Chapitre 3 - Quand la fête est passée, on a des dettes et du linge sale.

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Tu as vu à quel point Sophia Sercey est sexy ce soir ? lança Levi Wendel, dix-sept ans, lorsque la blondinette roula des fesses devant lui.

Il plissa ses yeux verts, ne pouvant détourner le regard des bombes atomiques qui égayaient cette soirée. Si Levi était là ce soir, ce n'était pas pour son amabilité, ni sa réputation de tombeur. Bien au contraire. Les rumeurs qui couraient sur lui auraient pu en faire fuir plus d'une. Non, s'il se trouvait dans ce salon à la décoration chic mais minimaliste, c’est parce qu’il fréquentait régulièrement les Van Buren. Ou plutôt devrait-il dire ses parents. Une partie de tennis contre Scarlett, des vacances organisées en Italie avec leurs familles respectives et parfois d'interminables soirées au restaurant, sa famille était toujours de la partie. Pourtant, Levi ne pouvait pas dire qu’il était proche de cette fille. Il assistait à ces événements parce que ses parents l’y obligeaient et non pas par affection pour Scarlett. Ils n’avaient aucun atome crochu, c’était comme ça, pas de quoi en faire un fromage !

Isaac Fortescu, meilleur ami de Levi depuis le collège, cracha dans son verre puis se laissa tomber à la renverse contre le divan. Ses cheveux blond doré s'écrasèrent contre un des coussins Yves Delorme. C’est clair, pensa-t-il. Elle assure grave !

— C’est quoi ces cocktails de filles ? Où est la bière ? râla Gabriel Snavely.

Il s’assit entre les deux jeunes hommes, passa sa main dans ses cheveux châtain clair rasés court et afficha une mine renfrognée.

— J’ai mieux que de la bière ! se vanta Levi.

Il brandit un joint fraîchement roulé.

— On s’en grille un ? poursuivit-il.

Isaac et Gabriel s’excitèrent tels deux chiots remuant la queue. Cette soirée serait peut-être un peu moins naze après une bonne défonce !

Levi fouilla dans la poche de son pantalon chino beige et en extirpa un briquet neuf. Il glissa le joint entre ses doigts qu'il s'empressa d'allumer.

— Qui organise cette fête ? râla Gabriel, sans quitter le plafond des yeux.

Il accepta le joint que lui tendit son ami et relâcha la fumée le plus lentement possible.

— Scarlett Van Buren, souffla Isaac, la cherchant du regard à travers la pièce.

Il s'arrêta sur le champ lorsqu'il comprit qu'il se fichait bien de savoir où elle se trouvait. Cette fille ne l'intéressait pas le moins du monde. Il n'aimait pas les rousses.

— Elle devrait revoir ses goûts musicaux. Elton John, sérieusement ? se moqua l'héritier des eaux de cologne Snavely.

Gabriel trouvait ces filles totalement pathétiques. S’il était là, ce n’était pas pour se délecter de leur présence. Bien au contraire. Il préférait davantage la compagnie de l’autre sexe. Mais il ne disait jamais non à une bonne beuverie.

— Techniquement, on est chez Cordélia Oberkampf. Et elle éclipse tout le monde ce soir, répondit Levi.

Gabriel scruta Levi avec intérêt. Son imagination lui jouait des tours ? Sinon pourquoi, jurait-il avoir vu Levi baver sur Sophia Sercey, il y a tout juste quoi ? cinq minutes ?

— Qui ? le questionna Gabriel, entrant dans son jeu.

— Elle ! brailla Levi, en pointant du doigt une belle brune, totalement ivre, qui se déhanchait sur le canapé en velours.

Comme s'il était possible de se déhancher sur sur Sacrifice. A deux doigts de se casser la figure, elle tenait un verre à pied à moitié vide dans sa main droite et se dandinait à s'en rompre les côtes.

— J’ai vu mieux, rétorqua Gabriel, quelque peu jaloux, tandis que Levi ne pouvait détourner son attention de Cordélia.

Toute personne dotée d'un minimum de jugeote ne pouvait ignorer l'intérêt que Gabriel portait à Levi. Il en était raide dingue, cela crevait les yeux.

— Quel rabat-joie, renchérit Isaac.

Comme ce mec pouvait être de mauvaise foi ! pensa-t-il. Cette fille était canon. Cela était indéniable !

