi, je m'y suis mise. C'était étrange de s'ouvrir à quelqu'un sans même le connaître, mais avec toi, c'était facile. Je n'avais pas honte de montrer ma voix, ni même que je ne connaissais pas toutes les paroles en entiers. Je n'avais pas peur d'être jugée par ton regard. Mais moi aussi, j'y suis allait timidement au début. Cela ne restait que du pure encouragement, au début. Puis, peu à peu, c'était beaucoup plus par plaisir. Cela faisait du bien de trouver quelqu'un un peu comme moi, qui chantonne ses chansons dans sa voiture, juste parce qu'ils les aiment et parce que ça fait du bien. Sur les musiques que je connaissais peu, voire pas du tout, j'étais plus prudente, évidemment – je ne souhaitais pas vraiment me ridiculiser jusqu'au bout, même si cela ne m'aurait probablement pas dérangé avec toi.
Cela permit de détendre quelque peu l'atmosphère et d'entamer des conversations un peu plus cool et apaisante. Toutefois, lorsqu'une musique que nous connaissions tous les deux passait, nous nous mettions à chantonner en souriant. Je te regardais, de temps en temps. C'était la deuxième fois que tu me faisais craquer ainsi. A croire qu'il n'y avait vraiment que la musique qui te permettait de te révéler vraiment, d'être toi-même. Et c'était dans ce genre de moment que mes doutes devenaient de plus en plus omniprésent. Je me demandais pourquoi tu arrivais ainsi à t'ouvrir à moi, alors que tu avais été si discret pendant tout ce temps. Pourquoi était-ce seulement maintenant que tu changeais ? Et si j'avais raison, et si mon intuition était réelle ? Encore une fois, j'avais peur, mais je n'en montrais rien. Tant de gens s'étaient confiés à moi – des amis comme de simples inconnus dans la rue ou dans le train – cherchant le réconfort, une oreille attentive ou simplement de la compagnie, parfois un peu des trois. Cela n'aurait donc pas dû me perturber venant de toi, peut-être avais-tu besoin de quelque chose que je pouvais te donner. Cependant, je me demandais de temps en temps si cela ne venait pas plutôt de moi, si je me faisais des idées, si je m'imaginais des choses. Ou était-ce moi qui, pour une fois, avait besoin de quelque chose que tu m'apporterais ? Seul l'avenir me le dirait.
Et puis, je n'allais pas gâcher ce trajet en si bonne compagnie avec mes noires idées. Elles étaient bien où elles étaient : au fond de mon esprit. Je préférais me concentrer sur la musique pour me détendre ou sur des conversations légères avec toi – quoi que je monologuais plus qu'autre chose. Tu parlais toujours aussi peu, mais je savais que tu écoutais – tout du moins tu me répondais, c'est bien que tu enregistrais les informations que je déblatérais. Je parlais surtout de moi, de nos études, de notre travail, des amis. Tout ce qui me passait par la tête en dehors de mes soucis, me servait à discuter. Je passais parfois du coq à l'âne même. Puis, au bout d'un moment, une musique est passée, la reconnaissant, je me suis mise à chantonner son air. Jusqu'à ce que je me rende compte que ce n'était pas les bonnes paroles. Tu m'as regardé avec un grand sourire moqueur en m'expliquant que c'était une parodie inspirée d'un jeu. Après avoir écouté ce drôle de remix léger et sympathique, j'ai trouvé de quoi je pouvais parler avec toi, j'ai trouvé le sujet qui pouvais te passionner. Cette fois, je savais qu'il allait te plaire car j'avais mes propres informateurs qui me l'avaient confirmés. Je te savais Geek, comme moi, pas forcément sur les même jeux. En fait, à par un – celui dont été tiré cette fameuse parodie –, je ne savais pas ce que tu aimais comme jeux vidéo. Et le seul auquel tu pouvais jouer, je savais que tu y étais presque accroc, car l'un de nos amis commun me l'avait dis – l'ami homosexuel à qui l'on dit tout, et qui peut se révéler un peu trop bavard parfois. Et puis qui ne pouvait pas être accroc à League of Legend. C'était en partie à cause de cela que je n'y jouais plus. Sur le coup, j'ai eu peur que tu sois comme tous ces « troll-geeks » qu'il y avait sur ce maudit jeu, mais ces illusions ce sont vites révélées fausses.
