Pressoir
À Paris, où que vous alliez, il semble toujours qu'une foule se presse. Un troupeau mouvant qui suit vos déplacements afin de toujours vous faire sentir sa présence exsudante, une horde gesticulante qui vous enfonce ses coudes dans le dos.
Négligentes de leur masse, les chairs qui vous bousculent n'ont de conscience qu'individuelles. La foule donne l'illusion de l'impunité, de l'absolution, de la dénégation possible ; l'être est dissous dans l'anonymat.
Pour seul que vous soyez, vous serez toujours l'importun, l'insupportable. Les limites de l'indulgence et de tolérance de votre voisin sont à portée d'haleine.
Il est rare qu'un covoyageur d'ascenseur soit de nature assez amène pour accepter sans exaspération votre présence. Il n'aura de prime abord que de chiffonneux avis d'ordre météorologique et, au maximum de l'intimité de votre voyage ascensoral, une bêlante conception de la politique actuelle. À moins qu'il ne vous fasse profiter de ses dernières déambulations balnéaires, durant lesquelles il se sera immanquablement heurté à la même canaille urbaine et quotidienne.
Partout, le parisien se presse.
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