Levi passa sa main dans ses épais cheveux bouclés sans quitter des yeux Cordélia. Il avait oublié bien vite Sophia et sa tenue ultra moulante. Il mourait d’envie de rejoindre l'adolescente. Il songea à toutes les cochonneries qu’il pourrait lui faire et cela renforçait son désir encore plus.

— Pompette, je suis complètement pompette, brailla Cordélia dans le vide.

Il n'y avait personne autour d'elle, les filles épuisées s'étaient réfugiées dans la cuisine. Elles étaient loin d'avoir l'endurance de Cordélia. Mais, cette dernière ne s'était rendue compte de rien. Ni même que son maquillage avait coulé. Heureusement, cela n’enlevait rien à sa beauté. Elle sentait les regards insistants des garçons sur ses hanches. Et bien qu’elle ne le laissât pas paraître, cette situation la dérangeait fortement. Elle avait cette étrange impression d’être un morceau de viande fraîche. Elle ne comptait pas perdre sa vertu avec le premier excité du coin. Jamais. C’était bien mal la connaître. Bien, qu’elle aussi avait ses travers...

— Salut ! lui lança un garçon, plutôt grand aux cheveux bouclés, l'extirpant de ses pensées.

Il lui proposa un verre sûr de lui. Cordélia ne lui témoigna pas le moindre intérêt et continua de se trémousser. Elle connaissait parfaitement ce type de mecs. Ils sautaient sur tout ce qui avait une paire de seins.

Levi avait la désagréable impression d’être transparent. D’ordinaire, les filles succombaient presque instantanément à son charme. Ce n’était pas un hasard si on le surnommait “Don Juan numéro deux”.

Il tapota l’épaule de l’adolescente. Tant pis s’il passait pour un naze. Il détestait qu’une fille lui dise non.

Cordélia sauta du canapé, l’ignorant de plus belle. Elle avait horreur des boulets ! Elle chancela légèrement, satisfaite de tenir assez bien l’alcool. Elle avala d’une traite sa coupe et la posa sur un meuble bas. Sa vessie était sur le point d’exploser. C'était un excellent argument pour foutre le camp. Elle soupira. Dire que les toilettes avaient été condamnées après le passage d'Edouard Dumont.

Cordélia fonça vers la salle de bain, laissant sur de côté cet inconnu aussi lourd qu'une vache à lait. Elle éjecta un couple en pleine action puis s’enferma dans la pièce. Elle n’arrivait pas à croire qu'elle allait vraiment faire ça. Elle grimpa dans la baignoire, souleva sa jupe et baissa sa culotte. Elle riait. Et alors qu’elle s’y attendait le moins, les larmes jaillirent. Elle tenta de se raisonner, se sentant totalement stupide. Mais elle n'arrivait pas à se contrôler. Ses nerfs lâchaient.

Elle se sentait idiote au milieu de cette salle de bain bien trop grande pour être d'une taille acceptable. Elle s'était conduite comme une débauchée à cette soirée. Bientôt toute l'école l'apprendrait et elle devrait faire face aux expressions condescendantes de ses camarades. Et peut-être même de sa famille. Si elle souhaitait impressionner son père et lui faire regretter de l'avoir lâchement abandonnée, elle avait parfaitement échoué.

Cordélia s'apprêta à effacer toute trace de son passage lorsque quelqu’un tapa nerveusement à la porte.

— Cordélia ? la sollicita Levi.

La jolie brune reconnut instantanément la voix de l'étranger. Quand est-ce que ce type allait lui lâcher la grappe ?

Elle entrouvrit légèrement la porte pour que le garçon ne puisse pas se faufiler à l’intérieur. Elle voulait lui dire d'aller voir ailleurs. Mais, elle fut prise d’un vertige. Cette fois-ci l'alcool faisait réellement effet. Pourquoi devait-elle se trouver dans un tel état alors que ce mec lui fichait la trouille ? Avait-elle à faire à un excité du bocal ?

— Ah ! Tu es là, dit-il, posant son coude contre l'entrebâillement.

Bouclettes la fixait avec un sourire niais. Et cette moue ne le rendait pas du tout adorable ! Gagnée par un haut-le-cœur, elle se retint de vomir.

Levi poussa la porte. Le verrou s’enclencha et le cœur de Cordélia s’emballa. Il se gratta la tête. Elle aurait juré l’avoir vu faire ce geste quand il l’avait abordé.

Ce type avait des T.O.C. ou quoi ?

Elle recula d’un pas.

