Je vieillissais, je peinais dans mon travail et je fatiguais rapidement. Ma résistance diminuait et l'âge de la retraite sonnait bientôt pour moi. Il me fallait un successeur qui me plairait avec qui je pourrai m'entendre. J'habitais dans ma demeure, pas très loin de celle de mes ancêtres et où moi-même, j'avais grandi. Je me promettais depuis toujours que personne ne s'accaparerait de l'autre, j'exercerais mon droit de préemption, étant prioritaire.

Un jour, je rencontrai un homme postulat pour me seconder. Il souhaitait être son propre patron et avoir sa ferme. Je voyais en lui, celui qui correspondrait à mes critères : la culture bio. Sympathiques avec une femme et deux enfants de bas âge, un peu rêveur, il planifiait des projets futurs. Mon propriétaire mettait à nouveau en vente les bâtiments, le prix intéressait David. Cela ne me plaisait pas, mais je ne m'avouais pas vaincu pour autant. Ma vengeance se mijotait depuis plusieurs années et j'allais l'exécuter dans les prochains mois. Mon grand-père serait comblé par un coup de maître de ma part. J'acceptai l'inévitable en apparence, mais au fond moi, cela me torturait qu'on m'arracha le bien et le berceau de ma famille. Je ruminais, la colère gravissait les sommets de jours en jours.

Trois jours avant, je démontai la cuisine intégrée dans laquelle j'avais investi, cela m'appartenait et je traficotai sur la chaudière pour déclarer qu'elle ne fonctionnait plus. Je m'arrangeai également pour provoquer une fuite de gaz. Je pensais à une ristourne par un geste amical du vendeur. Ainsi, je sauverai ma résidence pour une bouchée de pain, je saisirais l'occasion de m'opposer à David.

J'attendis le jour J avec impatience et me frottai d'avance les mains. David découvrit avec frayeur et désarroi ce qui lui restait. Il n'empruntait pas assez d'argent, des frais supplémentaires et imprévus s'ajoutaient. Il espérait une baisse du prix, mais il essuya un refus, car il gagnait trois hectares de terre gratuitement.

Le jour j arriva, le jeune couple narra de leurs mésaventures devant le notaire et les bailleurs. Il leur demanda s'ils sollicitaient un report de la signature de l'acte, mais ils n'abandonnèrent pas. La crainte de nouvelles représailles les précipita dans leurs décisions.