En fait, tu n'étais pas véritablement accroc, tu aimais ce jeu. Cela s'entendait dans ta voix. Ce n'était pas de l'addiction comme chez mon aimé ou d'autres avec qui j'avais pu jouer, mais de la passion. Je t'expliquais ce que je jouais – à l'époque où j'y jouais encore, soit deux bonnes années auparavant. Je t'ai également expliqué pourquoi j'avais arrêté en m'excusant. Je me souvenais de ton regard totalement déçu en septembre lorsque je t'avais dis que je n'y jouais plus. En fait, j'avais fais l'erreur de mettre Warriors de Imagine Dragons comme musique de fond à la première soirée de notre promotion, et tu avais reconnu – à mon grand étonnement – la musique. Tu m'avais demandé si je jouais, je t'avais répondu que je n'y touchais plus, que j'avais été déçue. Je m'étais presque sentie coupable de produire cette air triste sur ton visage. Mais à ce moment là, j'avais d'autres préoccupations, et après j'ai oublié. Mais c'est ainsi que j'appris que tu étais un Geek, même si, tout au long de l'année j'en ai eu des confirmations et des précisions. Sans compter la fois où nous étions venu te chercher pour aller au cinéma et que – étonnamment ! – tu étais devant l'ordinateur. Je t'ai donc posée des questions, sur tes techniques de jeu, sur ton classement, sur tes personnages préférés. J'ai peut-être pu te surprendre en te disant que je jouais principalement « fonce dans le tas » - comme je le faisais si souvent dans n'importe quel jeu vidéo – mais également que j'ai été mieux classée que toi – enfin, deux années auparavant quand même. Mais ce fut probablement moi la plus surprise – et je ne l'ai pas cachée – en sachant que tu jouais plus souvent le rôle du soigneur. En sachant que dans ce jeu, la plupart des personnages pouvant jouer ce rôle étaient… des filles. Sur le coup, je me suis bien moquée. Mais il se révéla que tu t'y connaissais mieux que moi – ce qui ne m'étonna pas, je me trouvais tellement nulle, une autre raison pour laquelle j'avais arrêté d'y jouer. En fait, tu semblais tellement passionné dans ta voix – pour une fois que tu monologuais durant le trajet – que cela me donnait presque envie de jouer à nouveau, pour tenter de te défier. Mais très vite, un peu trop vite, je me suis ravisée. Je ne devais pas retourner sur ce jeu, j'y avais passé de trop mauvais moments, trop de larmes avaient été versées, trop de disputes avaient été provoquées. Ce n'était pas véritablement le genre de jeu sur lequel je voulais me pencher de nouveau. Et pour quoi faire ? Pour perdre ton amitié sur un coup tête ? Non, trop risqué. Alors, malgré que tu me l'ai demandé, j'ai refusé. Pourtant, une partie de moi souhaitait essayer, souhaitait tenter de me rapprocher de toi grâce à ce jeu qui semblait tant te plaire. Mais non… Et comme à chaque fois que quelque chose ne me plaît pas, je me suis braquée et mise sur la défensive, j'ai ruiné notre conversation. Après avoir critiqué le jeu, j'ai évidemment critiqué les créateurs, et enfin les joueurs. Ce que tu n'apprécia pas forcément. Mais j'étais ainsi, lorsque j'étais dégoûtée de quelque chose, c'était jusqu'au bout de doigts. A mon grand déplaisir, l'atmosphère fut refroidi.
Heureusement la soirée, tout comme le trajet, touchait à sa fin. Nous avons chantonné quelques autres chansons, mais beaucoup moins joyeusement. Avais-je donc tout foutu en l'air ? Ou alors était-ce la perspective de travailler le lendemain qui nous rendait morose tous les deux ? Peut-être les deux à la fois. Sans compter la fatigue que je commençais à sentir. Cependant, quelque chose vint m'occuper l'esprit – mon esprit qui commençait à regretter mes paroles et que la culpabilité prenais peu à peu d'assaut, en plus du chagrin de devoir retourner toute seule dans mon petit logement. Malheureusement, tu avais mi l'adresse de ton GPS sur ton logement, et non sur le mien. J'ai donc dû utiliser mon téléphone pour rectifier le trajet. Ce ne fut pas de tout repos car, même si j'ai un bon sens de l'orientation, cela ne faisait que quelques semaines que je vivait plus ou moins à cette endroit. Et les rues, de nuit, ne me semblaient pas être les même – surtout que le GPS sembla nous faire passer par des petites rues sinueuses et étroites. Mais finalement, tu as fini par rejoindre la rue que je connaissais – tant bien que mal – et à me ramener à destination.
Il faisait chaud, mais le vent était frais, et cela sentait l'humidité. C'était agréable. Et pourtant, malgré ma joie de retrouver cet air là, à l'intérieur, j'étais triste. Alors que tu t'arrêtais devant mon petit logement, tu m'as demandé si je voulais de l'aide. J'étais assommée, autant de fatigue que par notre atmosphère refroidie. Et puis, je n'avais pas envie de te voir partir. Je n'avais pas envie de me retrouver seule, à nouveau. Et voyant que je ne répondais pas, ou du moins que je ne savais pas quoi te dire, tu as fini par choisir tout seul. Tu m'a donc aidé à porté ma valise et le peu d'affaires que j'avais ramené – évidemment, j'ai porté le plus lourd, la valise. Pendant un instant j'ai dû te laisser planter devant, à attendre que j'ouvre. J'ai fini par t'ouvrir la petite maison qui me servait de refuge un peu près digne pour que tu puisse me déposer les quelques affaires que tu m'avais aidé à porter. Ayant plus la tête à ranger tout ce bazar, j'ai totalement oublié de te dire si j'avais besoin d'aide et pendant un instant, tu es resté planté au milieu du salon, à attendre. Finalement, et à contrecœur, j'ai fini par te faire la bise et te dire au revoir. J'ai dû m'empêcher de te retenir, m'empêcher de te demander de rester, m'empêcher d'aller voir par la fenêtre si tu étais bien parti. Et pourtant non, je n'étais pas amoureuse… Il n'y avait pas de long battements de cœur aigres et douloureux, il n'y avait pas de gorge serré, il n'y avait pas de nœud au milieu de la poitrine…
Non, il n'y avait qu'une profonde tristesse, et le désespoir de me retrouver de nouveau seule. Ta compagnie me manquait déjà, et ce malgré notre petit accrochage – qui était déjà oublié. Non, je ne ressentais pas le besoin de te serrer dans mes bras, ni de sentir ton odeur. Juste ta présence m'aurait suffit. Je n'avais plus qu'à m'occuper de ranger mes courses, de trier mes affaires, d'ouvrir ma valise et de me mettre en pyjama pour mieux aller dormir. Du moins tenter, regardant pendant plusieurs minutes le plafond, me demandant ce qui pouvait bien m'arriver, me demandant si tu pouvais vraiment être attiré par une fille comme moi, me disant que ce n'était qu'un songe et que je ferais mieux de dormir, je finis par me saisir d'un livre. Après plusieurs minutes de lecture à tenter d'oublier tous ça, j'ai fini par trouver le sommeil.
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