— Tout va bien là-dedans ? lança-t-il. Pourquoi tu as verrouillé la porte ? Tu comptais te tripoter ? railla-t-il avec assurance.

La pièce tourna brusquement. La dernière fois que Cordélia avait ressenti cela, elle avait passé sa soirée, une bassine à la main.

Levi passa sa main à travers l'entrebâillement et réussit à soulever le loquet.

Affaiblie, la jeune femme s’arma du peu de forces qui lui restaient pour lui claquer la porte au nez. Mais ses bras étaient si faibles, qu'à peine avait-elle eut le temps de se redresser que le garçon en avait profité pour s’engouffrer dans l’étroite pièce.

Des petites étoiles mirent à mal le champ de vision de Cordélia. Celle-ci s’écroula contre le carrelage mural. Elle avait si chaud …

Quelques secondes plus tard et malgré la présence de Levi, Cordélia était nue comme un ver et entièrement trempée. L’adolescente n’avait pas conscience de ce qu’elle faisait. le mélange d'alcools forts parlait pour elle. Elle songea à prendre un bain glacé, mais entrer dans la baignoire lui paraissait inconcevable.

— Je dois le prendre comme une invitation ? força Levi.

— Dégage ! bafouilla la jolie brune, à deux doigts de tomber dans les vapes.

Elle savait ce qu’il voulait. Un garçon ne suivait pas une fille dans la salle de bain pour lui tendre le rouleau de papier toilette !

Ses yeux se fermaient dangereusement. Incapable de lutter, elle perdait peu à peu pied. elle devait lutter si elle ne voulait pas que ce garçon abuse de sa faiblesse. Trop tard, hélas, Levi profita sa mollesse pour lui mordiller l’oreille.

— Lâche-moi, grogna Cordélia, je n’ai pas envie, tentant de se débattre.

Elle essaya de le repousser mais ses bras étaient mous comme une chique.

— Laisse-toi faire, chuchota-t-il.

Elle sentait les mains de ce type se déplacer sur sa peau nue. Elle essaya de le faire partir encore une fois, mais Levi s’obstinait. Il ignorait ce que le mot “non” voulait dire. Il défit sa ceinture et retira son jean. Il pressa son corps contre celui de la jeune femme, ses doigts ne cessant de se balader de part et autres sur elle. L’adolescente profita d’un moment de lucidité pour lui mordre l’épaule. Il ne broncha pas. Elle recommença et visa difficilement son cou. Elle réussit enfin son coup !

— SALE CONNE ! hurla-t-il.

Merde ! Il pissait le sang ! remarqua-t-il.

Il s’empara de ses vêtements roulés en boule et partit sans crier gare. Cordélia se traina difficilement jusqu’à la porte et actionna le verrou. Elle ne bougea pas, épuisée.

Levi désirait faire une sortie discrète lorsqu'il tomba nez à nez avec Scarlett. Comme si de rien n'était, il entama la conversation. Rien de tel pour passer incognito.

— Scarlett ? l’interrogea-t-il, en tournoyant entre ses doigts fins sa chaîne en or autour du cou.

La jolie rousse aurait juré qu’il sortait de la salle de bain.

— Salut Levi ! Contente que tu aies pu venir, répondit poliment Scarlett.

Le jeune homme maintenait sa main plaquée au-dessous de son oreille. Il ne devait pas s'éterniser s'il tenait à garder secrète son escapade.

— Comment pourrais-je refuser de me rendre à une soirée organisée par Scarlett Van Büren ?

Scarlett se mordit la joue pour dissimuler son dégoût. Son entrée à Sainte-Bernadette lui avait fait oublier à quel point ce type était lourd.

— Tu es blessé ? demanda-t-elle.

Levi feignit d’être surpris. Voilà pourquoi il aurait du déjà mettre les voiles !

— Oh ! ça ? C'est ... une … légère égratignure.

Il afficha un sourire des plus étourdissants. Mais ses yeux ne riaient pas, bien au contraire. Scarlett frissonna. Son regard lui filait les chocottes !

Noté de ne plus l’inviter, pensa-t-elle.

— Tu as vu Cordélia ? ajouta-t-elle, mal à l’aise.

— Elle est sûrement aux toilettes comme la moitié des filles présentes à cette soirée.

Scarlett souffla. Elle détestait ses remarques sexistes. Encore un des traits de caractère du jeune homme qu’elle avait oublié. Elle l’ignora et se dirigea vers les commodités.

