act 1 sc3 4et5
Scéne 3 (Bérénice seule, elle boit)
Bérénice
Que je le plains ! Tant de fidélité,
Mon dieu, mériterait plus de prospérité.
Je ne puis le plaindre, mais cette prompte retraite
Me laisse, je l'avoue, une douleur secrète.
Quel funeste tourment ! Ciel ! Moi ? Le retenir ?
J'en dois perdre plutôt jusqu'à son souvenir ;
Il voudrait de mes fesses se faire un calice,
Alors même que Titus délaisse ce délice.
A cet ami fidèle je dois donc renoncer,
Oublions les maux de cette ardeur insensée.
Hélas …
(Titus entre, il boit)
Scéne 4 (Titus, Bérénice)
Bérénice
Ciel, vous voici !
Titus
Madame recevez
Comme gage de mon amour, ce modeste collier,
Fruit des perles de mes larmes pour cette si longue absence
Où vous fûtes si loin des sources de ma semence.
Bérénice
Enfin, mon empereur !
(Elle se jette sur lui, il la repousse, il boit)
Titus
Pardonnez-moi cette heure
Où je ne puis confier à vos douces chaleurs
Tout le viril éclat qui fait rougir les cœurs.
Pour un instant je pars, mais n'ayez nulle peur :
De mon ami je dois éprouver la valeur.
Bérénice
Antiochus est parti.
Titus
Quoi ? Quel est ce malheur ?
Bérénice
Il ne veut être témoin de notre heureux bonheur,
Et je ne peux comprendre le pourquoi de ses pleurs.
Titus
Mais quelle raison subite, quel malheur abrite
Ce noble cœur qui s'invite à s'enfuir aussi vite,
Il faudra qu'il explique bien avant qu'il nous quitte
Ces desseins qui l'excitent, ces démons qui l'habitent
Et qui font qu'il évite de nous montrer sa peur
Car je connais sa fidélité et ce cœur
Il ne peut mettre un terme à sa franche amitié !
Je réclame sa présence et ses sages conseils
Qui n'ont nulle part ailleurs leur moindre pareil.
Adieu je cours retrouver ce si cher ami
Témoin de ma valeur et lumière de ma vie
Bérénice
Adieu...
(Titus sort, il boit)
Scène 5 (Bérénice seule, elle boit)
Bérénice
Hélas ! Il me laisse si seule … encore …
Et je tremble à nouveau de tout mon frêle corps,
Qui face aux lois romaines, frémit à grand-peur
Que la foule interdise à son nouvel empereur
Une éternelle union avec une étrangère
Qui n'est point une romaine. Et moi pauvre bergère
Ayant abandonné les troupeaux du pays,
Je me retrouverai seule, sans bannière, sans ami,
Sans maison, sans abri, pour toujours solitaire,
Trahie, bannie, abandonnée, toute seule sur cette terre.
(Elle boit. Elle sort)
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