— Fou le camp ! grommela-t-elle lorsque Cordélia entendit de nouveau frapper.

— Cordy ? C’est moi ! Ouvre, beugla Scarlett.

Cordélia rampa jusqu’à la porte puis ôta le loquet.

— Oh mon dieu !

Scarlett se laissa tomber aux côtés de Cordélia. Elle attrapa le visage de l’adolescente entre ses longs doigts fins.

— Regarde-moi ! lui brailla-t-elle.

Cordélia peinait à garder les yeux ouverts. Elle avait trop mal au cœur pour cela.

— Qu'est-ce que tu as pris ? poursuivit Scarlett, le cœur battant à tout rompre.

— Je crois que j’ai abusé du martini, répondit Cordélia avec difficulté.

Elle avait la bouche pâteuse et sa langue peinait à se presser contre son palais.

— Lève-toi, lui ordonna la rouquine. Tu dois vomir.

Cordélia tenta de se lever mais ses bras était aussi fort que du coton.

— Je n’y arrive pas, lâcha-t-elle résignée.

Scarlett haussa les yeux au ciel.

— C’est ça ou les urgences, lui rétorqua-t-elle, la soulevant par les épaules.

Cordélia détestait les hôpitaux. L’odeur de désinfectant et la chaleur des chambres, des couloirs même, lui donnaient la nausée. Scarlett tenta de lui fourrer les doigts dans la bouche. Cordélia se débâtit.

— Je peux le faire toute seule, répondit Cordy avec mollesse.

— C’est ça. Et moi je suis la reine d’Angleterre. Regarde-toi ! Tu es complètement dans le cirage ! Qu’est-ce que tu as foutu ? s’emporta Scarlett, paniquée.

Cordélia l'ignora, tentant de montrer qu'elle était capable de reprendre le contrôle de son corps.

— Tu peux aller chercher un seau ou n’importe quoi qui traîne par-là ? Je n’ai pas envie de boucher la baignoire, bredouilla-t-elle.

— Bon d’accord, je vais voir ce que je peux faire, capitula la jolie rousse.

Scarlett déambulait parmi les invités. Si seulement elle pouvait les réexpédier chez eux d’un coup de baguette magique …

— Madame Oberkampf ? Vous êtes là ? appela une voix fluette depuis l'entrée.

Scarlett se figea. Nom d'un petit bonhomme en mousse, que se passait-il encore ?

— Madame Oberkampf, ici Monsieur Victor. Pourriez-vous baisser le volume sonore ?

Merde ! Manquait plus que ça. La situation lui échappait complètement.

— Nous venons de recevoir plusieurs plaintes des copropriétaires, poursuivit-il.

L’anxiété s’empara de l'adolescente.

Scarlett attrapa le saladier et s’éclipsa, préférant ignorer Victor. Elle devait d’abord s’occuper de son amie, les voisins attendraient encore un peu !

Scarlett s’engouffra dans la salle de bain. Cordélia piquait du nez. Avachie contre le rebord de la baignoire, elle semblait partie dans une autre dimension.

— Comment tu te sens ? lui demanda Scarlett, tétanisée à l’idée de devoir appeler le SAMU.

Qu’allait-elle bien pouvoir dire à Madame Oberkampf ? La faute lui incomberait. C’était sûr ! Après tout, c’est elle qui était à l’origine de cet anniversaire surprise. La rouquine attrapa un gobelet couvert de dentifrice, et le remplit d’eau.

— Bois. Ça devrait te faire du bien ?

Cordélia avala d’une traite le contenu. Son champ de vision étant toujours aussi trouble, elle ne remarqua pas à quel point le verre était sale. Même son chat n'aurait pas osé plonger sa frimousse dedans. L’estomac de Cordélia gargouilla. Et dire qu’elle se tenait face à son amie entièrement nue !

— Tes seins ne sont pas aussi petits que je le pensais, clama Scarlett, en fronçant les sourcils.

Cordélia éclata de rire.

Elle toussa et tout ce qu’elle avait absorbé depuis le début de soirée se déversa dans le saladier.

L’adolescente grimaça.

Scarlett posa sa tête sur l’épaule de son amie.

— Tu peux peut-être enfiler un t-shirt maintenant ? Tes seins ressemblent déjà à des gants de toilette !

Cordélia baissa les yeux pour mieux les examiner. C’est vrai qu’ils étaient tous ratatinés.

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